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(BFM Bourse) – Alors que les épargnants avaient accumulé d’importants bas-de-laine durant la pandémie, les bénéfices attendus de la libération de cette manne sont désormais dans le rétroviseur ou proche de l’être. Ce qui risque de fragiliser « l’atterrissage en douceur » des économies avancées qu’espère tant le marché.
C’est un trésor de guerre qui a pendant temps nourri les espoirs des investisseurs quant à la conjoncture économique: l’épargne excédentaire due à la pandémie.
Durant la crise sanitaire les ménages ont bénéficié de soutiens publics leur permettant de limiter partiellement ou totalement leurs pertes de rémunération tandis que les restrictions sanitaires et l’incertitude économique les ont amenées à réduire leurs dépenses. Résultat: leurs taux d’épargne se sont envolés.
Dans la zone euro, 1000 milliards d’euros d’épargne avaient été accumulés durant la pandémie, selon les données d’Oxford Economics de mai, soit 8% du produit intérieur brut. Autre chiffre parlant: le taux d’épargne de la zone est passé de 12,6% sur la période 2015-2019, à un pic de 25,4% au deuxième trimestre 2021, d’après les chiffres du gérant d’actifs DWS. Aux Etats-Unis, les économistes de la Réserve fédérale de San Francisco ont estimé que l’épargne « en excès » liée à la pandémie a représenté jusqu’à 2.100 milliards de dollars (en août 2021).
Interrogations sur la consommation
Cet excès d’épargne a conduit les observateurs à espérer que cette manne serve de réserve de consommation et permette ainsi d’éviter toute récession. Ce qui s’est, il est vrai, plus ou moins produit.
« La résistance de la consommation au cours de l’année écoulée s’explique en partie par le fait que les ménages ont été disposés à épargner une part moins importante de leurs revenus qu’avant la pandémie, ce qui conforte l’idée que les consommateurs ont puisé dans un stock d’épargne ‘excédentaire’ accumulé en 2020 et 2021 »,a observé en juillet Capital Economics.
Cela n’empêche pas la vigueur des dépenses de ménages, qui s’est affaissée avec la remontée de l’inflation, de représenter actuellement une importante interrogation pour le marché.
A titre d’exemple, le luxe a bénéficié d’une importante accélération de la demande post-pandémie, mais le secteur a maintenant amorcé une phase de normalisation. Les dernières publications de LVMH en témoignent, avec un décrochage de la croissance qui a commencé par les Etats-Unis, où le chiffre d’affaires du numéro un du luxe a reculé au deuxième trimestre, avant de se propager à l’Europe, où la croissance en données comparables a été divisée par plus deux au troisième trimestre par rapport au précédent (7% contre 19%) .
Aux Etats-Unis, dans un secteur certes très différent, le groupe de distribution Target a vu ses ventes en données comparables chuter de plus de 5% au deuxième trimestre.
C’est que tout ou partie de l’épargne accumulée durant le Covid a été épuisée. Les chiffres diffèrent quelque peu aux Etats-Unis mais le gros du message reste là.
Une étude publiée par la Réserve fédérale (Fed) de San Francisco estime qu’à fin juin dernier, les ménages américains avaient déjà puisé environ 1800 milliards des quelque 2100 milliards de dollars épargnés en « excès » durant la pandémie et l’institution a estimé que le reliquat serait épuisé à fin septembre. De son côté la Fed (tout court) avait publié en juin un papier montrant que, selon elle, l’excès d’épargne accumulé aux Etats-Unis avait déjà été écoulé au premier trimestre, et le serait d’ici à la fin de l’année 2023 dans les autres économies avancées (France, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Canada, Australie, Allemagne).
La différence d’évaluation entre les deux Fed aux Etats-Unis s’explique, souligne Capital Economics, par une divergence sur la définition « d’épargne excessive », avec des tendances d’épargne en temps normaux moins élevée dans l’estimation de la Fed de San Francisco.
Une manne épuisée ou presque
Mais peu importe au final ces écarts, « le coup de pouce de l’épargne ‘excédentaire’ est désormais épuisé », assène Capital Economics. « Des éléments récents suggèrent également que de nombreux ménages ont épuisé leur épargne » aux Etats-Unis, observe le think tank.
Dans un récent article, le Financial Times soulignait que les ménages américains compressaient leurs dépenses de carte de crédit, alors que les taux d’intérêt peuvent atteindre actuellement plus de 22% sur les dépenses effectuées via ces cartes. Citée par Fortune , Jane Fraser, la patronne de Citigroup, a récemment perçu « des fissures » dans la santé des ménages américains. « Je pense que certains des excédents d’épargne des années Covid sont en passe d’être épuisés », observait-elle d’ailleurs.
La donne n’est pas si différente en Europe. « L’épargne extraordinaire de la période Covid est aujourd’hui épuisée, sauf chez les riches, qui ne sont pas prompts à dépenser. L’économie ne bénéficie donc pas d’un coup de pouce de l’épargne cette année », résumait en septembre DWS, jugeant que la manne du Covid est désormais dans le rétroviseur.
Dès mai Oxford Economics dressait ce constat. L’excès d’épargne restant lié au Covid est désormais « concentré chez les ménages avec les revenus les plus élevés et en grande partie dans des actifs illiquides (et donc pas rapidement mobilisables, NDLR) pour compenser l’inflation », notait le cabinet d’analyse économique.
La conclusion est que les investisseurs ne peuvent pas compter sur « l’épargne covid » pour amortir un potentiel choc de marché. « La diminution de (cette) épargne excédentaire pourrait anéantir les espoirs d’atterrissage (de l’économie, NDLR) en douceur du marché », jugeait ainsi en juillet Reuters dans une analyse.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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