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Voilà de quoi alimenter la controverse sur le principe du crédit carbone. L’Australie avait réservé près de 42 millions d’hectares de terres dans l’outback, son arrière-pays. Ce programme de régénération forestière était l’un des plus importants projets naturels de compensation carbone au monde. Avec les millions de crédits carbone vendus à des entreprises pour qu’elles puissent s’afficher « neutres en carbone », le pays devait compenser les émissions de gaz à effet de serre via la multiplication d’arbres destinés à les absorber.
Or, selon une étude parue mardi dans la revue « Nature Communications, Earth & Environment », dans près de 80 % des zones étudiées, les superficies boisées ont stagné, voire se sont réduites. « En cumulé, la couverture forestière a augmenté d’à peine 0,8 % (28.155 ha) dans la zone de 3,4 millions d’hectares » analysée par les chercheurs, souligne-t-elle.
« Malgré l’absence de changement positif du couvert végétal, les 143 projets [étudiés où la superficie boisée n’a pas augmenté, NDLR] ont donné lieu à 22,9 millions de crédits » entre 2013 et 2022, explique l’équipe de chercheurs, qui a utilisé des images satellite pour suivre l’évolution des zones boisées dans un échantillon des secteurs concernés par le projet.
Manque de transparence
L’Australie a vendu des crédits carbone qui, virtuellement, n’existaient pas, dénonce Andrew Macintosh, l’auteur principal de l’étude. « C’est une catastrophe » qui « entachera » la réputation de l’Australie, déclare ce professeur de droit de l’environnement à l’Australian National University.
« Des contrôles sont censés être effectués au cours du processus. Mais ils ne les appliquent pas », dénonce cet ancien président de l’organisme gouvernemental responsable du suivi des compensations carbone de l’Australie. « Notre système est sans aucun doute l’un des moins transparents au monde. »
Le régulateur australien des énergies propres a récusé toute irrégularité, assurant qu’« un certain nombre d’examens ont confirmé l’intégrité » des compensations carbone, et affirmant n’émettre des crédits carbone « que lorsqu’un projet peut démontrer la régénération d’une forêt indigène ». Le ministre australien au Changement climatique et à l’Energie, Chris Bowen, a déclaré que les mécaniques du système étaient « fondamentalement saines ».
Un marché de 2 milliards de dollars en 2022
Le marché des crédits carbone, qui n’est supervisé par aucune instance, a explosé ces dernières années au niveau mondial pour atteindre 2 milliards de dollars en 2022 avant de ralentir en 2023, accablé par des enquêtes ayant remis en cause les bénéfices environnementaux et sociaux des crédits carbone.
Les compensations de carbone sont un élément central de la politique climatique en Australie depuis deux décennies. L’Etat s’est engagé à réduire ses émissions de carbone de 43 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, en vue d’atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050. Très vulnérable aux catastrophes naturelles liées au climat, l’Australie demeure l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde par habitant et compte parmi les principaux exportateurs de charbon thermique et de gaz au monde.
Avec AFP
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