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(BFM Bourse) – Selon un décompte mené par l’agence de presse Bloomberg, au moins 21 anciens Spac ayant acquis une société ont fait faillite cette année. Ce qui, par rapport au pic boursier de chacune de ces sociétés, revient à effacer un total de plus de 46 milliards de dollars de capitalisation.
Après l’ivresse, place à une (sévère) gueule de bois pour les Spac (« special purpose acquisition company »), ces sociétés de « chèque en blanc ».
Rappelons que ces véhicules d’investissements sont constitués sans aucune activité et sont introduits en Bourse pour lever des fonds dans le but d’acquérir ensuite une ou plusieurs entreprises. Ces opérations permettent aux sociétés ainsi rachetées de rejoindre la cote en bénéficiant d’une régulation allégée.
Dans une période de taux bas voire négatif, les Spac ont connu une véritable effervescence, surtout en 2021. Selon la société de conseil Kroll, pas moins de 613 Spac avaient été lancés en 2021, pour des levées de fonds totales de 163 milliards de dollars.
Las, la mode des Spac est désormais passée voire enterrée. En 2022, le nombre de Spac créées est tombé à 86 pour des levées de fonds de 13 milliards de dollars, selon Kroll. Quant à 2023, sur le seul premier semestre, les créations de Spac ont chuté de 76% pour s’élever à seulement 17, avec 2 milliards de dollars de fonds levés.
Surtout, plusieurs sociétés qui ont fusionné avec des Spac ont mis la clef sous la porte cette année. Selon un décompte publié mercredi par l’agence Bloomberg, au moins 21 ex-Spac qui ont donc racheté une ou plusieurs sociétés ont fait faillite en 2023. « Mesurées à partir de leurs capitalisations boursières maximales, ces faillites représentent une perte de plus de 46 milliards de dollars en valeur totale des capitaux propres », explique l’agence.
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La déchéance de Wework et des véhicules électriques
Le cas le plus connu reste la société spécialisée dans les espaces de travail partagés Wework. Introduit en Bourse en 2021 via une fusion avec le Spac BowX, une opération déjà au rabais à l’époque par rapport à ses ambitions initiales, le groupe américain est allé de Charybde en Scylla, étranglé par sa dette et les loyers élevés de ses locaux ainsi que par le recours généralisé au télétravail. L’entreprise, dont le pic boursier s’est situé autour de 9,4 milliards de dollars, s’est placée sous la protection de la loi américaine des faillites en novembre.
Au-delà de Wework, les faillites des ex-Spac cette année mettent en valeur une autre tendance: la fin de la hype boursière autour des véhicules électriques. Fusionné avec la Spac DiamondPeak Holdings en 2020, le constructeur américain de pick-up électriques Lordstown Motors a, lui, fait faillite cet été, abandonné par le groupe chinois Foxconn qui a stoppé ses investissements dans le groupe. Lordstown avait à peine livré 18 véhicules à ses clients et produit 56 véhicules depuis sa création. Au passage, l’entreprise avait fait l’objet d’une enquête de la SEC, le gendarme boursier américain, après avoir été accusée par Hindenburg Research, un vendeur à découvert très sérieux, d’avoir menti sur ses commandes… N’est pas Tesla qui veut.
Le spécialiste des composants pour les gros véhicules électriques (comme des bus) Proterra avait lui fusionné avec la Spac ArcLight Clean Transition en 2021 avait de faire faillite en août dernier, invoquant la conjoncture. Le suédois Volvo a toutefois racheté cette société en novembre 2023 pour 210 millions de dollars.
Des hausses de taux d’intérêt
Concernant les faillites en cascade des ex-Spac qui ont acquis des cibles, Bloomberg note que les entreprises rachetées ont eu tendance à livrer des projections bien plus optimistes qu’elles ne l’auraient été dans un processus classique d’introduction en Bourse.
Citée par Bloomberg, Usha Rodrigues, professeure de droit à l’université de Géorgie, estime que l’enthousiasme suscité par les « meme stocks » et la promesse de valorisations élevées ont encouragé les entreprises non cotées à réaliser des fusions avec des Spac à un rythme rapide. Il en a résulté une surabondance de Spac qu’Usha Rodrigues décrit comme « une bombe à retardement » de faillites d’entreprises qui s’est matérialisée en 2023.
Le dégonflement de la bulle en termes de créations de Spac peut, lui, s’expliquer par un ensemble d’éléments, notamment un tour de vis en matière de régulation survenu en 2022. La SEC avait alors imposé davantage de régulation à ses sociétés connues (et peut-être appréciées) pour leur manque de transparence. « Peu après, les géants de Wall Street ont commencé à prendre leurs distances avec les opérations impliquant (ces) sociétés à chèque en blanc et le réservoir des Spac s’est asséché », note Bloomberg.
La hausse des taux d’intérêt, rendant les financements d’opérations plus onéreux et donc moins aisés tout en fragilisant les bilans d’entreprises, a par ailleurs pu jouer sur la fin de cet enthousiasme.
Rappelons que si une Spac ne trouve pas de cibles à racheter à un prix intéressant dans un horizon de quelques dizaines de mois (24 mois par exemple), l’argent levé est rendu aux investisseurs. Dans un environnement de taux bas voire négatifs, cela ne pose pas d’énorme problème en termes de risques. Mais l’envolée des taux d’intérêt a complètement changé la donne. « Aujourd’hui, afin d’attirer les investisseurs, les promoteurs (de Spac, NDLR) offrent des garanties supplémentaires selon lesquelles, en cas d’échec de l’opération, ils restitueront jusqu’à 2% de plus que la somme initiale », soulignait l’an passé EY.
D’ailleurs deux SPAC européennes connues ont dû cesser cette année leurs opérations faute d’acquisition. Pegasus Europe, la plus importante Spac du Vieux Continent, a été liquidée au printemps, rendant son cash aux investisseurs après avoir échoué à trouver une cible intéressante pendant deux ans. La Spac du groupe hôtelier Accor, Accor Acquisition Company, a connu le même sort en mai, tirant le rideau deux ans après avoir levé 300 millions d’euros sans toutefois trouver de cibles correspondant à ses critères.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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