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(BFM Bourse) – Le 15 septembre 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers faisait faillite. Si cet événement avait provoqué une onde de choc dans l’écosystème financier, certains avaient senti le vent tourner quelques mois auparavant. Voire plusieurs années en amont pour les plus inspirés.
Il y a 15 ans, le lundi 15 septembre 2008 à 1h45 du matin, la banque d’investissement Lehman Brothers est déclarée officiellement en faillite. Ce scénario inimaginable marquait le début d’une profonde crise bancaire qui s’est propagée à l’ensemble de l’économie mondiale. Cette faillite retentissante a aussi marqué au fer rouge les places financières.
A Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 3,78% plombé par son compartiment bancaire, en première ligne de ce séisme. A New York, il s’agissait de la pire journée pour les indices américains depuis le 11 septembre 2001. A l’occasion de ce quinzième anniversaire, la rédaction de BFM Bourse revient sur les acteurs du secteur financier qui avaient prédit et anticipé cet évènement qui marquera à jamais l’histoire de la finance.
Nouriel Roubini ou « Dr. Doom »
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Le plus célèbre est sans conteste l’économiste américano-turc Nouriel Roubini, surnommé « Dr Doom » (Docteur Apocalypse). Il tient principalement sa réputation du fait qu’il avait évoqué une crise immobilière dès 2006. Le 7 septembre 2006 exactement lors d’une conférence organisée au Fonds monétaire international (FMI). Il évoque, devant un parterre d’économistes, un ensemble de risques qui planent sur l’économie américaine et qu’une crise se profilait. « Dans les mois et les années à venir, les États-Unis risquaient d’être confrontés à une crise immobilière sans précédent, à un choc pétrolier, à une forte baisse de la confiance des consommateurs et, en fin de compte, à une profonde récession », avait-il prévenu.
Au fil de son intervention, les sombres perspectives étaient de plus en plus détaillées: des propriétaires qui ne remboursent pas leurs prêts hypothécaires, des milliards de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires conduisant à l’effondrement du système financier mondial. L’écroulement de ce domino allait ainsi paralyser ou détruire les fonds spéculatifs, les banques d’investissement et d’autres grandes institutions financières…
A l’annonce de ces perspectives, l’auditoire était plutôt sceptique, tandis que le modérateur de l’événement, lui aussi peu convaincu des annonces prophétiques de Nouriel Roubini, lança: « Je pense que nous aurons peut-être besoin d’un bon rafraîchissement après cela ».
Un an après cette intervention remarquée, soit à l’été 2007, Janet Yellen, qui est à l’époque présidente de la Réserve fédérale de San Francisco, assène (comme le rapporte l’Agefi Dow Jones): « Il y a face à nous un épouvantail et c’est le secteur immobilier », alors que les ménages les plus fragiles ne pouvaient plus rembourser leurs crédits immobiliers. La suite des événements lui donna raison.
En ce qui concerne Nouriel Roubini, « il avait l’air d’un fou en 2006 », expliquait au New York Times, Prakash Loungani, économiste au FMI, qui avait invité Roubini à plusieurs reprises. « Mais il était devenu un prophète quand il est revenu en 2007 », lors d’une nouvelle conférence au FMI a-t-il ajouté.
David Einhorn, un espion contrarié
David Einhorn aurait pu embrasser une carrière à la CIA mais a finalement opté pour la finance. Il a rejoint la banque d’investissement Donaldson, Lufkin & Jenrette en 1991 après avoir brillamment terminé ses études à l’Université de Cornwell. Cinq ans plus tard, soit en 1996, David Einhorn crée son fonds d’investissement, Greenlight Capital. En 2002, il s’essaye à l’art de la vente à découvert et parie contre Allied Capital, une société de capital-investissement.
Si cette conviction lui a au départ joué des tours, jusqu’à s’attirer les foudres de la SEC – le gendarme financier américain -, le dénouement lui est favorable cinq ans après. En 2007, la SEC a enquêté sur Allied et l’a déclarée coupable de fraude.
La bataille de David Einhorn contre le Goliath Allied Capital était un galop d’essai. Son coup de maître le plus célèbre reste contre Lehman Brothers. Dès mai 2008, il avait annoncé que la banque prenait trop de risques. En juin 2008, le New York Magazine se demandait même « Pourquoi David Einhorn a-t-il attaqué publiquement Lehman Brothers? ». Trois mois plus tard, Lehman Brothers s’écroulait. David Einhorn gagna un peu plus d’un milliard de dollars avec ce pari audacieux.
Parmi ses autres faits d’armes, cette star de Wall Street avait mené en 2013 une fronde contre Apple, enjoignant la marque à la pomme à être plus généreuse avec ses actionnaires. Confiant dans ses prévisions, il avait même parié en 2014 sur un écroulement de la dette française estimant que la « France ressemb[ait] plus à la Grèce qu’à l’Allemagne »… On ne peut pas avoir raison à tous les coups.
Michael Burry, le chasseur de bulles
Michael Burry est ce qu’on pourrait appeler un dénicheur de bulles. C’est en 2000 que ce diplômé de médecine et passionné de trading monte son fonds d’investissement baptisé Scion Capital, avec 30.000 dollars en poche. Et dès le début de son aventure, ses paris contre les valeurs technologiques s’avèrent payants, l’éclatement de la bulle Internet étant passé par là.
Puis dès 2005, Michael Burry changea de cible et il se concentra sur le marché des prêts hypothécaires. Au début des années 2000, les ménages américains étaient incités à s’endetter pour devenir propriétaires grâce au crédit pas cher et cela renchérissait le prix des biens. Or, Michael Burry avait relevé que les prêts à taux variables étaient accordés à un public fragile financièrement. Convaincu d’un effondrement du marché hypothécaire dans les « deux à trois ans à venir » avec des prix de l’immobilier qui n’allaient plus progresser, Michael Burry a parié sur la baisse des prix de ces prêts. Il a d’ailleurs convaincu Goldman Sachs, contre une somme rondelette, de lui vendre des produits d’assurance contre les défauts de crédit, les Credit default swaps ou CDS.
Et une décision de la Réserve fédérale donna un coup de pouce à Michael Burry. En 2005, l’insitution financière augmenta les taux d’intérêt pour freiner cette bulle immobilière. Les ménages les plus fragiles ne sont plus en mesure de rembourser leurs crédits et pour récupérer leur mise, les banques saisissent à tour de bras les biens concernés. Ce qui provoque un effondrement du marché de l’immobilier. Et mécaniquement, les prêts ne valent plus rien. Les faits d’armes de Michael Burry ont été rendus célèbres par le livre « The Big Short » puis le film oscarisé du même nom dans lequel il est interprété par Christian Bale. Michael Burry a depuis effectué plusieurs paris, misant par exemple sur une baisse de l’action Tesla en 2021.
La faillite de Lehman Brothers a aussi inspiré bon nombre de films dont l’excellent film « Margin Call ». Plusieurs membres de notre rédaction le citent d’ailleurs parmi leurs longs-métrages favoris…
Sabrina Sadgui – ©2023 BFM Bourse
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