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Xavier Denamur, restaurateur, le président de la Fédération des entreprises de services à la personne (FESP) Brice Alzon et celui de la Fédération française de la sécurité privée Pierre Brajeux étaient les invités de Good Morning Business ce lundi.
L’article 3 du projet de loi sur l’immigration est une mesure intéressante mais insuffisante. Tel est le constat dressé par trois représentants des métiers en tension invités ce lundi sur le plateau de BFM Business. Pour rappel, cet article prévoit d’accorder un titre de séjour temporaire aux travailleurs en situation irrégulière dans les métiers en tension. A ce sujet, Xavier Denamur dénonce une hypocrisie générale qui est entretenue depuis la circulaire de 2008 sur les métiers en tension. « Cette hypocrisie permet à tout le monde de travailler mais s’il y a des centaines de milliers de travailleurs qui travaillent de manière légale avec des papiers des autres ou des faux papiers, c’est parce que le système le laisse faire », estime le restaurateur.
« Tous les gens qui sont passés à travers les failles du système doivent être à mon sens régularisés, plaide-t-il. Il faut mettre en place dans la loi des propositions qui permettront par le recoupage des données de transmettre celles-ci. »
Afin de redonner des moyens de contrôle et d’application des règles, Xavier Denamur appelle ainsi à solliciter l’URSSAF pour que l’organisme collecte et transmette ses données. « Si on recoupait les fichiers, l’URSSAF s’imagine bien que s’il y a cinq fiches de paie pour une seule et même personne, c’est qu’il y a un problème quelque part », ajoute Pierre Brajeux, président de la Fédération française de la sécurité privée.
« Une bouffée d’air »
En tant que président de la Fédération des entreprises de service à la personne (FESP), Brice Alzon reconnaît la situation tendue de son secteur. « Dans les services à la personne, nous avons au quotidien dans nos agences des bénéficiaires que nous devons refuser et nous devons prioriser des bénéficiaires certains week-ends par manque de personnel, explique-t-il. On estime qu’on va avoir besoin d’un million de personnes supplémentaires à l’horizon 2028. » Dès lors, il se prononce en faveur de l’article 3 qui « va être une bouffée d’air et pouvoir régulariser certaines personnes qui peuvent être sous le nom d’autres personnes ou qui ont eu des titres de séjour sur lesquels les employeurs n’ont pas vérifié la continuité. »
« Cela va rendre le système un peu moins hypocrite et un peu plus juste pour certaines personnes qui sont en France et depuis 3 ans. »
Du côté de la sécurité privée, Pierre Brajeux s’interroge sur la définition du terme « métier en tension » quand bien même son secteur revendique un manque de 20.000 personnes « pour tourner en rythme de croisière » en dehors des besoins liés aux Jeux olympiques. « J’espère juste qu’on ne nous créera pas un conseil supérieur des métiers en tension car un métier dans un bassin d’emplois peut être en tension dans un bassin d’emplois et ne plus l’être à 300 kilomètres de là », souligne le PDG de Torann-France. Malgré ces besoins, Pierre Brajeux ne classe pas la sécurité privée dans les métiers ciblés par l’article 3 du projet de loi sur l’immigration: « C’est une profession réglementée et notre ministère de tutelle est le ministère de l’Intérieur. Tous les travailleurs sont criblés et depuis la loi « Sécurité globale » de 2021, il faut 5 ans de titre de séjour sur le territoire national avant de pouvoir prétendre à rentrer dans ce métier. »
Remettre les Français sur le chemin de l’emploi
Au-delà du simple cadre de l’article 3, les représentants des trois secteurs posent la question de l’attractivité des métiers en question alors que le taux de chômage est toujours supérieure à 7%. « Le travail ne paye peut-être pas suffisamment ou peut-être qu’on a un système d’assurance chômage qui pourrait être revu et amélioré, lance Pierre Brajeux. Je pense qu’il y a plein de gens qu’on peut ramener au travail pour répondre aux besoins qu’on connaît sans pour autant arriver à des mesures qui vont poser problème sur le plan pratique. » Le président de la FFSP indique ainsi que le secteur de la sécurité privée a appliqué une augmentation des salaires de 7,5% au 1er janvier dernier, hausse qui sera réitérée à hauteur de 5% au 1er janvier prochain. « Mais là encore, nous sommes dans une économie de marché, martèle-t-il. Nous sommes en BtoB et nos clients sont des entreprises donc encore faut-il réussir à faire passer ces augmentations et à les répercuter sur les prix de vente. Inévitablement, ça ne tient pas sur le plan économique. »
Xavier Denamur fait également part de ses observations dans le secteur de la restauration. « Quand vous mettez une annonce de plongeur, vous n’avez pas un seul Français qui répond car personne ne veut faire ce boulot, déplore-t-il (…) Quand vous êtes à Pôle emploi et que vous regardez les gens qui vont postuler, c’est 100.000 sur toute la France et ils ne vont pas forcément venir chez vous, vouloir travailler le soir ou le week-end. Le problème est de mettre en contact les employeurs et les gens qui cherchent vraiment du travail car il y a beaucoup de gens à Pôle emploi qui veulent travailler uniquement du lundi au vendredi ou du mercredi au vendredi de 8h à 16h pour aller chercher les enfants: ça ne marche pas car on est en horaires décalées. »
« Réfléchissons à faire revenir au travail un certain nombre de Français parce que si c’est simplement redonner les emplois dont personne ne veut et faire venir des gens parce que d’autres préfèrent rester tranquillement en non-activité, je pense que ce n’est pas une bonne chose », juge Pierre Brajeux.
Pour le restaurateur, il faut mener les deux sujets de front à savoir former les gens qui sont au chômage et donner de l’attractivité aux métiers d’une part et régulariser ces gens qui ont travaillé et sont sur le territoire depuis cinq à dix ans d’autre part: « On ne peut pas les laisser dans la précarité car c’est injuste: ils viennent ici pour travailler, pas pour être délinquant. » Selon Brice Alzon, il faudra mettre l’accent sur la professionnalisation et revoir la formation professionnelle pour aider des Français à retrouver le chemin de l’emploi tout en mettant en plan une « immigration contrôlée » qui consisterait entre autres à aller chercher de la main d’oeuvre dans des pays francophones à travers des contrats incluant de la formation.
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