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Le montant ne suffira pas alors que le secteur HLM est en crise et que l’inflation, couplée à la législation, pourrait entraîner une forte hausse des expulsions. Après avoir suscité la consternation des acteurs du secteur avec ses « mesurettes » contre la crise du logement, le gouvernement fait un petit geste en direction des sans-abri.
« En tout, le plan »Logement d’abord 2« va être porté à un demi-milliard d’euros », a annoncé, le 19 juin dans La Croix, le ministre du Logement, Olivier Klein.
Ce montant a été revu à la hausse, par rapport aux 160 millions sur cinq ans qu’avait annoncé la première ministre, Élisabeth Borne, le 5 juin dernier, dans le cadre de sa réponse aux propositions du Conseil national de la refondation sur le logement.
Attendu par les associations et les collectivités depuis septembre 2022, cette nouvelle stratégie « logement D’abord » vise à offrir directement des solutions pérennes aux personnes sans domicile. « Notre objectif, c’est de financer, en plus de ce qui a déjà été fait, 100 000 logements très sociaux en cinq ans, 10 000 places en pensions de famille, et 30 000 place en intermédiation locative. Grâce à cela, on espère réitérer le rythme du mandat précédent et sortir plus de 800 000 personnes de la rue en dix ans », a détaillé le ministre.
Les associations appellent à « accélérer »
Ces annonces s’inscrivent dans la continuité du premier plan, dont elles reprennent en partie les objectifs. Lancé en 2017, alors qu’Emmanuel Macron proclamait « Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes à la rue », le premier plan « Logement d’abord » avait laissé un goût d’inachevé.
Il a permis de faire évoluer les mentalités, en mettant un terme à une approche de sortie de la rue par étapes. Mais son bilan est jugé insuffisant par les acteurs du secteur, alors que, selon la Fondation Abbé Pierre, le pays compte 330 000 sans domiciles fixes.
Le gouvernement avance le chiffre de 440 000 personnes sans domiciles logées, dont 122 000 en HLM, grâce à un doublement des personnes allant directement de la rue au logement social, 7 200 place en pensions de famille et 42 000 en intermédiation locative, ce système qui permet aux bailleurs privés de louer à des publics en difficulté.
Pour les associations et acteurs du secteur, une « accélération » est nécessaire. Un constat partagé par la Cour des comptes. En janvier 2021, elle avait jugé que les résultats du plan « montrent une dynamique favorable, avec un accroissement des accès au logement », mais restent globalement « en deçà des attentes et des objectifs chiffrés ».
Propos accueillis avec prudence
Dans l’attente des clarifications qui doivent venir aujourd’hui, les associations ont accueilli les propos d’Olivier Klein avec prudence. « On peut dire que les ambitions sont maintenues, et se féliciter qu’il y ait des moyens fléchés. Mais la difficulté des annonces, c’est qu’elles peuvent vouloir dire beaucoup de choses », analyse Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).
Plusieurs points détaillés par le ministre sont en effet en contradiction avec d’autres décisions du gouvernement. Il en va ainsi des 100 000 nouvelles places en HLM abordables à disposition. Cette promesse paraît difficile à tenir alors que le secteur du logement social continu d’être étranglé par des coupes budgétaires qui mettent à mal ses capacités de construction.
En 2022, le nombre d’autorisations de construction, toutes catégories de HLM confondues, n’a même pas réussi à atteindre les 100 000. S’y ajoute l’absence de logements libérés dans un secteur social dont les habitants peinent à sortir en raison des prix élevés du secteur privé. Dans ces conditions, même en améliorant l’attribution de HLM aux plus précaires, comme le demande de longue date la FAP, cela pourrait ne pas suffire à remplir les objectifs affichés.
Les associations s’inquiètent aussi que la mise en avant du « Logement d’abord » serve à réduire le budget de l’hébergement d’urgence. « Le contexte dans le secteur est déjà extrêmement tendu. Le projet est de réduire le nombre de place à 198 000 alors qu’on est déjà complètement saturé, et qu’on a toutes les nuits jusqu’à 16 000 enfants à la rue », s’alarme Nathalie Latour.
Des annonces contradictoires
La baisse annoncée de 5 % du budget de l’hébergement d’urgence, qui s’ajouterait aux 5 % de budget dont les associations estiment déjà manquer, risque de plonger ce secteur dans la difficulté, alors qu’il reste indispensable pour répondre à l’urgence des personnes à la rue.
Le manque de revalorisation des salaires des travailleurs sociaux du secteur, qu’ils soient dans l’hébergement ou dans la mise en place de la stratégie du plan « Logement d’abord », n’augure rien de bon non plus. Lors du précédent plan, le volet accompagnement avait été unanimement été jugé insuffisant et le ministre a, à plusieurs reprises, estimé nécessaire de le renforcer.
Autre contradiction majeure que soulignent les associations, celle d’une politique qui vise à réduire le nombre de personnes sans domicile, pendant que d’autres décisions risquent de faire exploser les expulsions locatives. À cet égard, le peu d’intérêt manifesté par le gouvernement pour la politique de prévention des expulsions, dans un contexte pourtant difficile pour les ménages modestes confrontés à l’inflation des prix, n’est pas de nature à rassurer.
L’extension promise début juin de la garantie de loyer Visale à un public plus large, devrait sécuriser une partie des nouveaux entrants dans le logement, mais elle ne servira à rien pour ceux qui ne peuvent plus faire face à la hausse des loyers et de prix des produits alimentaires.
Pire, la loi dite « anti squat », portée par le député renaissance Guillaume Kasbarian et définitivement adoptée le 14 juin dernier, facilite les expulsions en limitant le recours au juge, et en permettant aux propriétaires de mettre des clauses sur les baux qui légalisent les mises à la rue. Une mesure, rappelle Nathalie Latour, « totalement antinomique avec le plan logement d’abord ».
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