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Une coopérative, Hôtel du Nord, gère un réseau de chambres d’hôtes d’habitants dans ces territoires éloignés des circuits touristiques traditionnels.
Particulier propose une chambre d’hôtes au coeur d’une bastide marseillaise avec vue sur la Méditerranée, accès à un jardin exotique et une piscine. Le tout pour… 80 euros, petit-déjeuner compris, un hébergement abordable dans une ville où les nuitées touristiques flambent. La raison? Ce logement, situé au coeur des quartiers nord de Marseille, à la réputation sulfureuse, fait partie d’une coopérative, Hôtel du Nord, qui gère un réseau de chambres d’hôtes d’habitants de ces territoires éloignés des circuits touristiques traditionnels.
Leur but: faire découvrir, à travers le regard de celles et ceux qui y vivent, le patrimoine méconnu de ces quartiers où alternent barres d’immeubles, maisons villageoises et vestiges d’une riche histoire industrielle liée au port. « Pour beaucoup, cet endroit de Marseille ce sont les règlements de comptes, les tours, le trafic de drogue… A travers notre initiative, on veut montrer une autre image, loin des clichés », explique Michèle Rauzier qui fut parmi les premières à adhérer à ce réseau créé en 2010.
Outre ses bons plans et histoires du quartier qu’elle leur distille, la retraitée accompagne parfois au restaurant ou lors d’excursions ceux qu’elle appelle ses « passagers » qui, pour certains, sont devenus « de véritables amis ». Une vingtaine d’hébergements, situés pour la plupart dans les excentrés 15e et 16e arrondissement de Marseille, et tous chez l’habitant, sont référencés sur « les Oiseaux de passage », la plateforme coopérative nationale initiée par Hôtel du Nord.
Expérience incroyable
Chambre en bastide ou en appartement, cabanon de jardin ou couchette en bateau, les nuitées varient de 80 à 15 euros, toujours avec petit-déjeuner.
« J’ai été séduit par l’idée d’être pris sous l’aile de Danielle qui fait tout pour que l’on se sente chez soi », se réjouit Victor del Campo, 22 ans, parlant « d’expérience incroyable ».
Originaire de Toulouse, il a, le temps de son stage de deux mois au port de l’Estaque, opté pour une chambre dans la maison de Danièle Ducellier, musicienne de 76 ans, pour un forfait mensuel tout compris à 450 euros.
Les hôtes du réseau ont aussi la possibilité de participer à des « balades patrimoniales » pour découvrir les richesses culturelles et naturelles des quartiers Nord marseillais. Leur organisatrice, Julie de Muer, organise par exemple des pique-niques cuisinés par des habitantes au sein de la cité de la Castellane, où a grandi Zinedine Zidane, mais gangrénée aujourd’hui par des trafics de stupéfiants.
Une convention a aussi été signée entre la coopérative et l’Hôpital Nord de Marseille, offrant un logement abordable et de la chaleur humaine à des aidants ne souhaitant pas se retrouver seuls à l’hôtel. « L’idée est de promouvoir un tourisme non pas basé uniquement sur le confort mais aussi sur du réconfort: raconter son histoire, celle de son quartier. Nous proposons une relation humaine », avance Prosper Wagner, sociologue spécialiste des questions de tourisme et droits humains et gérant d’Hôtel du Nord.
Freiner les locations de courte durée
A rebours des géants de la location courte durée de type Airbnb, Booking ou Abritel, c’est l’hôte qui est mis en avant sur leur plateforme, plutôt que son logement, et les échanges avec le visiteur se font sans intermédiaire. Avec eux, pas de clé à récupérer dans une box fermée à digicode, ni notation et encore moins de promotion de dernière minute. « Au début, Airbnb c’était aussi l’accueil chez l’habitant. Mais petit à petit, une compétition entre hôtes s’est mise en place et le service s’est déshumanisé », analyse Prosper Wagner. Tout en dénonçant la course au profit: « Aujourd’hui 85% des offres proposées sur Airbnb sont des logements complets! 60% de son chiffre d’affaire est effectué par 20% des gens, situés pour la plupart dans des sites hypertouristiques ».
Voilà pourquoi Hôtel du Nord a signé en mai une tribune nationale visant à freiner les locations de courte durée, notamment les meublés touristiques, accusées de faire flamber l’immobilier et d’entraver l’accès au logement pour les habitants. Pour Prosper Wagner, « à Marseille, en Bretagne ou au Pays Basque, les difficultés d’accès au logement explosent. Nous demandons d’encadrer davantage les locations courtes durées tout en inversant la fiscalité immobilière pour favoriser les loueurs à l’année de résidences principales ».
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