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Les Bulgares se préparent à voter… pour la sixième fois en trois ans. La très fragile coalition qui s’était péniblement hissée au pouvoir en mai 2023 a éclaté, ouvrant la voie à des législatives à une date encore inconnue. Les deux formations politiques arrivées en tête aux élections de l’an dernier n’avaient pas obtenu suffisamment de sièges au Parlement pour gouverner seules.
Elles s’étaient donc mises d’accord pour former un gouvernement sur une base originale. Il était prévu que le Premier ministre centriste du PP, Nikolaï Denkov, laisse sa place à Mariya Gabriel, ancienne commissaire européenne du parti conservateur GERB, au bout de neuf mois. Ce compromis pour partager le pouvoir vient de voler en éclats.
Schengen et zone euro
« L’engagement n’a pas été respecté par le GERB, qui peut espérer faire mieux lors des prochaines élections », décrypte Nadège Ragaru, directrice de recherche à Sciences Po. Ce jeudi, le président de la République, Roumen Radev, a annoncé qu’il allait désigner un Premier ministre par intérim chargé de préparer le scrutin dans ce pays à la population déclinante de 6,5 millions d’habitants, le plus pauvre de l’Union européenne.
Cette instabilité politique inquiète à Bruxelles et dans les capitales européennes, alors que la Bulgarie intègre en partie la zone de libre circulation Schengen ce week-end, et qu’elle prétend rejoindre la zone euro dès l’an prochain.
Corruption, suspicions et rumeurs
Le paysage politique bulgare est éclaté à l’extrême : aucune formation politique n’avait récolté plus de 25 % des voix l’an dernier, et les coalitions sont devenues presque impossibles à former, tant les intérêts des partis divergent. L’abstention frôle les 60 %. « Les étiquettes politiques des partis et la logique droite-gauche n’ont aucun sens dans un pays où la corruption est un fléau et où les oligarques ont pris le contrôle de l’Etat, souligne Nadège Ragaru. Le pays est animé par des suspicions et des rumeurs souvent impossibles à documenter. »
Dans ce tableau très noir, la question de la guerre en Ukraine sous-tend en partie le débat politique. « Les affinités avec la Russie sont restées fortes. Il y a un risque, après les élections, que l’un des partis pro-russes devienne membre d’une coalition gouvernementale », explique Lukas Macek, de l’Institut Jacques-Delors.
Le président Radev, dont le rôle est renforcé dans les périodes d’instabilité gouvernementale, est ouvertement hostile au soutien à Kiev et aux sanctions contre la Russie. « Il a de grandes ambitions politiques malgré ses pouvoirs limités », note Nadège Ragaru.
Essor de l’extrême droite
Le parti d’extrême droite Renaissance, clairement pro-russe et anti-Otan, a fait une percée depuis 2021. Il a obtenu 37 sièges au Parlement lors des dernières élections après avoir recueilli plus de 13 % des voix. Un récent sondage Ipsos le crédite de 15 % des intentions de vote, ce qui le placerait en troisième position derrière le GERB et le PP. Le GERB, dirigé par l’ancien Premier ministre Boïko Borissov, est officiellement atlantiste, de même que les centristes du PP.
La Bulgarie apporte jusqu’à présent un soutien précieux à l’Ukraine. Elle a hérité d’une industrie de munitions de l’ère soviétique qui sont compatibles avec l’arsenal de Kiev. Elle est aussi l’un de ses principaux fournisseurs de diesel.
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