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(BFM Bourse) – L’essor de ChatGPT a créé une frénésie boursière autour de plusieurs valeurs concernées de près ou de loin par l’intelligence artificielle générative. L’engouement aux Etats-Unis pour les traitements anti-obésité de Novo Nordisk et Eli Lilly a également bouleversé les anticipations des investisseurs.
Les marchés financiers sont parfois « victimes de la mode », comme le chantait le rappeur MC Solaar. Plusieurs tendances ont fait le « buzz » ces dernières années, telles que l’envolée des Spac, l’émergence des producteurs de viande végétale ou l’impression 3D. Mais l’enthousiasme des investisseurs pour ces thématiques éphémères est très vite retombé.
L’année 2023 a quelque peu dérogé à la règle, au sens où deux phénomènes nouveaux sont apparus et semblent partis pour s’inscrire sur la durée dans le paysage boursier: l’intelligence artificielle (IA) générative et l’essor des médicaments anti-obésité.
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Nvidia le grand gagnant de l’IA
Le boom de l’IA générative a eu des impacts boursiers dès le début de l’année grâce au succès populaire de ChatGPT, le robot conversationnel d’Open AI, lancé fin novembre 2022.
Cette nouvelle forme d’intelligence artificielle promet des perspectives étincelantes dans le traitement des données, l’amélioration de la productivité ou les services offerts aux internautes. « Si les données sont le nouvel or, alors l’IA générative est essentielle pour améliorer leur exploitation », souligne le gestionnaire d’actifs Robeco dans ses perspectives annuelles.
« Il est difficile de sous-estimer l’impact de la technologie sur les marchés boursiers en 2023 et, à plus long terme, la perspective d’une augmentation significative de la productivité grâce à l’utilisation des technologies de l’IA générative s’avère séduisante », note de son côté Deutsche Bank.
Selon un rapport du cabinet de conseil McKinsey, l’IA générative pourrait augmenter la croissance de la productivité du travail de 0,1% à 0,6% par an d’ici à 2040. La banque UBS, de son côté, estime que l’IA générative pourrait représenter un marché de 300 milliards de dollars en 2027, affichant une croissance de 61% sur la période 2022-2027.
L’eldorado que fait miroiter l’IA générative aux investisseurs s’est traduit par une frénésie boursière autour des sociétés semblant les mieux armées pour surfer sur la tendance. Le fabricant de cartes graphiques Nvidia, dont les produits sont utilisés pour donner de la puissance de calcul et développer ainsi les robots conversationnels comme Bard et ChatGPT, constitue la figure de proue des « gagnants » de l’IA générative. Ses revenus ont bondi de 206% sur un an au troisième trimestre, son cours de Bourse a explosé de 240% et sa capitalisation boursière s’élève actuellement à plus de 1.200 milliards de dollars, et constitue la sixième au monde.
Mais d’autres sociétés moins connues ont bénéficié de la « hype » autour de l’IA générative.
Des perdants également
C’est le cas notamment de C3.ai, spécialiste des logiciels dans l’IA qui gagne 170%. Idem pour Bigbear.ai (+245%), entreprise spécialisée dans l’analyse d’IA qui a récemment obtenu un important contrat auprès de l’US Air Force. En France, Capgemini, a connu un envol boursier sur une séance au printemps, propulsé par l’extension d’un contrat dans l’intelligence artificielle générative avec Google Cloud, avec la création d’un centre d’excellence.
« L’intelligence artificielle générative (IA) est l’un des moteurs potentiels de l’augmentation des bénéfices des entreprises. Mais dans la plupart des cas, elle n’aura qu’un impact limité sur la rentabilité l’année prochaine », nuance toutefois Godman Sachs dans ses perspectives pour 2024.
L’IA générative a par ailleurs aussi connu ses premières victimes. En mai, la société de soutien scolaire Chegg a lourdement chuté, après avoir été contraint d’abaisser ses objectifs en raison d' »une percée significative de l’intérêt des étudiants pour ChatGPT ». En France, la principale « victime » de l’IA générative s’appelle Teleperformance. Bien que le groupe de relation client externalisée (comme les centres d’appels) assure que cette nouvelle technologie la renforcera, le marché redoute l’impact à long terme sur son modèle économique, notamment via une érosion des prix de ses services.
Novo Nordisk, nouvelle première capitalisation européenne
La deuxième grande tendance du marché a émergé plutôt au cours de l’été, du moins sur le plan boursier: l’essor des médicaments anti-obésité. « Il s’agit d’une tendance si importante qu’elle est en train de remodeler l’ensemble du secteur de la santé », souligne la banque Degroof Petercam.
Un énorme coup de projecteur a été donné en août par les résultats positifs d’essais cliniques pour le Wegovy, propriété du danois Novo Nordisk. Ces données ont montré que ce traitement anti-obésité réduisait de 20% les risques cardiovasculaires. Quelques semaines plus tard, Novo Nordisk a même délogé LVMH de son statut de première capitalisation européenne.
Le groupe danois a ainsi vu son cours de Bourse bondir de 53% cette année. Le groupe américain Eli Lilly, lui aussi spécialisé dans les antidiabétiques progresse de 59% sur la même période, alors que son médicament Mounjaro a été approuvé le mois dernier par l’autorité sanitaire américaine, la FDA, pour traiter l’obésité (le médicament était déjà approuvé auparavant pour lutter contre le diabète).
L’engouement populaire pour ces médicaments anti-obésité s’avère pour l’heure surtout concentré aux Etats-Unis et émerge encore. Dans une étude publiée au début du mois, Bank of America a projeté que 48 millions d’Américains pourraient avoir pris un médicament anti-obésité à l’horizon 2030, contre 1 million à l’heure actuelle, selon leurs données. Rappelons que l’obésité est un fléau touchant 42% des adultes américains, selon le centre de prévention et de contrôle des maladies aux Etats-Unis.
Jefferies estime que les traitements anti-obésité « GLP-1 » (c’est-à-dire qui imitent une hormone ayant plusieurs effets sur la régulation du glucose et l’appétit) pourraient représenter un marché de plus de 100 milliards de dollars d’ici à 2031, dont 80% serait capté par Novo Nordisk et Eli Lilly.
De nombreuses répercussions
Au vu de ces perspectives prometteuses, certains laboratoires ont accéléré leurs efforts pour rattraper leur retard dans les traitements anti-obésité. Le suisse Roche a annoncé le rachat du californien Carmot pour 2,7 milliards de dollars en décembre, tandis que le britannique AstraZeneca a conclu en novembre un accord de licence avec le chinois Eccogene, avec des paiements totaux pouvant potentiellement atteindre 2 milliards de dollars.
L’essor des médicaments anti-obésité a eu des impacts de second ordre. En réalité, analystes et investisseurs se sont mis à phosphorer sur les potentiels gagnants et perdants de l’adoption croissante de ces médicaments. L’industrie agroalimentaire, comme par exemple les producteurs de friandises Hershey’s et Mondelez, ou même Coca Cola, ont clairement été rangés dans la première catégorie, au contraire des groupes d’habillements qui pourraient bénéficier d' »un cycle de remplacement des garde-robes », selon Bank of America (en clair: les gens maigrissent donc ils changent leurs vêtements).
« Nous sommes optimistes quant aux perspectives (des traitements anti-obésité et médicaments coupe-faim, NDLR), mais nous surveillons les impacts secondaires potentiels », souligne Janus Henderson. « Ces thérapies de perte de poids aident à réduire l’appétit, et la croissance de leur taux d’adoption a provoqué une volatilité dans les secteurs des biens de consommation de base, de la distribution et des restaurants car les utilisateurs de ces traitements se concentrent de plus en plus sur la réduction de l’apport calorique. Des répercussions pourraient également se faire sentir sur l’utilisation des soins de santé si les taux d’obésité diminuaient », développe la société.
« L’impact potentiel de ce médicament est si vaste qu’il a été ressenti dans de nombreux secteurs, de la technologie médicale aux biens de consommation de base, bien que les gagnants ou perdants de cette percée médicale ne soient pas encore clairement définis », abonde Degroof Petercam.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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