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Publié le 29 nov. 2023 à 16:17
Depuis sa nomination en janvier dernier, Sultan Al Jaber n’aura pas ménagé ses efforts pour convaincre que, non, sa double casquette ne nuira pas au succès de la COP28 qui s’ouvre ce jeudi à Dubaï. Car pour la première fois de l’histoire, c’est le patron d’une entreprise pétrolière – Adnoc, la compagnie nationale d’Abu Dhabi – qui préside la grand-messe de l’ONU sur le climat.
Les associations environnementales ont hurlé, dénonçant un grave conflit d’intérêts. Alors que l’un des objectifs cruciaux de la réunion de Dubaï sera d’ entériner une sortie des énergies fossiles , Adnoc prévoit d’investir 150 milliards de dollars d’ici à 2027 pour accroître sa production de pétrole. Une centaine de parlementaires européens et américains ont même appelé à sa démission en juin dernier.
Bénéfice du doute
« Il y a des inquiétudes sur sa capacité à différencier les intérêts de la présidence de ceux d’Adnoc », explique Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau action climat. Les accusations récentes de la BBC et du Center for Climate Reporting ne rassureront pas ceux qui crient au scandale – même si elles ont été démenties par ses porte-parole : Sultan Al Jaber aurait voulu profiter de rencontres avec des gouvernements étrangers organisées au nom de la COP28 pour engager des discussions d’affaires.
Pour autant, ceux qui ont côtoyé ce dirigeant de 50 ans, formé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, veulent lui accorder le bénéfice du doute. « Il est très compétent, aimable et habile, dit le spécialiste des politiques de l’environnement François Gemenne. Il connaît très bien le sujet, et a pris son rôle très au sérieux. »
Président d’Adnoc depuis 2016, Sultan Al Jaber avait fondé en 2006 Masdar, la société d’Abu Dhabi spécialisée dans les énergies renouvelables, devenue depuis un géant du secteur. « J’ai passé la majorité de ma carrière dans le développement durable, la gestion de projets et les énergies renouvelables », martèle celui qui est aujourd’hui également ministre de l’Industrie et des Technologies avancées des Emirats arabes unis.
Il est rompu aux négociations climatiques, et notamment aux COP, pour avoir été envoyé spécial pour le climat des Emirats pendant plusieurs années. « Il s’est énormément investi dans la préparation de cette COP, avec de nombreux déplacements à l’étranger et consultations avec les pays », témoigne Stéphane Crouzat, ambassadeur de la France pour le climat. « Le président d’une COP peut jouer un rôle important dans la recherche de compromis, il y a un gros travail diplomatique à faire en amont. »
Pragmatisme
Sultan Al Jaber s’est rendu dans plus de 25 pays depuis janvier (dont la France en mars), où il a même rencontré les représentants des ONG. « Une première : il nous a écoutés », reconnaît Gaïa Febvre. « Le jour et la nuit par rapport à son prédécesseur égyptien… », souffle une autre source.
Même ses détracteurs saluent son pragmatisme, et l’évolution de son discours. Sultan Al Jaber a créé la surprise en juin dernier, lors d’une réunion à Bonn, en déclarant que « réduire l’offre et la demande des énergies fossiles est inévitable et essentiel ».
« Même sans échéance, c’est une phrase assez forte, qui marque une ambition. Jusque-là, il se réfugiait derrière la capture et le stockage de carbone pour ne pas parler de réduction », décrypte Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Estimant qu’il s’agit de « la COP la plus importante depuis Paris » en 2015, le patron émirati se dit en tout cas déterminé à obtenir « des résultats très ambitieux ». « Il a besoin d’un résultat diplomatique , il a dépensé pour cela des milliards en cabinets de conseil en communication », relève Lola Vallejo. « Mais je ne sais pas si son discours est sincère ou purement tactique », poursuit-elle. Le résultat de la conférence de Dubaï devrait en fournir un bon indicateur.
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