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Publié le 9 sept. 2023 à 15:28Mis à jour le 9 sept. 2023 à 20:06
Le pupitre du Bundestag n’a pas eu une journée facile ce vendredi. Tout au long de l’après-midi, le pauvre n’a cessé d’être martelé par les orateurs remontés qui s’y succédaient. Il y a eu des applaudissements, des huées, des invectives. La vice-présidente de l’Assemblée a dû rappeler les députés à l’ordre à plusieurs reprises et après quelques difficultés techniques, on a réussi à couper le micro de ceux qui s’y attardaient.
« Arrêtez de crier », a tonné un député à un autre qui l’interpellait, tandis que le secrétaire général des sociaux-démocrates, Kevin Kühnert, en venait à s’excuser auprès du public en tribune. Dans une atmosphère pareille, un Bourvil allant faire son marché noir aurait sans doute filé doux.
« Un jalon essentiel »
Il faut dire qu’il s’agissait d’une loi sur le chauffage, à l’impact très concret pour la population allemande. Adoptée en fin d’après-midi, celle-ci va imposer dans les nouveaux bâtiments le remplacement des chaudières au gaz et au fioul par des systèmes fonctionnant à 65 % à partir d’énergie renouvelable. Elle entrera en vigueur à partir de 2024.
« Cette loi est un jalon essentiel pour la protection du climat. Nous devenons moins dépendants des énergies fossiles et renforçons la sécurité énergétique », a déclaré le ministre de l’Economie de la protection du Climat, Robert Habeck.
Prévue à l’origine pour tous les bâtiments, la loi a été modifiée au printemps sous la pression des libéraux membres de la coalition gouvernementale. Les Verts ont dû mettre de l’eau dans leur vin et limiter le basculement immédiat aux seuls logements neufs.
Pour les bâtiments existants où l’on installe un nouvel équipement, il y aura donc des délais allant jusqu’en 2028 afin de tenir compte des programmes thermiques planifiés par les communes. Le tout afin qu’un immeuble puisse éventuellement se relier à un chauffage urbain.
Les systèmes au gaz susceptibles de fonctionner avec de l’hydrogène seront aussi autorisés et des subventions allant jusqu’à 70 % des coûts d’investissements sont prévues pour aider les ménages. Tous les demandeurs pourront obtenir une aide de base de 30 %.
Un virage important
Les technologies acceptées iront du chauffage urbain aux pompes à chaleur, en passant par le chauffage électrique, à base de biomasse, de solaire thermique ou bien hybride (chauffage renouvelable et gaz ou fioul). Mais il y a fort à parier que les ménages n’auront pas un choix aussi étendu. De leur côté, les chauffages au fioul et au gaz existants pourront continuer à être utilisés.
Pour la population allemande, cette loi constitue un virage important. Environ 80 % des systèmes de chauffage utilisent des énergies fossiles outre-Rhin et changer va s’avérer onéreux. Si l’on opte par exemple pour une pompe à chaleur, il faut compter entre 15.000 et 30.000 euros d’investissements.
« Un passage en force »
Quel a été l’impact politique de la loi ? « Elle a été perçue par la population comme un passage en force, et a terni l’image du leader écologiste Robert Habeck, jusqu’alors très apprécié, explique Tillman Mayer, professeur en sciences politiques à l’Université de Bonn. La réputation de l’ensemble de la coalition en pâtit aujourd’hui. »
Pour l’opposition de droite, elle aurait pu être une opportunité politique. « Mais après Merkel, la CDU n’a toujours pas retrouvé son prestige et son profil », estime Tillman Mayer.
Au lieu de cela, c’est plutôt le parti d’extrême droite Afd qui a tiré les marrons du feu avec des intentions de vote atteignant les 22 % dans les derniers sondages. Une montée en puissance des partis populistes qui devrait probablement être confirmée lors des élections régionales en Bavière et en Hesse début octobre.
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