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(BFM Bourse) – Les émissions de ce type d’instruments de dette ont été multipliées par près de deux sur les six premiers mois de l’année, selon une note de la banque Lazard.
C’est un type d’instruments de dette qui est jeune et même très jeune: les obligations durables, dont bon nombre sont des « green bonds » (des obligations vertes). Il s’agit de titres de dette dont le produit d’émission est censé servir à financer ou refinancer des projets considérés comme bénéfique d’un point de vue environnemental (construction d’infrastructures faibles en émission de Co2, énergies renouvelables, par exemple) ou social (sécurité alimentaire, accès au logement abordable), comme le détaille le gérant d’actifs Pimco.
Pour donner une idée, la première émission de « green bond » d’un pays date de 2016, avec la Pologne. La France a suivi en janvier 2017, avec sa première OAT (Obligation assimilable du trésor) verte qui avait alors une maturité de 22 ans pour un montant levé de 7 milliards d’euros.
Ces émissions d’obligations souveraines durables ont connu une importance croissante. Mais cela n’a pas empêché l’année 2022 de marquer un important coup de frein. Après un record atteint en 2021, les émissions se sont contractées de 18%, constatait l’OCDE dans un rapport de mai dernier, le club des pays riches notant un « ralentissement de l’activité des grands émetteurs ».
S&P Global retenait pour sa part en janvier une baisse de 25,2% des greens bonds au niveau mondial l’an passé avec une chute de 38,1% pour les seuls green bonds souverains. L’agence de notation s’attendait toutefois à un rebond cette année, en raison d’un environnement de taux moins incertain et d’un rattrapage d’émissions reportées en 2022.
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Un cadre pour l’Union européenne
Cette reprise s’est bien traduite avec vigueur dans la zone euro. Selon la banque Lazard qui s’est appuyée sur des données de Bloomberg, au cours du premier semestre, les émissions d’obligations souveraines durables (pour 95% des green bonds) libellées en euro ont atteint 46 milliards d’euros contre 26 milliards sur la même période de 2022 et 51 milliards sur l’ensemble de 2022.
« Ce segment de marché connaît donc une forte croissance, bien qu’il ne représente que 15% de l’ensemble des émissions obligataires durables libellées en euro », souligne la banque.
L’Allemagne est arrivée en tête de ces émissions avec 13,7 milliards d’obligations souveraines durables, contre 12,4 milliards d’euros pour l’Italie et 5,9 milliards pour la France.
« De nombreux Etats ont opté pour ces instruments pour répondre à leurs besoins de financement en matière de développement durable (…) Le marché a également été porté par les récentes évolutions réglementaires en faveur de la finance durable qui ont stimulé la demande pour ces instruments », observe Lazard.
A ce titre, en début d’année, l’ensemble des instances européennes se sont mises d’accord pour mettre en œuvre une régulation des « green bonds », appelée « EUGBS » (pour « European green bond standard), un cadre qui s’appliquera aux états souverains mais aussi aux entreprises.
Les émetteurs devront notamment s’assurer que 85% des fonds levés servent à financer des activités alignées avec la taxonomie européenne, la nomenclature de Bruxelles pour définir les activités bénéfiques d’un point de vue environnemental et/ou social.
« Cela permettra aux investisseurs d’évaluer, de comparer et de croire plus facilement que leurs investissements sont durables, réduisant ainsi les risques posés par le greenwashing », a fait valoir la Commission européenne.
Les green bonds, un outil de communication?
Ce standard européen, obligera les émetteurs voulant s’y soumettre à « expliquer comment leur stratégie s’aligne sur les objectifs environnementaux de l’Union européenne et [à] fournir des détails sur les aspects les plus importants de l’utilisation des fonds, des processus qu’ils utilisent et de leurs rapports sur les obligations vertes », a expliqué dans une note en ligne, Riika Sievänen, spécialiste de l’investissement durable et des services de soutenabilité chez KPMG.
L’émetteur devra donc démontrer comment l’ensemble de ses activités sont en phase avec les objectifs européens environnementaux. « Si vous envisagez d’émettre une obligation verte en utilisant la norme européenne, assurez-vous d’abord d’intégrer les objectifs environnementaux et sociaux pertinents dans votre stratégie », a prévenu Riika Sievänen.
« On s’attend à ce que ce cadre » de l’Union européenne « accroisse l’intérêt des investisseurs pour cette catégorie d’actifs, ce qui permettra d’élargir le marché des obligations vertes », a-t-elle ajouté.
« Pour les investisseurs et les financiers, il s’agit d’une excellente nouvelle, car les obligations vertes alignées sur la taxonomie les aideront certainement à atteindre leurs objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et contribueront à l’élaboration de leurs rapports ESG », a également fait valoir la spécialiste.
Ce cadre devrait donc permettre de mieux faire le tri dans ces obligations vertes, ce qui s’avérait nécessaire. « Dans les green bonds c’est un peu comme à la Samaritaine, on trouve de tout. Car il n’y avait pas de normes jusque-là mais des standards de marché, de place, qui donnaient un petit cadre mais un cadre uniquement volontaire avec des recommandations sans aucune obligation », expliquait début mars, Mickaël Mangot, directeur scientifique chez 2° Investing Initiative, sur BFM Patrimoine. Avec des émetteurs parfois non alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris. « Donc il fallait remettre de l’ordre dans la maison », indiquait-il.
Mickaël Mangot notait par ailleurs que si les experts s’accordent à dire que les green bonds ne sont souvent pas des outils de « greenwashing » et servent effectivement à financer des projets durables, les émetteurs n’auraient eu aucun mal à lever des fonds dans des conditions identiques avec des obligations classiques.
« Il n’y a aujourd’hui aucun intérêt financier pour une entreprise à émettre des green bonds car les conditions auxquelles elles sont émises sont exactement les mêmes (que celles des obligations classiques, NDLR) alors que cela leur coûte car le suivi des projets verts au sein des green bonds nécessite un audit coûteux. Et qu’est-ce qu’il y a en face? Vraisemblablement que de la com’ avec « la possibilité de mettre à un moment un coup de projecteur sur vos projets verts , concluait-il.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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