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Publié le 6 nov. 2023 à 19:31Mis à jour le 6 nov. 2023 à 19:47
Plongée dans une grave crise depuis la perte de son accès à l’espace en raison des retards d’Ariane 6 et des difficultés de Vega C, l’Europe spatiale a enfin trouvé un compromis pour assurer l’avenir à moyen terme de ses lanceurs.
Les négociations ont été rudes et longues, mais les Etats membres ont finalement accepté, lundi, à Séville, de financer davantage Ariane 6. Lors du lancement du nouveau lanceur lourd en 2014, la promesse était pourtant d’obtenir une fusée compétitive, capable de se passer d’aides publiques.
« On acte l’échec sur ce point, mais on assure notre accès autonome à l’espace à long terme », explique le directeur du CNES, Philippe Baptiste. « L’exploitation d’Ariane 6 est garantie, ce qui est une très bonne nouvelle », s’est réjoui le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher.
Ouverture à la compétition dès 2025
En échange de ce nouvel effort financier, les Etats, au premier rang desquels l’Allemagne, ont imposé une ouverture à la concurrence du marché des lanceurs. Un premier appel à compétition sera mené par l’Agence spatiale européenne (ESA) dès 2025 pour de petits lanceurs, tandis que la succession d’Ariane 6 sera mise en compétition quelques années plus tard.
Pour ArianeGroup et ses sous-traitants, c’est un grand soulagement. Face à l’inflation, à la hausse des prix de l’énergie, à la pression concurrentielle américaine et aux retards accumulés, l’équation économique négociée en 2021 ne tenait plus la route.
Les Etats avaient défini des aides de 140 millions d’euros par an jusqu’au 15e vol pour la montée en cadence jusqu’à la fin 2026. A Séville, ils ont accepté de financer l’exploitation de la fusée du 16e au 42e tir, ce qui couvrira l’exploitation de la fusée entre 2027 et 2029. Le montant annuel sera compris entre 290 et 340 millions d’euros maximum.
Audits et financements privés
L’ESA mènera des audits en 2024, pour arrêter la somme précise en vue de sa conférence budgétaire de 2025, celle où les Etats fixent pour trois ans les programmes qu’ils financent. L’avenir du petit lanceur italien Vega C sera aussi aidé à concurrence de 21 millions d’euros maximum par an. Dans les deux cas, les industriels sont sous surveillance pour vérifier leurs efforts de réduction de coûts.
En échange de ce soutien, qui satisfait le gouvernement français, principal contributeur d’Ariane 6 avec une part d’environ 50 %, l’ESA doit mener sa révolution et ouvrir le marché des lanceurs à la compétition. L’Allemagne, qui pousse des projets de petits lanceurs d’entreprises allemandes comme Isar Aerospace ou OHB, en était la principale avocate, mais elle était soutenue par une large majorité des Etats membres de l’ESA.
« Nous voulons de la compétition qui attire l’argent privé, pour renforcer le budget total de l’Europe dans le spatial, car la différence des financements concerne aussi le secteur privé entre l’Europe et les Etats-Unis », a expliqué Anna Christmann, coordinatrice de la politique spatiale allemande.
Le futur lanceur lourd sera mis en compétition
L’ESA sélectionnera en 2025 des lanceurs de petite taille à l’issue d’une compétition où les gagnants obtiendront une enveloppe de financement de 150 millions d’euros.
« J’espère que les candidats se regrouperont peu à peu, ce serait dommage de n’avoir qu’une compétition entre nations, alors que le marché est étroit », note Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l’ESA. Au-delà, une nouvelle compétition sera lancée, sans doute en 2028, pour le successeur d’Ariane 6. « Ce qui laisse imaginer une concurrence à Ariane 6 à l’horizon 2035 », ajoute Toni Tolker-Nielsen.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, se félicite du compromis atteint, qui confirme la vie d’Ariane 6, introduit la compétition et consacre le rôle essentiel du port spatial de Kourou. De son côté, l’Italie se réjouit de l’accord conclu, qui permettra à Avio de sortir d’Arianespace et de commercialiser directement les vols de son lanceur Vega. « C’est un acte de simplification et cela se décide en parfait accord entre la France et l’Italie », a commenté Bruno Le Maire.
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