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Publié le 7 nov. 2023 à 7:52
Le Petit Poucet de la finance responsable tient bon : en 2022, l’ encours de la finance solidaire a progressé de 7,4 % à 26,3 milliards d’euros, selon le récent décompte de l’association FAIR qui promeut depuis près de trente cette forme de finance à fort impact social à travers le label Finansol.
Les produits d’épargne qu’elle recouvre ont pourtant eux aussi été touchés par la tourmente des marchés financiers l’an dernier. Il s’agit en effet très souvent de fonds dits « 90-10 », dont 10 % maximum de l’encours est fléché vers des entreprises non cotées de l’économie sociale et solidaire (ESS) quand les 90 % restants sont placés en actions et obligations cotées et en subissent donc les soubresauts. Un ratio d’ailleurs amené à évoluer, puisque la ministre déléguée chargée des PME Olivia Grégoire a annoncé le 6 novembre que la part dédiée à l’ESS devrait être augmentée à 15%, «ce qui permettra de lever jusqu’à 800 millions d’euros d’encours supplémentaire».
« L’effet de marché a eu un impact négatif sur les encours des fonds solidaires l’an dernier, mais il a été compensé par une collecte nette positive », se félicite Frédéric Tiberghien, président de FAIR. Un constat que l’on retrouve en particulier sur le principal canal de distribution de ces fonds : l’épargne salariale. « Les encours de l’épargne salariale solidaire progressent de 8,5 % à 15,3 milliards d’euros, quand, dans le même temps, ceux de l’ensemble de l’épargne salariale se contractent de 3,2 % », précise Frédéric Tiberghien.

Concurrence des fonds monétaires
Tous les signaux ne sont pourtant pas au vert en matière de collecte. Après deux années très dynamiques, sous l’effet notamment du développement de l’épargne salariale grâce à la loi Pacte, les flux d’argent frais se font plus hésitants. « Le contexte inflationniste a joué : certains épargnants ont saisi les opportunités de déblocage anticipé de leur épargne salariale ouvertes par la loi de Finance l’an dernier », signale Guillaume de Vauxmoret, responsable de l’analyse solidaire chez Ecofi. La hausse des taux, surtout, rend à nouveau plus attractifs les fonds monétaires, alors qu’ils offraient pendant des années des rendements similaires à ceux de la finance solidaire.
« Lorsque les taux étaient très bas, les trésoriers d’entreprises se sont intéressés aux fonds solidaires : le niveau des taux actuels, et notamment monétaires, freine évidemment cet intérêt », complète Laurence Laplane-Rigal, directrice de l’investissement à impact social chez Amundi. Un arbitrage qui pourrait aussi concerner les particuliers. « Les épargnants solidaires ont été marqués par le contexte hostile sur la partie cotée des fonds en 2022 : il est donc probable qu’une partie d’entre eux se reportent sur les fonds monétaires et que cela pèse sur la collecte en 2023 », se projette Fabien Leonhardt, responsable de la gestion solidaire chez Mirova.
Rôle de l’assurance-vie
L’enjeu autour de l’essor des fonds solidaires va toutefois au-delà de ces phénomènes conjoncturels : pour stimuler les souscriptions, il faut élargir l’offre. C’est une des vocations, là encore, de la loi Pacte, qui oblige les assureurs-vie à proposer, dans leurs contrats, au moins un support labellisé Finansol. Une mesure similaire avait permis à l’épargne salariale solidaire de décoller : elle s’applique désormais à un marché dix fois plus gros. Le premier bilan du dispositif, véritablement entré en vigueur début 2022, s’avère néanmoins mitigé.
L’encours de la finance solidaire issue de l’ assurance-vie a ainsi stagné à un peu moins de 3,5 milliards d’euros l’an dernier. « Les assureurs-vie ont bien référencé des fonds solidaires dans leurs contrats mais sans les pousser commercialement : ils se sont donc retrouvés noyés parmi des centaines de supports d’unités de compte et la collecte n’a pas décollé », analyse Fabien Leonhardt. D’autres observateurs se veulent plus optimistes : « C’est une croissance qui va s’étaler sur une dizaine d’années, tempère ainsi Frédéric Tiberghien. Les équipes et les fonds sont en train de se constituer. »
Nouveaux acteurs
De fait, à la faveur de ces changements réglementaires, l’écosystème de la finance solidaire – historiquement assez concentré – tend à s’étoffer. A côté des acteurs historiques (Amundi, Mirova, Ecofi ou encore BNP Paribas AM), plusieurs gérants d’actifs se sont ainsi récemment positionnés, à l’image d’Arkea IS ou encore de Crédit Mutuel AM. « Nous avons créé un fonds qui agrège l’ensemble de nos investissements solidaires pour leur donner plus de cohérence et pour favoriser l’accompagnement des structures financées », indique Philippe Poiré, responsable de la RSE et de la finance solidaire chez Crédit Mutuel AM. D’autres acteurs ont également noué, ces derniers mois, des partenariats avec des spécialistes : INCO Ventures, par exemple, gère désormais l’essentiel des investissements solidaires d’Abeille Assurance – y compris l’Afer -, Generali ou encore Sycomore.
La prochaine étape, pour la finance solidaire, est de parvenir à séduire une clientèle plus institutionnelle. Les family offices, qui gèrent les fortunes de grandes familles, sont déjà présents, mais les purs institutionnels (banques pour leur compte propre, mutuelles, caisses de retraite…) sont plus durs à convaincre. « Même si une majorité est sensibilisée aux enjeux environnementaux et sociaux, leur premier critère reste la rentabilité, pointe Laurence Laplane-Rigal. Mais il est possible d’allier performance financière et impact en investissant sur les entreprises innovantes qui apportent des solutions à la transition à la fois environnementale et inclusive. » La finance solidaire devra réussir à activer l’ensemble de ces canaux si elle veut continuer de soutenir l’ESS, dont les besoins de financement vont croissant.
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