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Publié le 5 juil. 2023 à 17:39Mis à jour le 5 juil. 2023 à 18:21
La Porte de l’Enfer va-t-elle se refermer ? Ce champ de gaz naturel brûle depuis… 1971. Situé au Turkménistan, l’un des pays les plus fermés au monde, ce cratère a été créé par accident par les Soviétiques. Ils tentaient à l’époque d’exploiter les immenses réserves de gaz de la région.
C’est aujourd’hui encore l’un des désastres écologiques les plus impressionnants de la planète – et la principale attraction pour les rares touristes qui visitent la république d’Asie centrale. Ses flammes, alimentées par le gaz présent dans le sous-sol, libèrent de gigantesques quantités de méthane dans l’atmosphère.
Après plus de cinquante ans de quasi-abandon, la Porte de l’Enfer attire de nouveau l’attention et se retrouve au centre des discussions entre le Turkménistan et les principales puissances mondiales, y compris l’Union européenne.
Diversification
La guerre en Ukraine et la crise énergétique ont tout accéléré. En termes de potentiel, le pays est la quatrième puissance gazière mondiale (derrière la Russie, l’Iran et le Qatar), avec des réserves estimées à 14.000 milliards de mètres cubes. Aujourd’hui, ce potentiel reste sous-exploité. Le pays n’est que le onzième producteur au monde, et sa production part pour plus des trois quarts vers la Chine.
Or, aujourd’hui, le président Serdar Berdimuhamedow tente de diversifier ses partenaires. « Les Chinois ont essayé de profiter de leur position dominante sur les exportations gazières d’Achkhabad pour lui imposer des prix de vente au rabais. Les Turkmènes ont compris qu’il n’était pas dans leur intérêt de trop dépendre de leur client chinois et ont donc repris langue avec les Russes et même, plus récemment, avec les Iraniens », explique Michaël Levystone, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Les relations avec le voisin russe avaient été perturbées par la question gazière depuis l’indépendance. Elles se sont réchauffées ces derniers mois, Moscou sentant le danger de voir l’Asie centrale basculer dans la sphère occidentale. La Russie a recommencé à acheter du gaz turkmène. Le Turkménistan a aussi vu son projet de gazoduc vers l’Inde et le Pakistan perturbé par des problèmes de sécurité en Afghanistan.
Une « fenêtre de tir réduite »
Les Occidentaux ont donc tenté de s’engouffrer dans la brèche. Ces dernières semaines, plusieurs délégations européennes se sont rendues au Turkménistan pour étudier les contours d’une nouvelle collaboration. Cela pourrait représenter 10 à 15 milliards de mètres cubes, soit à peu près l’équivalent des importations de GNL russe aujourd’hui. Le gazoduc de la Transcaspienne, qui relierait le Turkménistan et l’Azerbaïdjan à l’Europe, via la Turquie, pourrait servir ces projets. Ankara a récemment tenté de le ressusciter.
« Pour le Turkménistan, il y a une fenêtre de tir réduite avec l’Europe. Nous avons besoin de sécuriser des approvisionnements à court terme. Après, avec la baisse annoncée de la consommation et les nouvelles infrastructures aux Etats-Unis et au Qatar, cela n’aura plus de sens. Si un accord n’est pas trouvé dans les prochains mois, il n’arrivera jamais », souligne un observateur du marché, impliqué dans les négociations.
Washington en embuscade
Celles-ci ne font pas l’unanimité chez les Etats membres. La situation des droits de l’homme et les normes environnementales catastrophiques au dans le pays rebutent. Un article récent du « Guardian », qui se basait sur les données de la société française Kayrros, révélait que le Turkménistan était le premier émetteur de méthane de la planète.
Dans la foulée, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils avaient conclu un accord de coopération avec Achkhabad pour « déployer des solutions de détection et de réparation des fuites et développer un plan d’investissement de réduction des émissions de méthane dès 2023. » Un premier pas américain vers le marché turkmène…
« Le projet transcaspien relève plus du fantasme aujourd’hui, estime Michaël Levystone. En l’état actuel, cela ferait davantage sens pour le Turkménistan d’accentuer sa coopération gazière avec le russe Gazprom, notamment en vue de rénover ses infrastructures énergétiques. Mais ce n’est pas la direction vers laquelle s’engage le pays, qui accroît progressivement le volume de ses exportations vers son voisin iranien, et n’a visiblement pas renoncé à son projet de gazoduc vers l’Afghanistan, l’Inde et le Pakistan… »
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