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Publié le 30 juil. 2023 à 15:19
Les investisseurs attendaient avec anxiété les réunions de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne, la semaine dernière. La surprise est venue du Japon. Après avoir encaissé sans frémir deux nouvelles hausses de taux, très attendues, de part et d’autre de l’Atlantique, c’est à l’annonce toute en nuance de la Banque centrale japonaise (Bank of Japan, BOJ) que les marchés ont finalement réagi.
Kazuo Ueda, le gouverneur de la BOJ, a fait un petit pas supplémentaire en direction de la normalisation de la politique monétaire de l’Archipel. L’objectif du taux à 10 ans est officiellement maintenu à 0 %, mais le niveau de 0,5 % qui était jusque-là un plafond, une limite rigide, devient un simple point de référence.
La BOJ a également indiqué qu’elle offrirait désormais un taux fixe de 1 % pour ses opérations quotidiennes d’achats d’obligations publiques japonaises (JGB), au lieu de 0,5 % précédemment. Or laisser remonter – même modestement – les rendements obligataires nourrit immédiatement les anticipations d’une fin prochaine de la politique dite de « contrôle de la courbe des taux ».
Une équation compliquée pour la BoJ
Il n’en est rien, a une fois de plus martelé Kazuo Ueda. L’équation est compliquée pour la BOJ. D’un côté, elle doit lutter contre le retour de l’inflation. Cette dernière a atteint 3 % en 2022-2023, du jamais vu depuis 1981. Et les dernières prévisions ont dû être revues à la hausse : l’inflation est désormais attendue à 2,5 % hors produits frais pour l’exercice 2023-2024 (démarré le 1er avril), contre 1,8 % précédemment.
La hausse des prix qui fragilise le pouvoir d’achat des ménages est alimentée par la faiblesse du yen , via les importations. La devise japonaise souffre de l’écart grandissant entre la rémunération de l’argent au Japon et à l’étranger, alors que les grandes banques centrales, Fed et BCE en tête, sont engagées dans un cycle de hausse des taux d’une ampleur et d’une rapidité inédites depuis un an à un an et demi.
Eviter un choc
Mais d’un autre côté, la BOJ sait qu’elle doit infléchir sa politique monétaire très graduellement pour éviter un choc au Japon et à l’étranger. Elle ne peut se permettre de laisser les taux lui échapper. Toute envolée serait problématique compte tenu de l’énorme stock de dette publique (260 % du PIB).
Les investisseurs japonais ont en outre investi massivement à l’étranger. Ils comptent notamment parmi les principaux détenteurs étrangers de dette publique dans plusieurs pays (Etats-Unis, France…). Si les rendements japonais redevenaient plus attrayants, ils pourraient être tentés de rediriger une partie de leurs capitaux vers des actifs domestiques, ce qui, au vu de l’importance des flux, pourrait créer des perturbations sur les marchés internationaux.
Dans la foulée de l’annonce, le rendement de la dette japonaise à 10 ans a immédiatement testé l’ancien plafond de 0,5 % pour toucher son plus haut niveau depuis 2014 (0,575 %).
Le contrôle de la courbe des taux
Introduite en 2016 après des années d’achats massifs d’obligations, la politique de contrôle de la courbe des taux, connue sous son acronyme anglais YCC (yield curve control) devait permettre à la Banque du Japon de maintenir les taux à court terme à un niveau bas (-0,1 %), tout en permettant aux taux à long terme d’augmenter. Le but : lutter contre le risque de déflation, sans faire baisser les revenus des institutions financières (y compris les assureurs vie). Initialement, l’objectif pour le rendement des taux à 10 ans était fixé autour de 0 %, avec une fluctuation minime autorisée, de l’ordre de 0,1 point de pourcentage. En 2018, la BOJ a élargi la fourchette, déclarant que le rendement à 10 ans serait autorisé à bouger environ deux fois plus que la limite initiale. Puis en 2021, elle a précisé que la marge de fluctuation était de 0,25 point de pourcentage dans les deux sens. En décembre dernier, la BOJ l’avait modifiée pour permettre aux rendements à long terme de bouger de 0,5 % dans les deux sens.
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