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(BFM Bourse) – Le Nouvel An lunaire a lieu ce samedi, alors que les actions chinoises souffrent énormément depuis de longs mois. La mauvaise tendance risque de se prolonger même si certains intermédiaires financiers se veulent optimistes.
La croyance populaire veut que l’année du dragon, qui débute ce samedi en Chine, soit de bon augure. Le dragon « est reconnu comme l’un des signes les plus propices à la chance, à la force et à la santé », souligne le gérant d’actifs Franklin Templeton. « Les personnes nées sous ce signe sont considérées comme fortes, généreuses et pleines de vitalité », poursuit la société.
Dire que les actions chinoises manquent, justement, de vitalité et de force relève de l’euphémisme. En 2023, le CSI 300, qui rassemble les 300 plus grandes capitalisations des bourses de Shenzhen et de Shanghai, a perdu plus de 11%, accusant une troisième année de baisse consécutive. Le début de 2024 n’est guère plus enthousiasmant, l’indice perdant actuellement près de 2% (*) depuis le 1er janvier. Au marasme des actions de Chine continentale s’ajoute celui de la place de Hong Kong, le Hang Seng abandonnant 6,9% depuis le début de l’année et près de 27% sur un an.
Les facteurs expliquant l’agonie des marchés boursiers s’avèrent multiples. La croissance freine nettement dans le pays. L’an passé, Pékin est parvenu à respecter son objectif de 5%, avec une hausse de 5,2% du PIB selon les données officielles. Ce qui demeure toutefois la progression la plus faible depuis 1990 (3,9%) hors période Covid-19. « La Chine est incontestablement confrontée à un défi en matière de croissance », juge Allianz Global Investors.
L’immobilier et la démographie en berne
« La Chine a atteint son objectif de croissance à 5%, mais les deux principaux problèmes structurels du pays, l’immobilier et la démographie (le pays a vu son nombre d’habitants baisser en 2022 et en 2023, NDLR), pèsent sur la croissance de long terme et l’absence d’une annonce de soutien public massif comme par le passé est un silence assourdissant pour les marchés », explique de son côté OFI Asset Management.
« Le gouvernement chinois a cherché le juste équilibre entre une relance budgétaire pour éviter les défauts immobiliers et en même temps le maintien des freins à la spéculation dans le secteur », ajoute la société de gestion.
Les grands promoteurs immobiliers du pays, Country Garden et surtout Evergrande, continuent d’inquiéter les investisseurs. Un tribunal de Hong Kong a d’ailleurs ordonné le mois dernier la liquidation d’Evergrande. Sans que l’on comprenne vraiment ce que cette décision signifie pour cette société au passif de plus de 300 milliards de dollars, la justice hongkongaise ayant des pouvoirs limités vis-à-vis des sociétés de Chine continentale, explique Bloomberg.
Plus largement, l’immobilier, qui constitue une source importante de richesse des ménages chinois, est à la peine. En décembre, les prix des maisons neuves ont encore chuté et même accéléré leur baisse, ce pour le sixième mois consécutif. Or l’immobilier a représenté jusqu’à 29% du produit intérieur brut de la Chine à son pic. « Il est clair que de nouveaux moteurs de croissance doivent remplacer ce secteur afin de parvenir à une reprise significative et de soutenir la croissance à long terme en Chine », juge Franklin Templeton.
Les investisseurs étrangers ont fui
Par ailleurs, les marchés chinois ne seraient pas les marchés chinois sans les risques politiques et géopolitiques. Les tensions avec les Etats-Unis, avec notamment pour enjeu la souveraineté technologique, persistent. Surtout, Pékin fait preuve d’un interventionnisme politique déconcertant, malmenant régulièrement des secteurs entiers en Bourse. Cela a été le cas avec les grands groupes de tech, ceux spécialisés dans l’assistance scolaire, ou, plus récemment, les entreprises de jeux vidéo.
Les investisseurs étrangers ont en conséquence fui les actions chinoises sur la deuxième partie de 2023. Selon le Financial Times, entre août et fin décembre dernier, près de 90% des 33 milliards de dollars d’investissements étrangers nets précédemment collectés dans ces actions ont fondu.
Au vu de leur plongeon les actions chinoises peuvent-elles rebondir en cette année du dragon? « Historiquement, cette année est propice aux marchés boursiers. Sur les quatre ‘années du dragon’ de l’histoire récente (1976, 1988, 2000 et 2012), l’indice Hang Seng de Hong Kong a progressé au cours de trois d’entre elles, avec un rendement moyen de 17% », avance le courtier Etoro.
Pour le moment, la prudence reste de mise. La dernière enquête mondiale réalisée par Bank of America auprès de gérants de fonds a montré que la défiance était toujours importante. Selon cette enquête, jouer la baisse des actions chinoises était le deuxième pari le plus consensuel chez les gérants, derrière l’achat des actions des « sept magnifiques » de Wall Street (Nvidia, Amazon, Meta, Apple, Tesla, Microsoft, Alphabet).
BNP Paribas Asset Management reste frileux. « Notre équipe ‘Multi Asset’ n’a pas vraiment envie de tirer parti du récent mouvement de baisse des actions chinoises », a expliqué la filiale de BNP Paribas au début du mois.
Les actions chinoises s’avèrent aujourd’hui bon marché. OFI AM note que l’indice MSCI China se paie actuellement moins de dix fois les bénéfices attendus sur douze mois, contre une moyenne de long terme autour de 15. « Le risque de baisse supplémentaire nous paraît désormais assez limité, mais il faudrait un catalyseur pour que cette décote se résorbe », ajoute OFI AM.
Selon l’intermédiaire financier, ce déclic pourrait provenir du gouvernement via un plan de soutien massif.
Bloomberg a d’ailleurs rapporté que le président chinois Xi Jinping avait rencontré cette semaine les régulateurs pour discuter de la déroute des bourses locales. Pour l’heure, cette rencontre n’a abouti… qu’au remplacement du président du gendarme boursier, la CSRC (China Securities Regulator Commission).
L’action du gouvernement en question
Optimiste sur les actions chinoises, la société d’investissement Robeco avait écrit début janvier que la Chine avait « besoin d’une puissance de feu budgétaire pour une reprise de ses marchés actions ». « La clé réside dans un effort budgétaire majeur pour compenser l’effet de richesse négatif du marché immobilier », poursuivaient Robeco.
Reste à savoir si les hypothétiques mesures que prendront les autorités chinoises auront un véritable impact. Ou s’il s’agira d’un simple sparadrap.
« En dépit des mesures récentes prises par les autorités chinoises pour soutenir la croissance et les marchés – notamment une nouvelle réduction des réserves obligatoires des banques – nous maintenons notre opinion stratégique prudente à l’égard des actifs financiers chinois », a souligné la semaine dernière Homin Lee, stratège chez Lombard Odier.
« Malgré les tentatives répétées de Pékin pour stimuler les marchés locaux, le pessimisme des investisseurs reste omniprésent », ajoute l’expert. Et de prévenir: « nous estimons qu’il est peu probable que cela change dans un avenir proche, même si des ‘sauvetages’ intermittents des marchés produisent des rebonds à court terme. (…) Un redressement durable nécessiterait un programme de reflation (une politique qui consiste à stimuler les prix, NDLR) crédible et des réformes structurelles, ce que les décideurs politiques ne semblent pas en mesure de faire ».
(*) Les cours ont été arrêtés jeudi soir après la clôture des marchés
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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