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(BFM Bourse) – L’opérateur des Bourses de Tokyo et Osaka entend publier l’année prochaine une liste des sociétés cotées japonaises qui ont pris les initiatives nécessaires pour améliorer leurs performances sur les marchés actions ainsi que leurs pratiques en matière de gouvernance. Une façon de leur mettre la pression pour renforcer l’attractivité des places nipponnes.
Le Japon est clairement en train de surperformer les autres pays développés en Bourse cette année. Le Nikkei 225, un des indices phares de la place de Tokyo, s’adjuge ainsi près de 23% depuis le 1er janvier, soit bien mieux que le S&P 500 (+13,7%) ou le CAC 40 (+7,9%). Seul le Nasdaq, porté par le rebond des valeurs tech, surpasse la Bourse de Tokyo avec un gain de 29%.
Certes la faiblesse du yen, qui plonge de plus de 12% face au dollar depuis janvier, constitue un facteur d’explication. D’autres éléments entrent néanmoins en ligne de compte, comme nous l’avions détaillé dans un précédent article. La bonne tenue de l’économie nippone a aussi pu contribuer à ramener dans le radar des investisseurs étrangers un pays qu’ils ont longtemps ignoré.
Mais l’une de ces raisons provient également des efforts entrepris par les autorités nipponnes pour pousser les sociétés japonaises à améliorer leur retour aux investisseurs et leur gouvernance.
L’institut de recherche Man note ainsi que le Tokyo Stock Exchange avait indiqué fin février qu’il demanderait aux sociétés qui s’échangent en Bourse à un niveau inférieur à leur valeur comptable (un ratio price-to-book inférieur à 1) de livrer un plan pour améliorer leurs performances. Des efforts qui semblent avoir porté leurs fruits. Dans son enquête mensuelle interrogeant les gérants de fonds, Bank of America a souligné que la différence entre les gérants surpondérant les actions japonaises et ceux les sous-pondérant a atteint 16% en octobre, un plus haut de cinq années.
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Une liste de bons élèves actualisées chaque mois
Le Japon compte maintenant passer à la vitesse supérieure pour forcer les sociétés cotées à renforcer leurs bonnes pratiques de gouvernance et leurs performances en Bourse. Comme l’ont rapporté Bloomberg, le Financial Times et Les Echos, le Japan Stock Exchange (qui opère les bourses de Tokyo et d’Osaka) entend publier dès l’année prochaine une liste des « bons élèves » en la matière, soit les groupes qui ont adopté des plans pour améliorer leur valorisation sur le marché.
« Nous renouvellerons la liste chaque mois mais la première liste sera publiée en janvier… C’est le plan », a déclaré au Financial Times, Hiromi Yamaji.
Ce qui fait dire au quotidien britannique que l’opérateur boursier va introduire « un régime radical de name and shame ». Le « name and shame » consiste à désigner les bons et les mauvaises élèves en espérant que le risque réputationnel pousse les sociétés pointées du doigt à changer leurs pratiques dans un domaine précis. Le gouvernement français y a par exemple recours sur les délais de paiement.
Le cas du Japon diffère néanmoins au sens où seul une espèce de tableau d’honneur serait publié, et les mauvais élèves ne seraient pas explicitement nommés. Mais la Bourse japonaise estime toutefois que cela mettrait suffisamment de tensions sur les sociétés n’ayant pas de bonnes pratiques.
« Au Japon, la pression des pairs ou le nudge (une théorie des sciences comportementales qui explique que des suggestions indirectes peuvent entraîner des changements de comportements, NDLR) est une méthode très importante pour inciter les gens à aller de l’avant », explique ainsi Hiromi Yamaji au Financial Times.
Des effets pervers?
« Cela pourrait entraîner des coûts supplémentaires pour les entreprises, mais cela permettra aux entreprises d’être mieux évaluées par le marché en divulguant les informations nécessaires », juge Chizuru Morishita, chercheur à l’institut de recherche NLI, cité par Bloomberg.
Malgré la hausse de la Bourse de Tokyo, les compagnies japonaises restent faiblement valorisées en Bourse dans leur ensemble. En moyenne sur le Topix, un autre indice de référence de la place tokyoïte, les entreprises s’échangent 1,3 fois leur valeur comptable contre 4,1 pour celles du S&P 500, selon les données de Bloomberg du 11 octobre.
Par ailleurs, si les investisseurs étrangers s’intéressent de nouveau au Japon, la liste établie par le Japan Stock Exchange pourrait leur permettre de séparer l’ivraie du bon grain. Un article de Bloomberg repris par le Japan Times cite Zuhair Khan, gérant de fonds chez Union Bancaire privée. Selon ce dernier, même des sociétés nippones avec une mauvaise gouvernance ont bénéficié en Bourse du regain d’intérêt pour les actions japonaises. Il estime ainsi que 25% ont pris des mesures proactives pour l’améliorer quand 30% freinent des quatre fers pour ne rien changer.
« Aujourd’hui, tout le monde part du principe que la gouvernance au Japon s’améliore, et c’est sans aucun doute le cas », a déclaré le gestionnaire de fonds. « Mais l’écart entre les entreprises japonaises de bonne et de mauvaise gouvernance ne cesse de se creuser, conclut-il.
Des effets indésirables liés à ce principe de « liste de bons élèves » peuvent néanmoins survenir. « Lorsque les entreprises n’ont pas de plan de restructuration ou d’investissement alternatif, elles pourraient être tentées de se lancer dans des rachats d’actions pour en doper la valeur », souligne Gen Goto, spécialiste des enjeux de gouvernance aux Graduate Schools for Law and Politics de l’Université de Tokyo. « La campagne n’aurait alors pas beaucoup de sens », prévient-il.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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