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Téhéran a mis sa menace à exécution. Un peu moins de deux semaines après la mort de deux généraux iraniens en Syrie dans des frappes attribuées aux Israéliens, l’Iran attaque directement Israël, dans un affrontement de puissances qui risque de faire dégénérer la situation au Moyen-Orient.
Tard dans la nuit de samedi, l’Etat islamiste a envoyé plus d’une centaine de drones sur Israël. L’Etat hébreu a confirmé l’attaque, et ajouté être également ciblé par des missiles. D’autres «vagues de drones» pourraient suivre, a affirmé un responsable militaire israélien. «Nos capacités défensives et offensives sont au niveau maximum de préparation», a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne.
Un peu avant deux heures du matin dimanche, des explosions ont retenti dans le ciel israélien – l’interception des roquettes iraniennes par la défense antiaérienne – suivies par le bruit des sirènes, à Jérusalem. L’armée a intimé aux habitants du Golan dans le nord et de Nevatim, Dimona et Eilat dans le Sud de se tenir prêts à rejoindre un abri antiaérien.
Peu avant 3 heures du matin, un enfant de dix ans a été blessé par la chute de débris de métal liés à une interception, dans le Neguev.
«Les Etats-Unis ne doivent pas s’en mêler!»
Cette attaque est «conduite en vertu de l’article 51 de la charte de l’ONU sur la légitime défense», et avec elle, «l’affaire est close», a déclaré la mission permanente de l’Iran aux Nations Unies sur X. «Toutefois, si le régime israélien commettait une autre erreur, la réponse de l’Iran sera considérablement plus sévère», prévient-elle, en soulignant en lettres capitales que «Les Etats-Unis ne doivent pas s’en mêler!».
Conducted on the strength of Article 51 of the UN Charter pertaining to legitimate defense, Iran’s military action was in response to the Zionist regime’s aggression against our diplomatic premises in Damascus. The matter can be deemed concluded. However, should the Israeli…
— Permanent Mission of I.R.Iran to UN, NY (@Iran_UN) April 13, 2024
C’est apparemment une offensive coordonnée. Samedi, le Hezbollah libanais a également annoncé avoir lancé des roquettes sur le Golan occupé par Israël. Et selon une société de sécurité maritime citée par l’AFP, les rebelles houthis du Yémen ont pris pour cible l’Etat hébreu avec des drones.
Les missiles sont plus rapides que les drones, qui mettent des heures à atteindre leur cible. La combinaison de projectiles avançant à des vitesses variées, ni à la même altitude ni dans la même direction, est un moyen de leurrer le puissant système israélien de défense antiaérienne. Ce dernier a été conçu pour intercepter des missiles balistiques lancés jusqu’à 2.400 kilomètres de distance. Néanmoins, il n’est pas infaillible.
Israël avait ordonné la fermeture de l’espace aérien national quelques heures auparavant. Plusieurs pays de la région ont fait de même, tel l’Irak, ou la Jordanie, qui a décrété l’état d’urgence.
Réaction des Etats-Unis
Jamais l’Iran ne s’en était pris directement à Israël, en dépit d’une haine tenace pour l’Etat hébreu depuis la révolution islamique de 1979. Plutôt que de risquer un affrontement ouvert, Téhéran a préféré financer des milices terroristes dans la région, comme le Hezbollah au Liban, la Résistance islamique d’Irak, les Houthis yéménites ou le Hamas.
Ces derniers jours, Washington a tenté de dissuader l’Iran de contre-attaquer, et insisté sur le fait que les Etats-Unis n’avaient rien à voir avec le bombardement en Syrie. Ces efforts sont restés vains. Immédiatement après le lancement de l’attaque, une porte-parole de la Maison-Blanche a assuré que « les Etats-Unis se tiendront aux côtés du peuple d’Israël et soutiendront sa défense contre ces menaces de l’Iran ».
I just met with my national security team for an update on Iran’s attacks against Israel. Our commitment to Israel’s security against threats from Iran and its proxies is ironclad. pic.twitter.com/kbywnsvmAx
— President Biden (@POTUS) April 13, 2024
Selon l’agence AP, une partie des drones ont été interceptés par les forces américaines présentes dans la région. Par ailleurs, le Royaume-Uni a confirmé le déploiement d’avions de chasse de la Royal Air Force pour participer aux interceptions.
Joe Biden a écourté son séjour chez lui dans le Delaware pour se réunir en urgence avec son équipe de sécurité et suivre l’évolution de la situation. «Israël est attaqué! Ca ne serait jamais arrivé si j’étais président!» s’est aussitôt vanté son adversaire pour la présidentielle de novembre, Donald Trump, sur Truth Social.
Le pire cauchemar de Joe Biden
Ce conflit qui dégénère est le pire cauchemar du président américain. Depuis le massacre perpétré par le Hamas en Israël le 7 octobre, il tente d’éviter un embrasement du Proche-Orient. Mais il n’a pas réussi à modérer l’ardeur guerrière du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, engagé dans des représailles sanglantes à Gaza.
Il sera difficile d’apaiser la situation après l’escalade de ce samedi. Les pays musulmans de la région qui sont en froid avec l’Iran pourront difficilement afficher leur solidarité avec l’Etat juif : ils ne veulent pas froisser leur opinion publique, hostile à Israël.
L’attaque iranienne a été condamnée par Paris, Londres et l’Union européenne.
Quelques heures avant le début de l’attaque aérienne, les gardes de la révolution islamique ont pris possession d’un navire porte-conteneurs croisant près du détroit d’Ormuz. Le bateau appartient à Zodiac Maritime, détenu par le groupe de l’homme d’affaires israélien Eyal Ofer.
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