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Publié le 27 déc. 2023 à 15:00
Après une année 2022 record, le marché du gaz est quelque peu rentré dans le rang en 2023. Sur l’année, l’indice TTF des prix du gaz – qui sert de référence au marché européen – a reculé d’environ 60 %. Il est passé de près de 85 euros le mégawattheure à moins de 35 euros, son niveau d’il y a deux ans. C’est encore un peu plus élevé qu’avant le Covid, mais bien loin des 300 euros atteints lors du pic du mois d’août 2022, quand la Russie a cessé d’approvisionner l’Europe par gazoduc.
Signe que le marché a retrouvé une certaine stabilité, les prix n’ont pas augmenté ces dernières semaines malgré des températures basses, notamment en novembre. La principale raison est que les stocks européens restent quasiment pleins. Le recours au marché du gaz naturel liquéfié (GNL) évite de trop tirer sur les réserves.
Au 13 décembre, les stocks de gaz européens étaient encore remplis à près de 90 % en moyenne. Un pays comme l’Espagne disposait encore de 97 % de ses réserves, le Portugal de 99,5 %, l’Allemagne de 91 % et la France de 89 % … En moyenne, ce sont deux points de plus que l’hiver dernier, où les stocks étaient déjà exceptionnellement hauts.
Baisse confirmée de la consommation
Ces chiffres confortent les marchés dans l’idée que l’Europe n’aura pas un besoin urgent de gaz avant plusieurs mois au moins. « Les prix à terme sur les principaux marchés semblent conserver la même structure plane jusqu’à l’été 2024 dans l’hémisphère nord, observe Lu Ming Pang, analyste senior chez Rystad Energy. […] Le point d’inflexion semble s’être déplacé plus tard, vers septembre 2024. Cela peut refléter le sentiment du marché selon lequel les consommateurs finaux seront bien approvisionnés à l’entrée et à la sortie de l’hiver, limitant l’activité des achats au spot et du réapprovisionnement. »
La baisse de la consommation observée l’hiver dernier s’est poursuivie en Europe tout au long de l’année et à l’entrée de cet hiver. Sur la période allant du 1er août au 10 décembre, la consommation de gaz en France a chuté de 22 % par rapport à la même période en 2018, selon les données de GRTGaz. Chez les grands industriels, la réduction atteint même 24,3 %.
Le nouveau rôle des Etats-Unis
Les approvisionnements ont, eux, tenu. La Norvège continue d’alimenter abondamment l’Europe par gazoduc. Les maintenances prévues sur ses sites ne devraient pas avoir d’effet important sur le marché dans les prochains mois.
Le marché du GNL est resté dynamique, avec même une offre plus élevée que prévu du côté des Etats-Unis. Leurs exportations devraient battre un nouveau record cette année. Sur les six premiers mois de 2023, elles ont atteint 577 millions de mètres cubes par jour en moyenne. Et le rôle des Etats-Unis devrait encore s’affirmer dans les années qui viennent. Les grands projets de terminaux de liquéfaction au Texas et en Louisiane continuent d’avancer. Les capacités pourraient être doublées dans les cinq ans à venir.
L’Europe est devenue, de loin, le premier client du gaz américain. En novembre, elle a capté 68 % des exportations en provenance des Etats-Unis. Les cargos continuent de prendre la route du Vieux Continent, car les prix y demeurent plus élevés qu’en Asie, où la demande n’a pas été au niveau attendu. La faiblesse de la reprise économique chinoise a atténué la concurrence sur ce marché.
Des marges de manoeuvre réduites
La crise est toutefois loin d’être terminée. Les marges de manoeuvre de l’Europe demeurent faibles, d’autant qu’elle continue d’importer du GNL russe (près de 15 % de ses importations), qui pourrait à terme disparaître .
Plusieurs épisodes sont venus le rappeler au cours de l’année. Ce fut le cas notamment lors de grèves, voire de menaces de grèves, sur les sites de liquéfaction australiens, qui ont provoqué de forts rebonds sur les marchés mondiaux, le TTF grimpant de 25 % en l’espace de deux semaines en juin . A l’automne, les marchés ont aussi fortement réagi quand le conflit au Proche-Orient a menacé les exportations de gaz égyptiennes ou quand un gazoduc reliant la Finlande à l’Estonie a été endommagé.
Enfin, la demande devrait rester élevée à moyen terme. Si l’Agence internationale de l’énergie affirme que la demande de toutes les énergies fossiles, y compris le gaz naturel, devrait atteindre un pic avant la fin de la décennie, de nombreux pays et énergéticiens considèrent que le gaz est une source d’énergie de transition. La COP28 organisée à Dubaï reconnaît d’ailleurs ce rôle dans son communiqué final . Plusieurs pays, et même de grands industriels, ont passé des contrats à long terme afin de sécuriser leur approvisionnement. « Les projets d’infrastructure n’ont aucun mal à être financés », souligne un observateur.
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