[ad_1]
Publié le 13 déc. 2023 à 18:28Mis à jour le 13 déc. 2023 à 19:27
« Pas d’objection ? C’est décidé ! » En donnant le coup de marteau scellant l’accord de la COP28 , mercredi matin à Dubaï, son président émirati, Sultan Al Jaber, espère bien entrer dans l’histoire. Après des mois de diplomatie internationale, deux semaines de négociations intenses, et deux nuits blanches, ou presque, il vient d’obtenir un consensus des 195 parties à la 28e conférence pour le climat de l’ONU autour d’un sujet jusque-là tabou : une mention des énergies fossiles dans une décision de COP.
Un accord « historique pour accélérer l’action climatique », se félicite-t-il alors, avant d’écouter les chefs de délégations du monde entier se succéder à la tribune de l’assemblée plénière, réunie pour l’occasion, dérouler leurs messages et leurs priorités face à la question lancinante et dramatique du réchauffement climatique.
Voix discordante
Dans l’ensemble, la tonalité est positive. Cheffe de la délégation française, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, salue « une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique ». John Kerry, évoque « une raison d’être optimiste, d’avoir de la gratitude et de se féliciter tous ensemble ici ».
L’émissaire des Pays-Bas juge le moment « important », celle de l’Afrique du Sud évoque « un grand pas en avant ». Même les pays arabes producteurs de pétrole saluent « le grand succès » de la conférence. Seule la représentante des petites îles, Anne Rasmussen, fait entendre une voix discordante, reconnaissant « un pas en avant », mais rappelant que c’est un « changement exponentiel » qui est nécessaire.
Si l’accord est globalement considéré comme un succès, c’est que Sultan Al Jaber a rempli l’objectif qu’il s’était fixé : pour la première fois, une décision de COP mentionne une sortie des énergies fossiles. Sans toutefois utiliser le terme devenu repoussoir de sortie progressive ( « phase out »).
Dans son paragraphe sur l’énergie, le texte « invite » ainsi les pays à « engager leur transition hors [« transition away », NDLR] des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux préconisations scientifiques ».
Lignes rouges
Chaque mot du texte a été pesé, de manière à prendre en compte les lignes rouges de chaque partie, et à obtenir le consensus final. « Dans cette décennie cruciale » répond à l’exigence des pays les plus ambitieux face à l’urgence – parmi lesquels l’Union européenne (et la France), l’alliance des petits états insulaires (Aosis) et certains pays d’Amérique latine.
Le texte évoque également le triplement des capacités mondiales d’énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique d’ici à 2030, la réduction du charbon (déjà actée à la COP26 de Glasgow) et la fin des subventions inutiles aux énergies fossiles.
Surtout, il laisse la porte ouverte aux technologies permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, citant « entre autres, les renouvelables, le nucléaire, les technologies d’élimination des émissions comme la capture et le stockage du carbone, particulièrement dans les secteurs difficiles à décarboner, ou la production d’hydrogène bas carbone ».
De quoi laisser les pays libres de la façon dont ils réduiront leurs émissions – une demande forte des pays producteurs de pétrole, de gaz, ou de charbon, comme les pays du Golfe ou l’Inde .
De quoi, aussi, relativiser la portée concrète du texte. « En résumé, si les énergies fossiles sont mentionnées dans cette décision, elles sont aussi dispensées de tout objectif daté, précis et contraignant d’arrêt de leur consommation et de leur production, grâce à un vocabulaire qui n’oblige aucun Etat à rien », a ainsi commenté sur X l’avocat spécialisé sur l’environnement, Arnaud Gossement.
Absence de moyens financiers
Si l’on retiendra essentiellement de cette COP son message politique fort sur les énergies fossiles, la conférence onusienne a déçu dans d’autres domaines. « Cette COP n’est pas à la hauteur des ambitions promises », remarque Gaïa Febvre, du Réseau action climat, évoquant notamment l’absence de « moyens financiers mis sur la table pour accompagner les pays qui en ont le plus besoin ».
La question du fonds « pertes et dommages », destiné à aider les pays du Sud à réparer les dégâts causés par le réchauffement climatique, a certes été traitée dès le premier jour de la conférence , ce qui a permis d’avancer sur les autres sujets.
Mais ce fonds n’est doté que de moins de 800 millions de dollars, très loin des besoins estimés. La promesse non tenue des 100 milliards de dollars promis par les pays développés a ouvert une brèche dans la confiance entre le Nord et le Sud, que cette COP n’a pas vraiment réussi à combler.
Les pays du Sud attendaient enfin des progrès sur l’adaptation, espérant que seraient définis à Dubaï des objectifs et des moyens financiers pour les aider s’adapter aux effets du réchauffement climatique, d’ores et déjà inéluctable. Sans réelles avancées sur le sujet cette année.
[ad_2]
Source link