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Le fossé s’élargit entre les discours et la réalité. Si lors des dernières COP sur le climat, les Etats signataires se sont engagés à supprimer les « subventions inefficaces » aux combustibles fossiles, l’examen des chiffres montre qu’à l’inverse, les sommes déboursées pour aider producteurs et consommateurs ont plutôt explosé depuis deux ans.
Selon deux rapports publiés ces jours-ci, les subventions directes au pétrole, au charbon et au gaz ont largement dépassé la barre des 1.000 milliards de dollars l’an dernier. Le FMI (Fonds monétaire international), qui a recensé les aides directes de 170 pays aux combustibles fossiles, a calculé qu’elles ont atteint 1.300 milliard en 2022, soit près de trois fois plus que leur niveau de 2020 (dernière étude du FMI sur le sujet). Sans parler des coûts indirects (pollutions, accidents de la route…), qu’il estime à 5.700 milliards de dollars en 2022.
Boucliers tarifaires
Le « think tank » canadien International institute for sustainable development (IISD) est parvenu à la même conclusion : il estime que les pays du G20 ont dépensé 1.000 milliards à cet effet l’an dernier, soit quatre fois plus que l’année précédente. Des niveaux supérieurs aux premières estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publiées en février dernier, déjà alarmistes.
Ce bond impressionnant est largement lié à la guerre lancée en Ukraine par la Russie et à ses conséquences. En privant l’Europe d’une partie de son approvisionnement en gaz, notamment, le conflit a fait s’envoler les prix de l’énergie – également alimentés par une reprise de la croissance un peu partout dans le monde au lendemain de la crise sanitaire.
Les gouvernements ont donc massivement cherché à protéger leurs populations en instaurant des boucliers tarifaires, pour les aider à faire face à des prix à la pompe, ou des factures de gaz et d’électricité qui, sans eux, auraient flambé. « 97 % des subventions directes de 2022 sont liées à des mesures de protection des consommateurs, tandis que seulement 3 % ont soutenu les producteurs », indique le FMI.
Jusque-là concentrées dans les régions Moyen-Orient/Afrique du Nord et les anciens pays de l’empire soviétique (CEI), les subventions ont ainsi grimpé de 300 % en Europe (16 % du total l’an dernier) et de 190 % en Asie Pacifique (38 % du total). Avec 270 milliards de dollars d’aide, la Chine arrive en tête du palmarès loin devant l’Arabie saoudite, au deuxième rang (129 milliards). Avec 18 milliards, la France arrive au douzième rang du classement.
Dépendance des ménages
A ce niveau, les subventions ont représenté 1,2 % du PIB mondial en 2022. Le FMI a cependant bon espoir que la situation ne soit que provisoire : il estime qu’elles retomberont en 2030 à leur niveau de 2020 (0,6 % du PIB mondial), avec la décrue espérée des prix mondiaux de l’énergie. L’an dernier, les produits pétroliers ont représenté 26 % du total des sommes déboursées par les Etats, le gaz naturel 48 %, et l’électricité 25 %.
En maintenant la dépendance des ménages aux énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre, ces politiques retardent la lutte contre le réchauffement climatique, déplorent les deux rapports. Les supprimer, et instaurer à l’inverse une taxe carbone, permettrait de réduire les émissions de CO2 de 34 % d’ici à 2030 par rapport à 2019, prône le FMI. Cela permettrait aussi de dégager des revenus substantiels, équivalents à 3,6 % du PIB mondial. De quoi soutenir autrement les populations les plus vulnérables à la transition.
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