[ad_1]
Pour les pays industrialisés, la Chine pose un problème nouveau. Avec une demande intérieure qui stagne ou presque, la Chine voit ses prix à la consommation baisser . Mais les entreprises voient aussi leurs coûts se réduire, le pays n’ayant pas été touché par la crise énergétique : ses achats d’hydrocarbures en provenance de Russie ont considérablement augmenté.
En conséquence, le prix des biens manufacturés produits en Chine recule. D’autant que les industriels du pays investissent massivement. Alors que les crédits bancaires aux promoteurs immobiliers en difficulté déclinent, ceux aux industriels ont pris la relève.
Surcapacités
« L’investissement des entreprises hors immobilier a crû de 10 % en 2023. Dans l’automobile et l’aérospatial, ils ont augmenté de 18 % en 2023 et dans les composants électroniques, de 15 % », souligne Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez Rexecode.
« Des surcapacités se font jour dans le pays. Et malgré l’atonie de la demande chinoise, la production manufacturière chinoise est restée très dynamique puisqu’elle a bondi de 5 % l’an passé, ce qui place la production au-dessus du niveau où elle aurait été en prolongeant sa tendance pré-Covid », met-il en avant.
Une industrie qui monte en gamme
Or pour les Européens, la situation économique actuelle de la Chine change tout. A court terme, le recul des prix à la production en Chine constitue une bonne nouvelle pour le Vieux Continent, aux prises avec une crise inflationniste, puisque les prix des biens manufacturés importés de Chine vont baisser .
Mais à long terme, la conséquence de l’afflux de produits chinois risque d’avoir des effets délétères sur l’industrie européenne, que ce soit dans l’automobile avec les véhicules électriques , dans les machines-outils où l’industrie allemande souffre déjà, ou encore dans les technologies de décarbonation.
Preuve de leur montée en gamme, les entreprises chinoises ont installé plus de la moitié de tous les nouveaux robots industriels dans le monde l’an dernier, ce qui entraînera une hausse de leur productivité. Les industriels européens pourraient donc avoir plus de mal à percer sur le marché chinois à l’avenir.
« Quand la demande interne de la Chine est peu dynamique, comme c’est le cas, les entreprises ont tendance à aller chercher des débouchés là où la demande se trouve, c’est-à-dire à l’étranger. Elles réussissent en étant agressives sur les prix », explique Anthony Morlet-Lavidalie.
La seule superpuissance industrielle
Car le pays est incontournable sur le plan industriel. « La Chine est désormais la seule superpuissance manufacturière mondiale. Sa production industrielle dépasse celle des neuf pays suivants additionnés », a calculé l ‘économiste américain Richard Baldwin , professeur à Lausanne. En 2023, 35 % de la production industrielle de la planète provient de Chine. La production industrielle chinoise est trois fois plus importante que celle de son poursuivant le plus proche, les Etats-Unis.
Dans les faits, « la dépendance du reste du monde vis-à-vis de l’industrie chinoise continue à progresser », estime Anthony Morlet-Lavidalie. « L’empire du Milieu est même capable d’accroître son excédent commercial en produits manufacturés avec la plupart des pays du monde, y compris les pays émergents », poursuit-il. « D’ailleurs, son excédent commercial en biens manufacturés a atteint 1.800 milliards de dollars l’an passé, soit plus de 10 % du PIB chinois, contre seulement 1.000 milliards en 2019 », selon l’économiste de Rexecode.
Dans ce contexte, il faut s’attendre à de nouvelles batailles commerciales entre la Chine et l’Union européenne. Avec un espoir pour le Vieux Continent : que cette focalisation chinoise sur l’étranger ne dure que deux ou trois ans. A terme, le pays ne peut se reposer sur la demande des autres pour écouler sa production. Sa consommation intérieure va nécessairement devoir progresser.
[ad_2]
Source link