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Ambitionnant de créer « un champion européen » de l’industrie de défense, le groupe industriel belge John Cockerill négocie avec Volvo le rachat d’Arquus, fabricant français de matériel militaire terrestre, dont les bases des canons Caesar et des blindés du programme Scorpion.
En attendant de monter à bord du Scaf, la Belgique pourrait bientôt s’installer à bord des véhicules blindés d’Arquus. Ambitionnant de créer « un champion européen » de l’industrie de défense, le groupe industriel belge John Cockerill négocie avec Volvo le rachat d’Arquus, fabricant français de matériel militaire terrestre, dont les bases des canons Caesar et des blindés du programme Scorpion.
« John Cockerill annonce son entrée en négociations exclusives avec le Groupe Volvo pour l’acquisition d’Arquus, un leader dans la fabrication de véhicules militaires en France », a indiqué lundi la société dans un communiqué, sans mentionner de montant pour la transaction.
Volvo a confirmé l’accord préliminaire dans un communiqué distinct, en soulignant qu’il restait soumis à l’approbation des autorités. L’entreprise suédoise estime que l’opération, si elle va à son terme comme prévu au premier trimestre 2024, aura un effet négatif de 900 millions de couronnes (80 millions d’euros) sur son résultat opérationnel au quatrième trimestre 2023.
Selon Volvo, Arquus emploie quelque 1.200 personnes en France. La société a réalisé un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros en 2022. Arquus, anciennement Renault Trucks Defense vendu par le groupe au Losange à Volvo en 2001, est l’héritier de plusieurs fabricants de blindés français ayant rejoint son périmètre au cours des ans, dont Berliet, Saviem, ACMAT et Panhard.
Aujourd’hui, il fabrique des véhicules blindés et du matériel roulant à destination de l’armée de Terre française, notamment les camions servant de base aux canons à longue portée Caesar, assemblés par Nexter.
Arquus, qui a sorti 1.272 véhicules neufs en 2022, est aussi un acteur important du programme Scorpion qui prévoit le renouvellement des blindés de l’armée de Terre française par des engins connectés entre eux. Il produit les châssis et les roues des blindés Jaguar (engins de reconnaissance équipés d’un canon) et Griffon (transport de troupes), éléments essentiels de Scorpion.
La maintenance et la réparation des véhicules représentent plus de 40% de son chiffre d’affaires, alors qu’Arquus peine à s’imposer à l’étranger face à la concurrence de nouveaux acteurs aux dents longues, comme des entreprises sud-coréennes et turques.
Objectif un milliard d’euros
Pour John Cockerill, qui souligne être déjà un « fournisseur important de tourelles de chars pour blindés légers, de systèmes de tir et de simulation », cette opération contribuerait « au renforcement de la coopération entre la France et la Belgique dans un secteur stratégique ».
Elle marquerait « également une étape majeure dans la création d’un champion européen de la défense, positionné de manière unique pour répondre aux besoins évolutifs des gouvernements en France, en Belgique, en Allemagne et dans d’autres pays partenaires », selon le groupe belge.
De même source, « les opérations combinées de John Cockerill Defense et d’Arquus visent un chiffre d’affaires annuel de 1 milliard d’euros et un effectif de 2.000 professionnels d’ici 2026, avec une présence mondiale et des bases opérationnelles majeures en Belgique, en France, en Italie, en Inde et en Arabie Saoudite ».
Le communiqué ne mentionne pas d’éventuelles conséquences sur l’emploi de la possible intégration d’Arquus dans le groupe belge. Arquus, dont le siège est à Versailles (Yvelines) détient des installations à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, maintenance), Fourchambault (Nièvre, logistique), Limoges (production de véhicules neufs) et Marolles-en-Hurepoix (Essonne, militarisation et rénovation de pièces).
Cette opération interviendrait alors que la France et la Belgique ont noué en 2018 un partenariat baptisé CaMo (capacité motorisée) visant à doter les deux armées de Terre de matériels terrestres et doctrines semblables. L’armée belge va ainsi se doter de 382 Griffon, de 60 Jaguar et de 28 canons Caesar, qui équipent déjà l’armée française. Ces derniers ont fait la une de l’actualité ces derniers mois après que Paris en a fourni 30 exemplaires à l’Ukraine pour tenter de contrer l’invasion russe.
Volvo avait déjà essayé en 2016 de vendre sa branche défense, dont Renault Trucks Defense était le fleuron, avant d’y renoncer en 2017 faute d’offre de reprise intéressante.
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