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La junte militaire au pouvoir en Birmanie aligne revers sur revers face à une coalition de rebelles. Elle qui avait interrompu par un coup d’Etat, il y a trois ans, la timide expérience de démocratisation du pays est désormais fortement fragilisée.
Son putsch avait ravivé des insurrections actives dans cette mosaïque d’ethnies, en majorité bouddhistes mais aussi musulmanes et chrétiennes. Cette ancienne colonie britannique n’a presque jamais été totalement en paix depuis son indépendance, en 1948.
Une mosaïque d’ethnies rivales ou coalisées
Les ethnies, surtout frontalières (Karen, Shan, Kayin, Rohingya ou dans l’Etat de Rakhine) demandent plus d’autonomie politique, le contrôle d’une partie des richesses naturelles du pays, essentiellement les pierres précieuses, sur fond de trafic d’opium.
Un trafic que les militaires ne sont pas les derniers à pratiquer, même si la pratique est officiellement passible de la peine capitale. Le pavot rapporte la majorité des recettes en devises du pays. Les richesses échappent largement à la population, dont 40 % vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, contre 25 % avant le putsch.
L’armée perd du terrain
C’est dans l’Etat de Rakhine, sur le littoral ouest du pays, que l’armée a enregistré son dernier revers, avec la prise de contrôle du port de Pauktaw, jeudi, par l’Armée d’Arakan (AA). Des combats intenses s’y sont déroulés, et la ville a été bombardée durant des semaines par les navires et hélicoptères de l’armée régulière.
L’Armée d’Arakan joue un jeu trouble. Après s’être associée au régime pour réprimer et expulser les Rohingyas, musulmans, dont près de 800.000 ont fui en Inde, elle a changé d’alliance récemment.
L’AA avait ainsi participé fin octobre à une offensive coordonnée aux côtés de deux autres groupes ethniques minoritaires, l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar et l’Armée de libération nationale Ta’ang, dans l’Etat Shan, au nord, près de la frontière chinoise.
L’armée peine à recruter
Ces groupes armés s’étaient emparés de dizaines d’avant-postes et de casernes, ainsi que de quatre villes et de routes stratégiques à la frontière chinoise. Pékin est, de loin, le principal partenaire économique du pays et le parrain du régime. Début janvier, la coalition de rebelles a annoncé un cessez-le-feu négocié par Pékin, mais celui-ci ne s’applique pas aux zones proches de la frontière indienne, à l’ouest.
L’armée, longtemps efficace pour réprimer des rebelles, peine à recruter et contrôle désormais surtout les villes et les grands axes. L’AA s’est aussi emparée de la ville de Paletwa dans l’Etat Chin, non loin de la frontière avec le Bangladesh, et de six bases militaires le long de la frontière de l’Etat indien de Mizoram.
L’Inde érige une clôture
En conséquence, des centaines de soldats birmans ont fui vers l’Inde à travers la frontière de 1.200 km, assez poreuse entre jungle et sommets enneigés. Ce qui a poussé New Delhi à décider, il y a une semaine, d’ériger une clôture, en contradiction avec un accord de libre circulation des résidents.
L’Inde est coutumière du fait : elle a déjà construit des clôtures sur les deux tiers des 2.900 km de frontière avec le Pakistan et les trois quarts de la frontière de 4.000 km avec le Bangladesh. Sans oublier des fortifications contre son principal rival, la Chine, le long d’une frontière de 3.800 km.
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