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Tout était prêt pour le lancement de la campagne présidentielle, qui devait débuter dans la nuit de samedi à dimanche, mais il a suffi de quelques minutes pour que le Sénégal bascule dans l’inconnu. Au cours d’une brève allocution retransmise samedi en direct à la télévision, le président de la République a annoncé l’annulation du scrutin, tout en réaffirmant « [son] engagement solennel à ne pas [se] présenter à l’élection présidentielle ».
Macky Sall a justifié cette annulation par le « différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert à propos d’une supposée affaire de corruption. » Karim Wade, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel le 20 janvier dernier à cause de sa double nationalité franco-sénégalaise, accuse en effet deux sages d’avoir été corrompus et une commission d’enquête parlementaire a été chargée de faire la lumière sur ces accusations. « Ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin », a estimé le président de la République, en appelant à un « dialogue national », mais sans donner de nouvelle date pour la tenue de l’élection.
« Aucune base juridique »
Le Quai d’Orsay a appelé à « lever les incertitudes autour du calendrier électoral ». C’est la première fois dans l’histoire de ce pays à forte tradition démocratique qu’une élection présidentielle est reportée. « Il y a une certaine sacralité autour de l’élection présidentielle ici au Sénégal, rappelle Babacar Ndiaye, du think tank politique Wathi. On a déjà reporté des élections locales, mais jamais l’élection du chef de l’Etat. » Et d’ajouter : « Nous entrons dans une période d’incertitude inédite. »
Juristes et observateurs de la vie politique sénégalaise s’interrogent également sur la légalité de cette décision. « Il n’y a aucune base juridique à l’abrogation de l’élection. En aucun cas, la Constitution ne permet au président de prolonger son mandat, souligne Sidi Diop, analyste politique. Le mandat de Macky Sall prend fin le 2 avril prochain, après ça, nous entrons dans un vide juridique. »
Appels à manifester
En quelques heures, le président de la République a réussi à fédérer contre lui l’opposition, qui avançait jusqu’alors en ordre dispersé. C’est d’abord Khalifa Sall, candidat et ancien maire de Dakar, qui a réagi en appelant à faire barrage à cette « tentative de coup d’Etat constitutionnel » et à « dresser des barricades contre la monarchisation [du] pays ».
D’autres candidats lui ont rapidement emboîté le pas. Du côté de Bassirou Diomaye Faye, principale figure de l’opposition, qui remplace le très populaire Ousmane Sonko dans la course à la présidence, on déplore « un artifice pour conserver le pouvoir et un dévoiement de la démocratie sénégalaise. » Amadou Ba, mandataire du candidat, assure que son parti fera campagne malgré la décision de Macky Sall : « Le processus électoral va continuer et nous irons à la rencontre des électeurs dimanche comme c’était prévu. »
Sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes de militants d’opposition ont lancé des appels à manifester quelques heures après la déclaration du président. « S’il faut descendre dans la rue j’irai dans la rue. Pas pour moi, mais pour mes enfants, mes petits enfants », prévient Ablaye Mbaye, 52 ans, peintre dans le bâtiment à Dakar, bracelet aux couleurs du parti de Sonko au poignet. « Nous, on veut voter pour se débarrasser de ce régime mais ils nous volent notre élection ! » renchérit à ses côtés Moussa Diagne, maçon de 39 ans. Plusieurs rassemblements ont eu lieu à Dakar dimanche. L’opposante et ancienne Première ministre Aminata Touré a été arrêtée à Dakar par la gendarmerie alors qu’elle participait à l’une de ces manifestations.
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