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Au Brésil, le commerce de l’or est aussi anarchique que lucratif. Pendant longtemps, il a suffi d’un bout de papier griffonné sur un coin de table pour « légaliser » l’extraction et la vente d’or. Cela s’appelait officiellement « une déclaration de bonne foi », selon un décret de 2013.
Le nouveau projet de loi vise à changer tout cela. « Les règles en vigueur stimulent le marché noir. Ce projet de loi est salutaire car il durcit les règles afin de contrôler le commerce de l’or », affirme Larissa Rodrigues, chercheuse au think tank Escolhas, qui s’est mobilisé sur ce thème depuis plusieurs années.
Escolhas a ainsi constaté que plus de la moitié de la centaine de tonnes d’or produites au Brésil en 2021 était de source illégale. Le montant officiel des exportations s’est élevé cette année-là à 5,3 milliards de dollars.
Moraliser la filière
Il s’agit de corriger le tir « pour moraliser la filière de l’or au Brésil », ajoute Larissa Rodrigues. D’autant plus que la hausse des cours de l’or a stimulé la production. « La règle de la ‘bonne foi’ signifiait que ce n’était pas la peine de montrer d’où venait l’or, même s’il provenait de territoires indigènes occupés illégalement par des orpailleurs », dit-elle. Les négociants seront ainsi obligés de présenter des documents officiels du Fisc afin de prouver quelle est l’origine de l’or.
« L’absence de contrôle a stimulé l’illégalité, et le crime rapporte beaucoup d’argent », ajoute Larissa Rodrigues. Des activités clandestines qui alimentent aussi bien le blanchiment d’argent au profit des réseaux de trafic de drogue locaux, que la contrebande avec les pays voisins.
L’expansion désordonnée de l’orpaillage illégal est l’une des causes de la déforestation, selon les observateurs. Sa pratique à l’échelle industrielle, notamment en Amazonie, pollue les cours d’eau en raison du mercure utilisé pour séparer les particules d’or des sédiments. Des substances qui contaminent à leur tour les Indiens d’Amazonie.
Enjeu politique
Les entreprises du secteur minier brésilien appuient fortement cette initiative du gouvernement Lula. « L’orpaillage illégal est plus qu’une question économique et financière. Il y a aussi une dimension sociale et environnementale à prendre en compte. C’est l’un des plus graves problèmes identifiés dans la région de l’Amazonie, qui affectent les peuples autochtones et les habitants des zones urbaines », affirme l’Institut brésilien des activités minières (IBRAM).
L’IBRAM est présidé par Raul Jungmann, un ancien député et ministre progressiste qui veut encore aller plus loin dans la lutte contre l’illégalité. Mais au Congrès, la bataille s’annonce rude. La chambre des députés est dominée par le lobby agricole, plus proche des thèses de l’ancien président Jair Bolsonaro, qui souhaitait au contraire légaliser les activités minières en territoires indigènes.
En attendant que le projet de loi soit débattu par la classe politique, les services du ministère de l’Environnement ont engagé des opérations coup de poing en Amazonie pour détruire le matériel des orpailleurs illégaux.
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