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(BFM Bourse) – Selon des données de S&P publiées par le Financial Times, les rachats d’actions des entreprises du S&P 500 se sont inscrits à 175 milliards de dollars au deuxième trimestre, soit leur plus faible niveau depuis le dernier trimestre de 2020. La remontée des taux d’intérêt plus que la hausse de la fiscalité explique ce repli abrupt.
La fin de l' »argent gratuit » avec des taux d’intérêts au plus haut depuis 2007 (pour le rendement de l’obligation américaine à 10 ans) a aussi des conséquences sur le retour aux actionnaires. Et plus exactement sur les rachats d’actions des entreprises.
Pour rappel, le rachat d’actions constitue une forme alternative au dividende de rémunération de l’actionnaire. La société acquiert ses propres titres sur le marché et, si elle les annule, augmente, tout chose égale par ailleurs, la part de son bénéfice qui revient à ses actionnaire. Puisque cela revient à prendre le même gâteau que l’on partage en un nombre plus petit de parts. Par ailleurs, si la capitalisation boursière de l’entreprise reste la même et qu’il y a moins d’actions en circulation, cela doit faire mécaniquement remonter le prix unitaire de chaque action (en fonction des conditions de marché).
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Apple, a ainsi racheté l’an passé, selon Janus Henderson, le montant impressionnant de 89 milliards de dollars de ses propres titres.
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Un coup de frein brutal
La flexibilité de cet outil, qui peut être aisément interrompu et ne s’accompagne pas d’un engagement implicite de récurrence contrairement au dividende, l’a amené à être privilégié par certains grands groupes ne versant pas de coupons à leurs actionnaires, comme Alphabet, Meta ou Berkshire Hataway, la société de Warren Buffett.
En théorie financière, comme pour le dividende, ces rachats d’actions n’enrichissent pas l’actionnaire, car la société utilise du cash qu’elle possédait déjà et qu’elle aurait pu consacrer à d’autres opérations créatrices de valeur comme des investissements ou des acquisitions. Néanmoins, comme le notait une étude de McKinsey de 2005, les rachats d’actions sont souvent bien reçus par le marché car ils envoient un signal de confiance de la part des entreprises, notamment parce que la direction de l’entreprise peut juger que le cours de la société est déprécié et/ou qu’elle a suffisamment de cash pour assurer son fonctionnement et ses opérations.
Mais voilà ces rachats d’actions qui ont énormément gagné en popularité aux Etats-Unis ces dernières années (et plus récemment en Europe), ont connu un coup de frein sévère.
Alors qu’au premier trimestre, les entreprises membres du S&P 500 avaient encore racheté 215,5 milliards de dollars, en hausse de 2,1% par rapport au trimestre précédent selon le groupe S&P Global, ces rachats ont décroché.
D’après des données préliminaires de S&P publiées par le Financial Times la semaine dernière, les rachats d’actions des membres du S&P 500 sont tombés à 175 milliards de dollars au deuxième trimestre 2023, en baisse de 20% sur un an et de 19% par rapport au précédent trimestre. Selon l’infographie mise en ligne par le quotidien britannique des affaires, il s’agit du montant le plus faible depuis les trois derniers mois de 2020, année où les entreprises conservaient des liquidités face à l’incertitude causée par la crise sanitaire.
Hausse de la fiscalité
Ce dégonflement est à mettre en relation avec la remontée des taux d’intérêt. Leur hausse rend l’accès au cash plus compliqué et incite les sociétés à conserver leurs liquidités ou même à les placer, plutôt qu’à les redonner à leur porteur. Rappelons que les taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed) évoluent actuellement à leurs plus hauts depuis le début des années 2000.
« Lorsque les taux étaient nuls, il était logique pour les entreprises d’émettre des emprunts à long terme et à faible taux et de les utiliser pour racheter des actions. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas », explique Jill Carey Hall, stratégiste actions chez Bank of America au Financial Times. Selon elle, les entreprises sont par ailleurs confrontées à des pressions accrues pour investir dans des domaines telles que la relocalisation de leur chaîne logistique, l’automatisation, l’intelligence artificielle ou encore la décarbonation.
Ben Lofthouse, de Janus Henderson dressait un constat similaire, dès le mois de mai. « Le coût global du capital est actuellement beaucoup plus élevé qu’au cours de ces dernières années. Reste à savoir quelle sera l’incidence de cette situation sur les rachats d’actions dans les mois et les années à venir », prévenait-il.
« Lorsque les entreprises pouvaient obtenir des financements à un coût quasiment nul, elles étaient fortement incitées à émettre des titres de créance et à racheter des actions, car cela représentait une immense valeur ajoutée. Pour les entreprises qui génèrent d’énormes quantités de liquidités, comme Apple ou Alphabet, ce facteur n’est pas déterminant. Pour d’autres, en particulier aux États-Unis, qui ont eu recours à l’emprunt pour financer les rachats, les calculs seront désormais établis avec beaucoup plus de finesse », développait l’expert.
A noter qu’une taxe sur les rachats d’actions aux Etats-Unis de 1% est entrée en vigueur au 1er janvier dernier ce qui a drainé au deuxième trimestre 1,6 milliard de dollars de recettes fiscales supplémentaires sur les sociétés du S&P 500 selon des données de S&P citées cette fois par le Wall Street Journal. Mais selon, Howard Silverblatt, un analyste de S&P cité par le Financial Times, cette taxe n’a pas eu réellement d’impact sur les rachats d’actions.
En France, l’exécutif avait évoqué en mars une potentielle contribution exceptionnelle pour les entreprises réalisant des rachats d’actions, via notamment un versement accru de participation, d’intéressement ou de primes défiscalisées. Le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a relancé cette semaine cette idée, se disant prêt à travailler avec l’ensemble des forces politiques afin d’intégrer des amendements sur ce sujet dans le cadre du projet de loi de Finances pour 2024.
Rappelons que les rachats d’actions en 2022 avaient atteint un montant record de 1310 milliards de dollars dans le monde, selon Janus Henderson, en hausse de 22%. Sur ce montant, près de 1000 milliards (932,4 milliards) avaient été réalisés aux Etats-Unis, soit une progression sur un an de 23%. En France le montant s’élevait à 28,87 milliards en recul de 19%.
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