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Publié le 8 janv. 2024 à 12:00Mis à jour le 8 janv. 2024 à 12:37
L’AfD est « néfaste pour l’économie et la réputation de l’Allemagne dans le monde ». L’alerte lancée par le président de la fédération industrielle allemande (BDI), Siegfried Russwurm, fin décembre a trouvé un nouvel écho en Allemagne avec la progression de l’extrême droite dans les sondages. Avec 37 % des intentions de vote, l’AfD devance désormais tous les autres partis en Saxe, où se tiendront des élections régionales à l’automne prochain. Le parti convainc 23 % des électeurs au niveau national, soit une progression de 10 % depuis les dernières élections législatives.
Siegfried Russwurm a donc enfoncé le clou en appelant dernièrement les entreprises à « s’opposer clairement aux déclarations de l’Afd et à faire savoir que voter pour eux n’est pas une protestation anodine ». Plusieurs ténors de la Bourse de Francfort lui ont emboîté le pas.
Habitué aux prises de position de son ancien patron, Joe Kaeser, Siemens a ainsi fait savoir que le groupe rejette « avec la plus grande fermeté extrémisme et discrimination ». Le populisme de droite n’est pas hostile seulement à la démocratie, mais aussi à l’innovation et au progrès, commente l’entreprise. « Les objectifs de l’AfD sont fondamentalement opposés à nos valeurs et à nos intérêts fondamentaux », entre autres parce qu’ils exigent une sortie de l’Union européenne, a renchéri Volkswagen lors d’une enquête menée par le magazine « Capital ».
L’infiltration de l’extrême droite dans les manifestations agricoles, préoccupe également le président de l’Union des agriculteurs, Joachim Rukwied. «Nous sommes des démocrates et un changement politique, s’il a lieu, se fera par le biais du vote dans l’isoloir», a-t-il plaidé à la veille des manifestation du 8 janvier.
Extrême droite et cogestion
La présence grandissante de l’extrême droite au sein des entreprises préoccupe aussi le patronat. « Entre 2015 et 2020, de nombreux débats ont eu lieu sur l’implantation du syndicat Zentrum Automobile – proche de l’AfD -, notamment à Zwickau chez Volkswagen, mais aussi chez BMW ou Porsche à Leipzig », rappelle le sociologue Andre Schmidt, de l’université de Leipzig. Le Zentrum Automobile avait encore 17 mandats au sein d’entreprises du secteur en 2022.
Leur tactique est de consacrer moins de temps aux négociations avec la direction et davantage à faire de la présence et montrer que les délégués « s’occupent » du personnel, détaille Andre Schmidt. La même méthode a été utilisée dans le secteur de la santé par le syndicat Zentrum Gesundheit pendant le Covid pour gagner le personnel de soin hostile à la vaccination obligatoire.
Le grand syndicat industriel IG Metall a réagi en renforçant ses permanences et en misant « sur des campagnes plus participatives, par exemple lors du conflit sur la semaine de 35 heures », rappelle Andre Schmidt.
« Impuissance politique » à l’est
Le sociologue observe que la force du populisme en Allemagne de l’Est, s’explique aussi par la faiblesse du syndicalisme et de la cogestion. En l’absence de débat au sein des entreprises, l’expérience démocratique quotidienne est plus faible ce qui renforce un sentiment d’impuissance. De fait, « moins d’un quart des Allemands de l’Est ont le sentiment d’avoir une influence sur le gouvernement, près des deux tiers considèrent qu’il est inutile de s’engager en politique », rappelle-t-il.
Les acteurs économiques de la « Silicon Saxony », cette région près de Dresde où se développe l’industrie des semi-conducteurs, s’inquiètent de la monté de l’extrémisme qui freine le recrutement de main-d’oeuvre qualifiée étrangère dans la région. Une centaine d’entreprises ont formé depuis 2016 le réseau Welcome Saxony pour motiver les citoyens à s’engager dans la société civile et contrer le populisme.
Le positionnement des entreprises n’est toutefois pas unanime. Les campagnes de l’AfD sont financées notamment par de nombreuses PME familiales, mais aussi par quelques grandes entreprises. La presse allemande s’est alarmée récemment de la proximité entre le patron de la grande entreprise laitière Müller et les dirigeants de l’AfD. Le BDI lui-même n’a pas toujours été à l’avant-garde contre l’extrême droite. En 2014, son ancien président Hans-Olaf Henkel avait reconnu un prêt de 1 million d’euros à l’Afd et s’était présenté sous sa bannière aux élections européennes.
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