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Publié le 8 juil. 2023 à 10:50Mis à jour le 9 juil. 2023 à 16:47
Les experts semblaient avoir tranché le débat, Patrick Pouyanné le relance. Interrogé lors d’une table ronde aux Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence, le patron de TotalEnergies n’a pas écarté la possibilité de pénuries de gaz en France, cet hiver.
« En matière gazière, oui, les stocks seront pleins » en octobre, a estimé Patrick Pouyanné. « Mais si l’hiver est froid en Europe », a-t-il averti, les capacités de stockage du Vieux Continent ne suffiront pas pour répondre à la demande de gaz des consommateurs européens tout au long de la saison.
Ce qui ne signifie pas forcément que les Européens manqueront de gaz, mais que les importations nécessaires pour répondre à la demande auront un coût élevé. « Les prix d’ami ne marchent pas dans un marché d’offre et de demande », a fait valoir Patrick Pouyanné.
Le risque de la présidentielle américaine
Autre risque à plus long terme, selon le patron de TotalEnergies : un repli des Etats-Unis sur leur marché domestique. Régulièrement, le débat sur la part des exportations de gaz ressurgit outre-Atlantique. Dans la perspective de l’élection présidentielle qui aura lieu dans plus d’un an, les républicains pourraient être tentés de fermer les vannes des exportations de GNL, afin de limiter la hausse des prix sur le marché intérieur. « Si les républicains décident de cesser les exportations, il y a un risque majeur systémique », affirme Patrick Pouyanné.
Or, l’Europe dépend aujourd’hui en grande partie du gaz américain. En 2022, le Vieux Continent a attiré à lui seul 64 % des exportations de GNL américaines. Les flux des Etats-Unis vers l’Europe ont plus que doublé l’an dernier et la tendance se poursuit cette année.
Les craintes de Patrick Pouyanné, à court terme au moins, ne sont toutefois pas partagées par tout le monde. La directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, s’est ainsi dite « plutôt sereine » sur la sécurité d’approvisionnement l’hiver prochain en raison des efforts de sobriété réalisés et des nouvelles sources d’importation. « Mais on va quand même rester sur un système très volatil dans les années qui viennent », a-t-elle précisé.
Des prix en berne
Le principal gestionnaire du réseau de transport de gaz français se montre, lui aussi, confiant. « Il n’y a pas d’inquiétude sur le niveau de remplissage des stocks européens », assurait il y a quelques jours le directeur général de GRTgaz, Thierry Trouvé, en marge d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’énergie (AJDE). Les seuls cas où la France pourrait manquer de gaz viendraient d’une combinaison peu probable de plusieurs facteurs : des problèmes sur l’offre, avec la fermeture d’une grosse usine de liquéfaction, par exemple, une hausse brutale de la consommation due à un hiver très froid et des problèmes sur les terminaux méthaniers ou les gazoducs. Aucun de ces facteurs n’est observé pour le moment et même dans ce cas, les flux intra-européens pourraient jouer leur rôle.
Le ministre de l’Economie lui-même est monté au créneau. « Aujourd’hui, il n’y a aucune inquiétude à avoir sur le niveau des stockages et sur la situation du gaz en France et en Europe », a répondu, à Aix, Bruno Le Maire, qui se veut toutefois « vigilant ». « Nous avons besoin d’accéder au GNL si nous voulons passer l’hiver prochain sans difficultés », a-t-il ajouté.
Les prix du gaz sont très légèrement remontés depuis la fin du mois de mai mais restent à un niveau nettement inférieur par rapport à la même période, l’an dernier. Le niveau de stockage en Europe est supérieur à la moyenne historique (près de 80 %, et environ 65 % en France) et la demande asiatique n’est repartie que mollement.
Cette tendance pourrait peser sur les résultats des majors pétrolières qui ont, dans leur ensemble, fait le choix de la diversification vers le gaz. Shell a ainsi prévenu que ses revenus gaziers allaient ressortir « nettement en baisse » au deuxième trimestre. TotalEnergies pourrait se retrouver dans la même situation, mais poursuit sa stratégie. Ce dimanche, la compagnie nationale algérienne Sonatrach a annoncé que le pétrolier allait investir 700 millions de dollars pour produire 54 milliards de mètres cubes de gaz et 13 millions de tonnes de condensat.
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