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Surveillance des technologies critiques, contrôle des exportations, filtrage des investissements sortants : tels sont les principaux axes de la nouvelle stratégie de sécurité économique dévoilée mardi par Bruxelles.
Portée par Ursula von der Leyen, cette nouvelle « doctrine » est avant tout destinée à protéger l’Europe de toute dépendance économique vis-à-vis de pays comme la Chine.
La pandémie qui a paralysé des chaînes d’approvisionnement en Asie, notamment dans les semi-conducteurs, et la guerre en Ukraine, qui a révélé les dépendances au gaz russe et les tensions géopolitiques avec l’Empire du Milieu, ont contribué à la faire émerger.
« Ce monde est de plus en plus contesté sur le plan géopolitique et des technologies clés peuvent être utilisées de manière agressive, la sécurité économique est devenue une priorité », a déclaré la présidente de la Commission européenne.
L’UE s’est déjà dotée d’instruments de défense commerciale et a pris des mesures pour réduire ses dépendances en matière de semi-conducteurs et de matières premières critiques . Mais elle veut aller plus loin et surtout ne pas laisser les Etats-Unis et la Chine définir, seuls, les règles du jeu.
Interdire l’externalisation de « technologies avancées »
Globalement, la Commission veut mieux contrôler les investissements, qu’ils soient entrants, comme le rachat d’entreprises européennes par des entreprises étrangères, ou sortants.
L’UE entend ainsi revoir le filtrage des investissements étrangers sur son territoire, pour aller un cran plus loin. Et compte parallèlement limiter les sorties d’argent, mais aussi de savoir-faire, dans des secteurs sensibles, susceptibles d’être exploités à des fins militaires et de profiter à des rivaux systémiques comme la Chine.
Cela passe par un renforcement du contrôle des exportations, comme la vente d’armes à des pays hostiles. Mais Bruxelles veut aller au-delà pour toucher les « technologies avancées », comme l’intelligence artificielle ou l’informatique quantique. Une liste de technologies essentielles à la sécurité économique de l’UE doit être établie d’ici septembre.
« Les mesures sur les investissements sortants seront les plus disputées, car cela signifie pour les Etats membres de s’interdire d’investir dans certains domaines, juge un diplomate. C’est vraiment nouveau et pas simple, seule la Lituanie y est favorable. Ursula von der Leyen se montre très atlantiste sur ce coup-là… ».
Changement de cap pour les entreprises
Certains pointent un recul de l’approche traditionnelle libre-échangiste de l’UE. « Notre plan vise à réduire les risques plutôt que découpler nos interdépendances économiques », a cependant souligné Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission, se défendant de tout protectionnisme.
Les Etats membres comptent en faire leur principal sujet de conversation lors du Sommet européen du 29 juin. Certains sont inquiets de mesures qui s’approprieraient leurs compétences en matière de sécurité nationale. D’autres redoutent une politique qui compromette de futurs accords commerciaux.
Les entreprises suivent aussi de très près ce qui pourrait se traduire par un changement de cap dans la manière dont elles commercent et investissent dans le monde. En visite en Allemagne, pays européen le plus exposé à la Chine, le Premier ministre chinois Li Qiang a appelé, lundi, les entreprises allemandes à prendre les devants en matière de réduction des risques.
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