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Les étoiles sont alignées, à l’Afrique d’en profiter. C’est le message délivré par la Cnuced (Conférence des nations unies pour le commerce et le développement) dans son rapport 2023 sur le développement économique du continent, intitulé « Le potentiel de l’Afrique pour attirer les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique ».
Dans ce document touffu de 236 pages, l’agence spécialisée de l’ONU explique que l’abondance des ressources indispensables à la tech mondiale sur le continent et l’essor d’un marché de consommation local font de l’Afrique une géographie pertinente pour implanter des unités de production – qu’il s’agisse de pièces automobiles, de batteries de smartphones, de médicaments de base ou encore de cellules photovoltaïques.
Effet démultiplicateur
Le rapport est un appel aux dirigeants africains à se concerter et à mettre en place les réglementations et infrastructures adéquates pour décider les investisseurs à franchir le pas. « Nous exhortons les pays africains à éviter d’être enfermés dans la fourniture « simplement » de matières premières, ce qui se traduit par une intégration de très faible valeur aux chaînes d’approvisionnement mondiales », écrit Rebeca Grynspan, la secrétaire générale de la Cnuced.
Pour l’agence de l’ONU, l’Afrique y gagnerait une plus grande résilience aux chocs mondiaux – alors que son rôle actuel de fournisseur de matières brutes rend le continent très vulnérable à la conjoncture. La guerre en Ukraine, dans laquelle aucun pays africain n’est directement impliqué, s’est ainsi traduite par un coup de frein sur la croissance du continent – passée de 4,5 % du PIB en 2021 à 3,7 % en 2022.
La Cnuced assure aussi que miser sur les chaînes d’approvisionnement technologiques peut avoir un effet démultiplicateur sur les emplois et le salaire moyen – qui est actuellement inférieur en Afrique de moitié au salaire moyen mondial (220 dollars par mois, contre 486) – car les jobs à contenu technologique sont généralement mieux payés que les autres (environ deux fois plus aux Etats-Unis).
Des mines et des hommes
Le premier atout de l’Afrique pour s’imposer dans ces domaines (automobile, téléphonie mobile, pharmacie, photovoltaïque…) est son sous-sol, selon la Cnuced. Le Continent recèle une petite moitié des réserves mondiales de cobalt et de manganèse – deux métaux essentiels à la fabrication de batteries électriques par exemple – mais aussi une production significative d’autres matériaux clef : argent, titane, nickel, lithium, graphite… .
« On estime que construire une usine fabriquant 10.000 tonnes de précurseur [un ingrédient essentiel de la fabrication des batteries, NDLR] en République démocratique du Congo, par exemple, pourrait coûter 39 millions de dollars, ce qui est trois fois moins que pour une usine similaire dans un pays qui ne disposerait pas des ressources naturelles requises », explique le rapport.
Le deuxième atout stratégique du continent est sa démographie. Dès 2030, un consommateur sur cinq dans le monde résidera en Afrique. Un sur quatre en 2050. Ces populations sont jeunes, ont un appétit pour la technologie… et dépensent de plus en plus : environ 2.100 milliards de dollars attendus en 2025 selon la Cnuced, contre 1.400 milliards dix ans plus tôt.
Une opportunité historique
Enfin, le moment est opportun. Les crises de ces dernières années – à commencer par le séisme financier de 2008, suivi par le Covid et la guerre en Ukraine – ont acté la nécessité de sécuriser les chaînes d’approvisionnement mondiales. « Apple a perdu environ 6 milliards de dollars de ventes potentielles d’iPhone et autres produits en raison notamment des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs en 2021 », rappelle le rapport.
Tous les pays, et toutes les entreprises, relocalisent des pans entiers de production pour minimiser les risques (et leur empreinte carbone au passage). L’Afrique peut profiter de cette opportunité historique.
Les experts de la Cnuced ne cachent pas que les obstacles sont nombreux : infrastructures déficientes, prégnance du secteur informel, faiblesse des institutions, fragmentation des marchés, financements insuffisants, risques politiques… Mais ils pointent aussi les signes encourageants, comme la création récente d’une zone de libre-échange africaine (la Zlecaf).
Les auteurs du rapport rappellent également que le continent ne part pas de zéro. Dans l’automobile, certains pays comme le Maroc ont déjà su attirer les industriels. La production de véhicules a été multipliée par trois en vingt ans pour frôler le million d’unités en 2021, mais elle ne représente que 1,2 % de la production mondiale. Pour ce qui est des smartphones, plusieurs groupes se sont déjà lancés : le chinois Transsion fabrique ses téléphones – les plus vendus sur le continent – en Ethiopie ; le groupe africain Mara au Rwanda ; la start-up VMK à Brazzaville… Charge aux dirigeants africains de souffler sur ces premières braises.
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