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(BFM Bourse) – Dans l’ensemble, les indices asiatiques souffrent depuis le début de l’année en Chine et dans les pays émergents, au contraire du Japon, de la Corée du Sud et de Taïwan. La faute à une conjoncture terne dans la deuxième économie mondiale, qui affaiblit par ricochet plusieurs autres pays.
Ce sont des marchés parfois ignorés des investisseurs alors que leur importance est déjà considérable et même vouée à augmenter: les grandes places asiatiques. Après tout, le Japon et la Chine représentent déjà les deuxièmes et quatrièmes bourses mondiales en termes de capitalisation, selon Credit Suisse. Et d’après Barclays, le continent constitue 44% de la croissance économique mondiale.
« Pourtant, les marchés d’actions asiatiques restent sous-représentés dans les portefeuilles de nombreux investisseurs, en particulier en Europe et aux États-Unis », souligne la banque britannique.
« Pour certains investisseurs, il est facile de justifier le fait de ne pas investir dans (cette) région. Tout d’abord, l’Asie est physiquement (et souvent culturellement) éloignée de l’Occident et la gouvernance d’entreprise y est souvent considérée comme faible. Deuxièmement, les récentes tensions géopolitiques (autour de Taïwan en particulier) ont entamé l’appétit des investisseurs. Enfin, les politiques, qu’elles soient réglementaires, monétaires ou budgétaires, semblent quelque peu déconnectées de ce qui se passe dans le reste du monde », développe Barclays.
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Le Japon, la Corée du Sud et Taïwan dans le bon wagon
La première partie d’année de certaines places asiatiques a toutefois de quoi attirer l’œil. Nous avions déjà évoqué le cas de la Bourse de Tokyo, qui enregistré un bond de 24,5% (*) du Nikkei 225, grâce à de nombreux facteurs, comme une inflation relativement basse, de meilleures perspectives économiques avec la fin de la « stagflation », des réformes importantes en matière de gouvernance d’entreprises cotées ainsi que l’intérêt du célèbre investisseur Warren Buffett. Mais la Bourse de Taïwan (+21,4%) surprend également positivement, grâce, explique Bloomberg, à des efforts pour améliorer la lisibilité de l’information au niveau des investisseurs étrangers. La Bourse de Séoul elle aussi signe une progression remarquable (+16,3%).
Les actions de la Corée du Sud et de Taïwan ont surtout bénéficié d’un afflux d’investissements étrangers, lié à l’engouement pour l’intelligence artificielle (IA), le grand thème des marchés mondiaux en cette année 2023, les opérateurs de marché étant à la recherche d’entreprises en amont de la chaîne industrielle sur ce sujet, comme les groupes de semi-conducteurs ou les entreprises de fonderie pour ce segment. Plus largement, ces deux marchés ont bénéficié de la reprise des valeurs « tech » et de l’ensemble de l’écosystème lié.
« La chasse aux actions du secteur des semi-conducteurs sur fond d’optimisme concernant la demande en IA a été un thème clé pour les investisseurs, et l’exposition nettement plus importante de la Corée du Sud et de Taïwan à ce secteur pourrait expliquer le montant plus élevé des entrées nettes (de capitaux, NDLR) par rapport au reste de la région » Asie, a expliqué à Reuters Yeap Jung Rong, stratège de marché chez IG.
Le Vietnam surprend, l’Inde à la traîne
Toutefois, le tableau est moins glorieux du côté des places asiatiques émergentes. Le Vietnam constitue une exception, avec une progression de 16,5% depuis le début de l’année, nettement supérieure à celle du CAC 40 (+14,1%). Dragon Capital, un gestionnaire de fonds local, explique que cette performance a été portée par des baisses de taux directeurs de la part de la banque centrale du pays – un virage de politique monétaire à 180 degrés bien éloigné des actions actuelles des grandes banques centrales occidentales – des mesures de relance budgétaire de la part du gouvernement, et un afflux de capitaux étrangers.
Mais au-delà, les autres places souffrent. La Bourse de Bombay s’adjuge certes 9,3% mais ce chiffre reste un peu palot au regard des performances des pays occidentaux. Comme le souligne le Wall Street Journal, la place indienne a pâti de valorisations jugées chères, les actions indiennes ayant globalement progressé en 2022 au contraire de beaucoup de pays émergents. La réputation de la place a également pu souffrir, dans une certaine mesure, des accusations de fraude de la part du vendeur à découvert Hindenburg Research – qui possède une excellente réputation – à l’encontre d’Adani Group, le conglomérat du milliardaire Gautam Adani.
La Chine plombe les autres indices asiatiques
Puis vient l’ensemble des autres places boursières asiatiques, à commencer par la performance décevante des indices chinois. Ceux de Chine continentale (Shenzhen et Shanghai ) évoluent à peine en hausse de 2%, tandis que Hong Kong est à la peine (-4,3%). D’autres places sont dans le dur, comme Singapour (+0,7%) mais aussi l’Indonésie (+0,2%), la Malaisie (-5,9%), les Philippines (+0,7%) et surtout la Thaïlande (-8,8%).
Tous ces pays possèdent évidemment des liens commerciaux étroits avec la Chine, et donc le début d’année médiocre de la deuxième économie mondiale les plombe par ricochet. A titre d’exemple, selon la société Krungsri Research, filiale de la banque japonais MUFG, la Chine représentait 15% des investissements étrangers de la Thaïlande en moyenne sur la période 2018-2022 et 12,5% de ses exportations (et 27,6% de ses touristes en 2019). Pour les Philippines, la Malaisie et l’Indonésie, la Chine constituait entre 14% et 19% des exportations entre 2018 et 2022, toujours selon Krungsri Research.
« L’affaiblissement du rebond de la réouverture de la Chine pèsera sur la reprise de pays émergents comme la Thaïlande et Hong Kong, dont les secteurs touristiques dépendent fortement des visiteurs chinois », avertit, de son côté, Capital Economics.
Depuis le début de l’année, nombre d’indicateurs chinois ont pointé une reprise très poussive malgré la réouverture économique du pays, enclenchée en janvier. Au deuxième trimestre, la croissance chinoise ne s’est élevée qu’à 6,3% sur un an quand les économistes anticipaient 7,3%.
« La reprise peine à se concrétiser dans les secteurs en difficulté, comme l’immobilier, et s’essouffle déjà dans ceux qui se portent bien, comme la consommation discrétionnaire », a expliqué dans une récente note Atlantic Financial Group. Le chômage des jeunes dépasse les 20% et le secteur immobilier, un traditionnel pilier de croissance du pays, reste en crise. « Les Chinois avaient pour habitude d’investir dans la pierre, en acquérant un deuxième voire un troisième bien immobilier. Le surendettement des promoteurs comme Evergrande, et l’implosion du marché qui en a découlé, a généré d’importantes moins-values pour les ménages chinois. Leurs stratégies pour placer leur épargne sont désormais moins axées sur ce type d’actifs », développe Atlantic Financial Group.
Les services ont également accusé le coup, note Capital Economics. Au final, le gouvernement chinois vise une croissance de seulement 5% cette année un chiffre à des années lumières de taux supérieurs à 6% voire 7% lors des années précédant la pandémie.
Vers un rebond?
Évidemment certains facteurs propres malmènent les places asiatiques hors Chine. L’incertitude politique a également pesé en Thaïlande, où des élections générales ont eu lieu en mai, avec une percée du parti progressiste Move Forward, dont les conséquences sont encore aujourd’hui difficiles à déterminer.
L’Indonésie peut pâtir de la chute des cours des métaux ordinaires, par exemple du nickel, auxquels l’économie est très exposée, mais aussi d’une valorisation élevée, la Bourse de Jakarta ayant terminé 2022 dans le vert. Les Philippines sont, elles, également pénalisées par la détérioration de la conjoncture aux Etats-Unis, un grand vecteur d’emploi pour les Philippins expatriés qui contribuent à hauteur de 10% de l’économie du pays, selon Bloomberg. La forte inflation et la politique monétaire restrictive de la banque centrale des Philippines a également joué. La Malaisie souffre, elle aussi, des hausses de taux de sa banque centrale ainsi que d’une balance commerciale en déclin et d’une importante instabilité politique, avec quatre gouvernements qui se sont succédés depuis 2018.
Notons aussi que le relèvement des taux d’intérêt des grandes banques centrales, ceux de la Réserve fédérale (Fed) en tête, peut également pousser les gérants de fonds à réallouer leurs investissements vers les pays développés face aux pays émergents.
Reste que la tendance pourrait changer. UBS met en avant les valorisations basses des actions chinoises et thaïlandaises, se montrant optimiste sur ces deux pays pour la suite. La banque suisse anticipe notamment des mesures de relances ciblées de la part du gouvernement qui pourraient relancer la croissance dans une fourchette allant de 5% à 5,5%.
« Malgré le ralentissement de la reprise en Chine au cours des derniers mois, qui s’est produit parallèlement au rebond de la mobilité, l’amélioration du marché du travail, la transmission du crédit et la reprise du secteur immobilier n’en sont qu’à leurs débuts et seront d’importants moteurs de croissance au second semestre et au-delà », estime de son côté Stephen Innes, de SPI Asset Management.
« Pour accroître leur exposition aux actions chinoises, les investisseurs auront besoin de preuves concrètes, confirmant que les fondamentaux économiques s’améliorent et que les risques immobiliers, diplomatiques et réglementaires se dissipent progressivement. A ce moment-là, et probablement lorsque le dollar se dépréciera, les flux de capitaux se dirigeront naturellement vers les indices boursiers chinois car ils sont très bon marché », développe de son côté Atlantic Financial Group.
(*) Les variations des indices ont été arrêtées à jeudi soir
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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