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Publié le 11 sept. 2023 à 19:02Mis à jour le 11 sept. 2023 à 21:16
La foule avance dans les rues de Barcelone, ce lundi après-midi, répartie en quatre colonnes qui convergent symboliquement vers la vaste place d’Espagne. « In-indé-indépendance ! », « Amnistie ! », scandent les manifestants. Une fois de plus, l’indépendantisme catalan profite du jour de la fête de la région pour exhiber sa force et faire entendre ses revendications. En faveur de la défense de la culture et de langue catalane, mais aussi d’un meilleur financement de la région et de l’abandon de poursuites judiciaires contre les organisateurs du référendum interdit de 2017.
La police municipale chiffre la participation à 115.000 personnes, très en deçà des 800.000 annoncées par les organisateurs et la presse locale signale que les rangs ont été nettement moins fournis que les années précédentes. On est loin de l’ambiance de liesse populaire d’il y a dix ans, et les banderoles du défilé ont du mal à cacher la perte d’élan de l’indépendantisme et, plus encore, les profondes fractures au sein du mouvement.
Hostilités palpables
Les hostilités sont palpables entre, d’une part, Junts, l’aile de droite conduite par l’ex-président catalan Carles Puigdemont, qui a maintenu la flamme de la rébellion contre Madrid et, d’autre part, ERC, à gauche, qui a au contraire adopté une attitude pragmatique depuis que les socialistes sont arrivés au pouvoir à Madrid, en 2018, en mettant en avant la négociation d’un agenda progressiste.
Pour ce jour de fête au moins, ils ont tenté de garder les apparences, mais la perspective de pouvoir influer sur le prochain gouvernement espagnol exacerbe la compétition entre eux. Depuis Bruxelles, Carles Puigdemont qui était jusqu’ici réfractaire à toute discussion avec Madrid, a fait savoir qu’il était prêt à offrir le vote des sept députés de Junts, pour faciliter une majorité d’investiture au socialiste Pedro Sanchez, à condition d’obtenir au préalable une amnistie et la possibilité d’un référendum d’autodétermination.
Faire monter les enchères
Ses exigences viennent bouleverser le paysage d’une Catalogne qui avait commencé à tourner la page du défi séparatiste. Elles avivent l’animosité entre les deux partis qui se battent pour occuper le poste de champion de l’indépendance. Pendant que Puigdemont fait monter les enchères depuis Bruxelles, à Barcelone, l’actuel président de la région, Pere Aragonès, (ERC) fait valoir les réussites de sa gestion de la région et pose lui aussi ses exigences face à Madrid.
Paradoxalement, c’est au moment où l’indépendantisme catalan est au plus bas qu’il est en train d’acquérir sa plus grande force de levier. Les élections législatives de juillet entérinent le net déclin des forces souverainistes. Les socialistes du PSC sont arrivés loin devant en Catalogne, avec 34,49 % des voix, suivis de la plateforme de petits partis de gauche Sumar, (14,03 %) et du Parti populaire (13,34 %). Les partis indépendantistes sont derrière avec 13,16 % pour ERC et 11,16 % pour Junts.
La fiction du raz-de-marée
Il devient de plus en plus difficile de maintenir la fiction d’un raz-de-marée indépendantiste et le défilé de ce lundi en est la preuve. Malgré la machinerie mise en oeuvre et les autobus affrétés de toute la région, seuls les plus fidèles ont répondu à l’appel et le coeur n’y est plus. La marche n’a plus rien à voir avec les manifestations spectaculaires qui rassemblaient entre un et deux millions de personnes dans les rues de Barcelone. Plus personne ne fait miroiter les lendemains radieux d’une république catalane indépendante et prospère.
Dans les faits, les exigences posées par les partis catalans ont changé, et les grandes associations qui orchestrent les mobilisations s’agacent : elles reprochent aux dirigeants politiques d’oublier de parler de sécession pour se centrer sur la demande d’une grande amnistie qui concerne surtout… les personnalités politiques.
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