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Le principal transporteur maritime chinois, Cosco, ne travaille plus en direct avec Israël, jusqu’à nouvel ordre. Justification de sécurité, impact économique, arrière-plan stratégique.
Pour le moment, Cosco, qui est contrôlé par l’État chinois, ne livre pas ses propres indications. C’est d’Israël que provient l’information: le plus important transporteur maritime d’Asie suspend la desserte, après qu’OOCL, filiale hongkongaise de Cosco dans les conteneurs, a arrêté, le mois dernier, ses liaisons avec les ports israéliens en invoquant des « questions opérationnelles », sans préciser lesquelles.
Ce retrait chinois ne concerne plus seulement les flux de marchandises, mais aussi les navires qui acheminent le pétrole et le gaz, les terminaux et puis les chantiers navals. Une source industrielle, citée par le journal économique israélien Calcalist, avance son hypothèse: Cosco a « peut-être » décidé qu’Israël est « trop peu important » à l’échelle de ses activités commerciales pour continuer à courir le risque d’une attaque par la rébellion yéménite des Houthis.
Alors, la compagnie chinoise préférerait contourner le continent africain, jusqu’au port grec du Pirée, sa plus grande porte d’entrée en Europe, quitte à faire traiter ensuite les chargements destinés aux clients israéliens par d’autres transporteurs, même si le secteur en Israël affirme ne pas encore avoir reçu de notification officielle.
Inquiétudes pour l’économie maritime d’Israël
Un autre média économique de Tel Aviv, Globes, souligne que la compagnie maritime israélienne ZIM, qui assure accueillir la nouvelle « avec surprise », va en pâtir. Elle coopère étroitement avec Cosco pour ses expéditions de et vers l’Asie orientale, avec la perspective de se trouver à court de navires.
Or, déjà fin novembre, l’analyste Frode Morkedal, de Clarksons Securities (Norvège), avait estimé que l’entreprise israélienne serait contrainte de puiser dans sa trésorerie à hauteur d’environ 300 millions de dollars par trimestre. Les réserves de ZIM lui permettraient de tenir encore un peu plus de deux années. Il se pourrait bien que les calculs soient maintenant à revoir.
Le site israélien Ynet ajoute que le nouveau port de Haïfa, construit et géré par une société chinoise, devrait aussi « souffrir financièrement ». Il y a encore un an, l’éventualité d’un repli de la Chine d’une telle nature était, pour l’essentiel, balayée en Israël, tant l’enthousiasme s’exprimait.
Ce sont les dimensions politiques et stratégiques qui prévalent à présent. Les Israéliens mettent en exergue qu’hier encore les navires de Cosco se déplaçaient sans encombre en mer d’Arabie, y compris dans les zones les plus menacées par les forces houthis, alliées de l’Iran, le sous-entendu étant que les Chinois s’estiment protégés.
Mercredi dernier lors d’une réunion sur le sujet du Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant adjoint chinois a pourtant réclamé que soit mis fin aux attaques de navires marchands et que « la liberté de navigation » en mer Rouge soit « sauvegardée pour tous les pays ». Manière de signifier que les Chinois subissent les perturbations, eux comme tout autre.
Une décision plus politique qu’économique?
Mais les commentateurs en Israël préfèrent retenir les différentes manifestations d’appui de la diplomatie chinoise à la Palestine dans les instances des Nations unies. Le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a eu ce propos une semaine après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023:
« Le nœud du problème est que justice n’a pas été rendue au peuple palestinien. »
La presse israélienne avance également une (supposée) volonté de Pékin de nuire à l’activité technologique du pays, avec des restrictions à l’expédition de composants. Les autorités israéliennes diffusent ainsi l’idée que la Chine leur applique des sanctions économiques sans les officialiser.
Harel Menashri, qui fut le cofondateur de l’unité cyber du renseignement intérieur, a adressé une lettre alarmée à la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement pour lui demander un débat approfondi quant aux vastes participations chinoises dans les actifs stratégiques du pays.
D’après sa thèse, le gouvernement chinois n’attend que « le bon moment pour arrêter les opérations des infrastructures critiques en Israël ».
Comme si à présent, l’intention devenait de tirer un trait sur un partenariat très ancré, dans lequel des entreprises israéliennes fournissent à la Chine des solutions de technologie militaire et de sécurité -par extension, à son système de contrôle et de répression. Alors que pour nombre d’analystes, ce qui compte surtout pour Pékin, c’est moins Israël en tant que tel que de pouvoir agir sur ce levier derrière lequel se tiennent les Etats-Unis. Le spécialiste de la Chine à l’université Bar-Ilan (Tel Aviv), Gideon Elazar, écrit de la sorte dans le quotidien Haaretz que si « la Chine se range du côté des Palestiniens dans la guerre », « le message » s’adresse d’abord à Washington.
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