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Publié le 21 sept. 2023 à 19:18
Y aura-t-il un jour un char franco-allemand ? Seul l’avenir le dira, mais le projet politique entre la France et l’Allemagne pour se doter d’un « MGCS » (main ground combat systems) redémarre. En visite en France ce jeudi, le ministre de la défense allemand Boris Pistorius a insisté sur sa volonté de poursuivre la coopération avec la France, tandis que son homologue français Sébastien Lecornu a annoncé que les deux armées avaient trouvé un accord sur « l’expression des besoins ».
Les chefs d’Etat-major des deux armées de terre ont signé ce jeudi un document qui trace les grandes lignes du projet. De même que pour le projet de système de combat aérien du futur (SCAF), il ne s’agit pas seulement d’un avion du futur mais d’un système global, le projet du MGCS sera un système de combat terrestre, avec un char, des drones, des missiles, des batteries de tirs, un cloud, etc.
Rare exemple de mutualisation
Alors que le projet de MGCS est sur la table depuis 2017, la date annoncée pour avoir un premier système opérationnel n’est plus 2035 mais de 2040 pour avoir un premier système opérationnel. « A cette date, la carrière du char Leopard allemand et de ses différentes rénovations sera sans doute en bout de course, de même que celle du Leclerc, même rénové », explique le général Schill, chef d’état-major de l’armée de terre.
Pour mieux marquer l’entente franco-allemande, Sebastien Lecornu et Boris Pistorius ont tenu leur conférence devant un appareil C130J allemand sur la base aérienne d’Evreux, où a été créé le premier escadron de transport aérien tactique franco-allemand. Avec sept avions de transport tactique C130J en opération, et bientôt 10, l’unité qui compte 260 aviateurs avec autant de Français que d’Allemand est à ce jour l’un des rares exemples de réelle mutualisation des moyens entre Paris et Berlin.
Boris Pistorius et Sébastien Lecornu rappellent donc que c’est au politique de donner l’exemple, en dépit des querelles industrielles. « Nous avons un devoir : préparer l’avenir et donc nous devons prendre des décisions sur des grands programmes, et notamment sur l’avenir de la cavalerie blindée. Ce ne sera ni un nouveau char Leopard, ni un nouveau char Leclerc, tant les ruptures technologiques seront importantes », a déclaré Sébastien Lecornu. Boris Pistorius a renchéri et a expliqué que le document sur l’expression des besoins signés par les deux armées, avait une vertu stratégique et serait décliné comme le SCAF pilier par pilier pour finaliser un contrat l’an prochain.
Carnet de commandes
Depuis 2017, le projet MGCS préparé en amont par la création du holding KNDS entre le groupe français Nexter et l’Allemand KMW, a souffert de l’absence de consolidation de l’industrie de défense allemande, Rheinmetall réclamant sa part. Maître-d ‘oeuvre du char Leopard 2, KNDS veut perpétuer son histoire, et le remplacer ensuite par le MGCS. Mais surtout, la guerre en Ukraine a bouleversé les perceptions. D’un point de vue industriel, le marché a complètement changé. Au premier semestre 2023, Rheinmetall a multiplié par cinq son carnet de commandes de chars de combat, véhicules blindés et autres camions militaires, à 3,7 milliards d’euros.
L’industrie allemande qui domine le marché des blindés lourds avec son char Leopard va ainsi déposer un dossier en consortium avec Leonardo et Saab auprès de la Commission européenne pour obtenir des financements de recherches (30 millions d’euros) pour travailler sur le char du futur. Il s’agit de passer de la version actuelle (Leopard 2A8) à une version plus moderne (Leopard 2AX) afin de garder une offre commerciale compétitive.
Cela n’a rien à voir avec le projet du MGCS, ont insisté les deux ministres. « Le document signé a une vertu stratégique, il préfigure ce que sera le cahier des charges des deux Etats » a expliqué Sébastien Lecornu. « Ce char ne sera pas un objet seul, un système de plusieurs modules pour la fonction de cavalerie blindée, habité ou dronisé. Une nouvelle génération de cavalerie, qui devra porter une fonction feu classique, mais aussi en rupture, comme les armes à énergie dirigée, tout en amenant le rôle de l’intelligence artificielle dans le combat terrestre de demain, les drones pour protéger le char, et la menace cyber », a expliqué Sébastien Lecornu. Et de rappeler que face aux 30 millions d’euros d’études de la Commission européenne, la loi de programmation militaire, prévoit 500 millions pour le MGCS.
Boris Pistorius a de son côté insisté en soulignant que le MGCS était cette fois vraiment sur les rails, avec des besoins exprimés aussi concrets que possibles à l’horizon 2040. « Jusqu’à la fin décembre, nous allons négocier les différents piliers, avec les chefs de file, mais tout en se souvenant que c’est bien nous les Etats, qui sommes les clients et que c’est nous qui nous mettons d’accord sur des technologies de rupture, qui n’existent pas encore aujourd’hui », a insisté le ministre de la défense allemand, en renvoyant à leur place les industriels. Et d’ajouter qu’ils sont ouverts à ouvrir le projet aux autres Etats, notamment à l’Italie, mais une fois le projet défini.
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