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(BFM Bourse) – Le spécialiste des produits dérivés européens Eurex a lancé lundi des options expirant le jour même sur l’indice Euro Stoxx 50. Aux Etats-Unis, ces produits financiers sont épinglés par certains analystes qui estiment qu’ils renforcent la volatilité et perturbent le marché.
Les phénomènes nouveaux en Bourse ont souvent tendance à éclore aux Etats-Unis puis à gagner l’Europe avec un certain délai de latence.
C’est encore le cas avec les options « zero day », qui sont arrivées cette semaine sur le Vieux Continent. Pour rappel, une option est un instrument financier dérivé d’un actif donné. Elle permet à un investisseur de couvrir une position ou au contraire de spéculer avec un important effet de levier. L’investisseur achète ainsi, moyennant une prime, le droit (et non pas l’obligation) d’acquérir ou de vendre un actif sous-jacent à un prix d’exercice donné. Dans le cas d’une option d’achat (« call »), il engrangera un profit si le cours de cet actif dépasse la somme du prix d’exercice convenu dans le contrat et du coût de la prime.
Une option « zero day » a pour particularité de posséder une échéance qui tombe le jour même, à la clôture du marché, avec donc une durée inférieure à 24h. « Techniquement, les options expirent le jour suivant leur dernier jour de négoce, mais comme il ne reste plus de jours pour négocier avant l’expiration, l’expression est appropriée », explique dans L’Agefi suisse Valérie Noël, directrice du Trading chez Syz Group.
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Un vif succès aux Etats-Unis
Ces options sont apparues aux Etats-Unis, avec comme sous-jacents les grands indices américains, surtout le S&P 500. Appelés « 0DTE » (pour « zero day to expire »), ces titres ont récemment connu un vif succès outre-Atlantique, au point de représenter, selon des données de la banque Nomura citées par Bloomberg, jusqu’à 55% des volumes d’options liées au S&P 500, au cours du mois d’août.
Elles viennent, donc, de gagner l’Europe. L’opérateur de marché dérivés Eurex, propriété de Deutsche Börse, a en effet lancé lundi ces options avec une échéance intra-journalière sur l’indice paneuropéen phare, à savoir l’Euro Stoxx 50.
« La demande d’options à échéance quotidienne a augmenté ces dernières années, en particulier parmi les investisseurs institutionnels. Elles permettent de cibler les expositions ou de couvrir les risques autour d’événements spécifiques tels que la publication de données économiques ou les réunions des banques centrales », a expliqué l’entreprise dans un communiqué.
« Dans le contexte de marchés de plus en plus volatils, les options journalières constituent une autre solution innovante permettant aux professionnels de gérer efficacement leur exposition dans un environnement de marché réglementé et transparent », a de son côté développé Randolf Roth, membre du directoire d’Eurex.
Cette dernière déclaration semble un peu surprenante dans la mesure où les « zero day options » sont régulièrement pointées du doigt pour avoir augmenté la volatilité des marchés américains.
« Volmageddon »
« Le vif intérêt pour ces options à expiration rapide atteint des sommets inédits alors que le marché a récemment été secoué par des vagues de variations intra-journalières intenses », souligne Valérie Noël dans sa chronique dans L’Agefi Suisse. « Cette convergence semble tout sauf une coïncidence », poursuit-elle.
Le Chicago board options exchange (Cboe), opérateur de marché américain spécialisé dans les produits dérivés, a d’ailleurs récemment lancé un nouvel indicateur VIX de volatilité (« V1XD ») pour mieux mesurer cet accroissement de la volatilité, se basant dans la construction de ce nouvel indicateur sur les options 0DTE.
L’émergence rapide de ces options a suscité « des inquiétudes quant au fait qu’elles déclenchent des rafales quotidiennes d’activité qui pourraient être à l’origine de ventes massives d’actions à la fin de la journée de négociation », note de son côté le Financial Times. Au point de susciter des craintes chez les régulateurs et les analystes, ajoute le quotidien britannique.
Les stratégistes de la banque JPMorgan avaient, eux, évoqué un risque de « Volmageddon 2.0 » (mot-valise basé sur volatilité et « Armageddon », qui fait référence à un choc de volatilité observé en février 2018) dû à l’essor de ces options, mettant ainsi en exergue une source de turbulence pour le marché. Cité par Bloomberg, Scott Rubner, de Goldman Sachs, avait de son côté estimé que ces titres avaient alimenté un repli relativement brutal du S&P 500 (-0,4% en vingt minutes), lors d’une séance, mi-août.
Un catalyseur pour les options européennes
Au-delà des questions entourant la volatilité, Bloomberg souligne que la demande pour ces options en Europe sera âprement suivie, dans un marché « moribond ». D’après des données d’UBS citées par l’agence le notionnel (le montant sous-jacent engagé par une ou plusieurs options) sur les options sur l’Euro Stoxx 50 représentait, au total en juillet, 45 milliards de dollars par jour contre près de 1300 milliards de dollars pour le S&P 500.
Lotte de Vos, de la société d’investissement Optiver, confie ainsi au Financial Times espérer que ces versions européennes des « 0DTE » « pourraient donner un coup de fouet bien nécessaire » au marché européen des options, en augmentant les volumes.
Bloomberg estime toutefois ces produits font face à « une bataille difficile pour avoir un impact » en Europe, au regard notamment de la sous-performance des indices, de la baisse du nombre d’actions cotés et des volumes d’actions échangées en stagnation.
De plus, si les traders particuliers se sont rués sur les « zero day options » aux Etats-Unis, expliquant au moins en partie leur essor, cela ne sera certainement pas le cas en Europe où les investisseurs individuels sont beaucoup moins présents (et la réglementation pour accéder à ces produits beaucoup plus stricte).
« Il n’y a pas le même type de demande non assouvie » pour ce type de produits, a déclaré à Bloomberg Kieran Diamond, stratège en produits dérivés basé à Londres chez UBS Group AG. Le même spécialiste des marchés explique au Financial Times, que les options avec une échéance sur un mois sur l’Euro Stoxx sont par ailleurs beaucoup plus populaires que celles sur une semaine. On peut donc en déduire que l’appétit pour des titres quotidiens risque d’être limité.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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