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Le blocage de Paris se précise. FNSEA et Jeunes agriculteurs du Grand Bassin parisien donnent rendez-vous lundi à partir de 14 heures, pour « une durée indéterminée », dans un communiqué conjoint. Les syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national, ajoutent que « tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs ». Cela concerne les agriculteurs des départements de l’Aisne, l’Aube, l’Eure, l’Eure et Loir, l’Ile-de-France, la Marne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais, la Seine-et-Marne, la Seine-Maritime et la Somme, selon le communiqué.
Pourtant, les blocages des agriculteurs en colère se sont clairsemés samedi matin. Mais la crise paraît plus bloquée que jamais, dix jours après son démarrage. Les mesures lâchées vendredi par le Premier ministre non seulement n’ont pas détendu le mouvement mais l’ont même radicalisé d’un cran.
Lever le camp pendant le week-end
Samedi matin, l’administrateur national des Jeunes agriculteurs (JA) Maxime Buizard a annoncé sur BFMTV vouloir « organiser le blocus de Paris et de la petite couronne parisienne » dès dimanche soir ».
Dans l’immédiat, le syndicat JA, proche de la FNSEA, a appelé ses troupes engagées sur les barrages à lever le camp le temps du week-end pour récupérer, avant une nouvelle mobilisation en début de semaine prochaine. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a lui aussi appelé les agriculteurs à poursuivre le mouvement mais avec une pause de deux jours et plusieurs blocages d’axes routiers ont été levés samedi matin.
Selon la gendarmerie, il y avait samedi matin moins de 40 actions touchant 28 départements. En Île-de-France, le péage de Saint-Arnoult dans les Yvelines a été libéré. Même chose au péage de Buchelay sur l’A13. La rocade de Bordeaux n’est plus entravée. Plusieurs départements ont suivi comme l’Ardèche, les Pyrénées-Orientales, la Moselle, etc.
Un responsable de la FNSEA bretonne explique « aux Echos » que les blocages importants pourront continuer ce week-end, comme à Carhaix dans le Finistère lorsque le nombre de manifestant est suffisant pour assurer une rotation de la présence. La crainte des syndiqués est que la fatigue provoque des débordements ou des violences, en particulier avec les gendarmes.
Dans l’impasse
Les déblocages n’empêchent pas plusieurs sections d’autoroutes comme l’A31 dans l’Est ou l’A28 en Normandie de rester impraticables, le temps de nettoyer les chaussées maculées de paille ou de fumier. L’A9 reste fermée à la circulation a prévenu Vinci Autoroutes par exemple.
La situation paraît terriblement compliquée autant pour la FNSEA que le gouvernement. Surpris par le démarrage du mouvement puis débordée par la base, Arnaud Rousseau est apparu les premiers jours trop proche du pouvoir aux yeux de bien des agriculteurs, voire de responsables départementaux du syndicat. Vendredi soir, il a dû donner le change à ses adhérents en appelant à poursuivre le mouvement malgré des concessions importantes de l’exécutif.
Le gouvernement, Gabriel Attal en première ligne, a déjà grillé plusieurs grosses cartouches avec par exemple le renoncement à l’augmentation de la taxe sur les carburants agricoles. Il pourrait lâcher également plusieurs assouplissements supplémentaires en matière écologique mais au risque de compromettre son image déjà fragile d’équilibriste sur le sujet. Les annonces de vendredi braquent déjà les défenseurs de l’environnement .
L’agriculture est en effet l’un des secteurs économiques les plus en retard dans sa décarbonation, notamment à cause de la difficulté des exploitations à financer les investissements nécessaires au renouvellement des machines. La hausse de la taxe sur les carburants devait justement financer l’accès à des tracteurs moins polluants par exemple.
Une semaine impossible
D’autres acteurs sont également pris dans l’étau de cette crise comme l’industrie agro-alimentaire et les distributeurs. Muets depuis des jours, ces secteurs étaient déjà sous pression des consommateurs et du gouvernement pour aboutir à des baisses de prix lors du round actuel de négociations commerciales qui s’achève dans quelques jours. Les Français ont subi 20 % d’augmentation de leur chariot de course depuis le début de l’inflation il y a plus de deux ans.
L’industrie qui justifie ses hausses par celle de ses charges depuis 2022 se voit maintenant sommée en aval par ses propres fournisseurs de leur relâcher des marges de manoeuvre. Depuis vendredi, le gouvernement a rajouté un coup de pression sur les grands groupes en promettant aux agriculteurs de faire désormais appliquer à la lettre la loi Egalim qui garantit une sécurité des prix des denrées agricoles. Gabriel Attal a même dégainé l’arme de la dénonciation en pointant sans les nommer encore trois entreprises coupables d’abuser de ses fournisseurs. Les tensions dans la filière laitière paraissent particulièrement aiguës entre les géants comme Lactalis et des éleveurs, très mobilisés dans le mouvement.
Bref, à la veille d’une semaine cruciale pour l’évolution des prix de l’alimentation, toutes les parties prenantes se retrouvent enchaînées dans d’inextricables chaînes de négociation. Gabriel Attal va devoir faire preuve de sagacité pour démêler ce mikado autant politique qu’économique.
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