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Tous les responsables politiques se disent aujourd’hui à l’écoute des classes moyennes. Le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal considère même qu’elles « sont le coeur battant de notre pays » . Il leur promettait, quand il était à Bercy, « un plan Marshall ». Mais qui sont-elles ? A l’heure où chacun essaie de capter cet électorat, l’Institut Montaigne s’est penché dans un rapport publié ce mercredi sur cette question essentielle pour apporter des réponses à leur malaise.
Il n’y a en effet pas de définition unique des classes moyennes. Par ailleurs, selon l’influent think tank libéral, le critère de profession et catégorie socioprofessionnelle souvent retenu ne reflète plus la réalité de cette population. De plus, il écarte de facto les retraités et les chômeurs ainsi que ceux qui occupent un emploi non salarié mais entrent dans cette catégorie.
Bipolarisation
Pour Lisa Thomas-Darbois, directrice adjointe des études France de l’Institut Montaigne auteure de l’étude, le critère de revenus apparaît plus pertinent, même s’il fait lui aussi débat. Elle considère ainsi à l’image du Crédoc qu’il s’agit de tous ceux qui se situent « entre les 30 % les plus modestes et les 20 % les plus aisés ». Soit la moitié de la population française âgée de 15 ans et plus, répartie en deux catégories distinctes : une classe moyenne inférieure aux revenus nets compris entre 1.440 euros et 2.260 euros par mois avant impôt et une classe moyenne supérieure qui perçoit entre 2.260 euros et 3.100 euros de revenus nets.
« Cette bipolarisation provient notamment d’une progression moins rapide des revenus des classes moyennes par rapport au niveau de vie médian », précise l’étude. Les Français sont toutefois plus nombreux à s’autopositionner sous cette bannière : En 2023, 63 % d’entre eux estimaient en faire partie.

« L’analyse par le revenu est un indicateur mais il n’est plus suffisant », souligne Lisa Thomas-Darbois. D’autres facteurs doivent être pris en compte : le patrimoine immobilier par exemple mais aussi le poids du ressenti car « les classes moyennes se sont construites sur des fondements sociologiques bien définis ». Face à la crise inflationniste, elles se sont retrouvées « victimes de leur propre construction sociale et des dépenses contraintes qui en résultent », plus que de la dégradation de leurs revenus.
Hantées par la peur du déclassement pour leurs enfants, elles aspirent à la promotion sociale via l’éducation et le travail. Ce qui les conduit à rechercher la protection de l’Etat, avec l’espoir qu’il tienne sa promesse « républicaine et méritocratique » face au « risque » de l’avenir.
« Illégitimité du système »
Ces angoisses ont remis les classes moyennes au centre du débat public amenant le gouvernement à leur promettre une geste de 2 milliards d’euros . Ces dernières ont le sentiment de contribuer davantage au système de redistribution français, qu’elles ne reçoivent. « La force contributrice des classes moyennes dans le système de redistribution est une réalité », note l’Institut Montaigne.
Le think tank rappelle que les classes moyennes inférieures et supérieures représentent ensemble 40 % des foyers fiscaux et 100 milliards d’euros d’impôt direct. Pour celles-ci, « le bénéfice de la redistribution tend à s’annuler au regard des contributions versées », les prestations sociales étant davantage fléchées vers les plus démunis. Ce ciblage alimente « la crise d’illégitimité du système », insiste-t-il.
L’étude suggère d’agir sur quatre leviers pour améliorer la situation des classes moyennes : tout d’abord, revaloriser les revenus tirés du travail, qui représente pour elles « une valeur fondamentale », selon Lisa Thomas-Darbois, mais paie de moins en moins en raison du poids de la fiscalité.
Ensuite, revoir la politique du logement pour mieux inclure cette population qui fait à la fois les frais des effets de seuil et peut de moins en moins accéder à la propriété.
Le rapport préconise aussi des mesures dans le secteur de l’éducation, en particulier pour remédier aux inégalités territoriales d’accès à l’enseignement supérieur qui « immobilisent l’ascenseur social ».
Enfin, s’agissant du défi climatique, il pointe la nécessité d’anticiper les effets monétaires et sociaux afin d’intégrer aux mieux les contraintes des classes moyennes. Un sujet inflammable comme l’a montré la crise des « gilets jaunes » il y a quelques années. L’Institut Montaigne devrait faire des propositions concrètes et chiffrées dans les prochains mois.
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