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C’est une petite phrase qui était passée complètement inaperçue. En octobre dernier, le tout-puissant président chinois Xi Jinping, qui ne s’exprime que rarement sur les outils de la politique monétaire, avait déclaré que la banque centrale « devrait progressivement augmenter l’achat et la vente d’obligations d’Etat dans ses opérations ». Mais elle a resurgi au détour de la publication d’un livre, la semaine dernière, alimentant les rumeurs d’une possible intervention de la banque centrale chinoise (PBOC) sur le marché des obligations d’Etat.
Le fait que cette citation ressorte maintenant – alors que le discours n’avait pas été intégralement publié à l’origine – n’est sûrement pas le fruit du hasard. Surtout qu’en parallèle, Pékin a annoncé son intention de procéder à des émissions obligataires de très long terme pour un montant total de 1.000 milliards de yuans (130 milliards d’euros). Des interventions permettraient d’assurer le succès de ces opérations et de stabiliser le marché de la dette chinoise.
Changement de cap
Il s’agirait d’une petite révolution dans un pays où l’on a toujours regardé avec une certaine suspicion les larges programmes de rachats d’actifs (quantitative easing ou QE) menés par les grandes institutions financières mondiales, Réserve fédérale américaine et Banque centrale européenne en tête. Le gouverneur de la PBOC a, à de nombreuses reprises, mis en garde sur le fait que de telles opérations porteraient atteinte à la stabilité des marchés et comportaient une part d’aléa moral, si elles étaient considérées comme une forme indirecte de financement de l’Etat par la Banque centrale. Les derniers achats significatifs d’obligations d’Etat par la PBOC remontent d’ailleurs à 2007.
Ce changement de cap offrirait à la Banque populaire de Chine un moyen supplémentaire d’injecter de la liquidité dans un système financier durement ébranlé par la crise immobilière et de soutenir l’économie. Sa seule perspective a suscité une frénésie spéculative chez les investisseurs, qui n’a pas directement porté sur le marché obligataire, mais plutôt sur le marché actions. L’indice Hang Seng a ainsi bondi de 2 % entre jeudi et ce mardi.
Contre-courant
Certains observateurs se montrent toutefois plus modérés. Pour eux, la banque centrale ne va pas se lancer dans un programme de QE, puisque Xi Jinping l’a invitée à acquérir mais aussi à vendre des obligations. Dans le cadre de l’assouplissement quantitatif, les titres ont vocation à être conservés. Il s’agirait plus d’un système destiné à offrir de la liquidité sur la dette d’Etat, à la façon d’un teneur de marché, en se portant systématiquement à l’achat ou à la vente face aux investisseurs.
Quelle que soit sa finalité, ce programme – s’il est mis en oeuvre – ira à contre-courant de la tendance des banques centrales de par le monde. Dans le cadre de leur lutte contre l’inflation, elles ont normalisé leurs politiques monétaires et ont retiré les mesures destinées à relancer l’économie lors de la crise du Covid.
La Fed dégonfle ainsi son bilan de 100 millions de dollars par mois depuis près de deux ans. La Banque d’Australie a également arrêté de réinvestir les montants issus des remboursements des obligations de son portefeuille arrivées à échéance. Tout comme la BCE, qui verra en décembre la fin des derniers réinvestissements liés à son programme d’achat « urgence pandémie ». La Banque centrale souhaite désormais alléger son bilan. « Cela nous permettra d’avoir une empreinte de marché plus petite, ce qui réduit les risques pour la stabilité financière [ces interventions font monter le prix des actifs et créent des risques de bulle, NDLR], mais également le risque de dépendance à la liquidité [de la Banque centrale] », a déclaré lundi Isabel Schnabel, membre du directoire de l’institution de Francfort.
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