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Publié le 4 nov. 2023 à 11:01
Comment les accords d’Oslo, conclus il y a trente ans, ont-ils été accueillis à l’époque ?
Ils ont soulevé une vague d’espoir. Israéliens et Palestiniens apportaient enfin leur contribution à la paix, un peu comme les Français et les Allemands après la Deuxième Guerre mondiale. Le contexte s’y prêtait avec l’atmosphère de détente qui prévalait à l’époque.
Ces accords prévoyaient-ils la création d’un Etat palestinien au côté d’Israël ?
Pas du tout, c’est une erreur qui est très souvent faite. Yasser Arafat reconnaît l’Etat d’Israël et Yitzhak Rabin reconnaît l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme seul représentant du peuple palestinien. Autre point important : les Américains n’ont joué aucun rôle dans les négociations secrètes qui se sont déroulées à Oslo. Bill Clinton n’a fait qu’entériner ce qui avait déjà été conclu.
L’accord lui-même n’est pas un traité de paix. Le texte se contente d’établir un calendrier, de déterminer des principes pour mener des discussions. Il n’est pas question d’Etat palestinien, de tracé des frontières, du sort des colonies israéliennes, du statut de Jérusalem… Les deux parties se contentent d’accepter que tous les sujets puissent être discutés, mais rien n’est dit sur l’issue du processus engagé.
Quels sont les points essentiels de cet accord ?
Il y en a deux : les deux parties s’engagent à ne plus recourir à la violence durant la période de négociations et, surtout, les discussions débouchent sur la mise en place d’un régime d’autonomie qui commencera à être appliqué dans une première étape en commençant par la bande de Gaza et Jéricho, en Cisjordanie, avant que ce statut soit étendu à d’autres villes de cette région, comme Ramallah ou Naplouse.
Ce régime devait durer cinq ans, ce qui était censé permettre des négociations sur tous les sujets, en espérant arriver à un compromis. En bref, il s’agit d’une déclaration de bonnes intentions. Les deux parties ont d’ailleurs statué que ce qui n’était pas signé n’avait aucune valeur.
Pourquoi tout cela a-t-il échoué ?
En 2000 Ehud Barak, le Premier ministre travailliste, a voulu forcer les choses et conclure un accord de paix avec Yasser Arafat lors d’un sommet à Camp David, sous l’égide de Bill Clinton. Les discussions ont tourné court.
Ehud Barak en a conclu qu’il n’y avait décidément pas de partenaire du côté palestinien, tandis que Yasser Arafat s’est vanté de n’avoir rien cédé, notamment sur le contrôle de l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’Islam, ou le mont du Temple, le site le plus sacré du judaïsme dans la vieille ville de Jérusalem. La deuxième Intifada a éclaté quelques mois après ce sommet. Depuis, plusieurs tentatives de relance des discussions ont eu lieu, mais sans résultat.
Pourquoi un tel bilan ?
Le facteur temps a joué. En se donnant un délai de cinq ans, Israéliens et Palestiniens ont donné l’occasion aux extrémistes des deux camps, notamment les colons israéliens ultranationalistes, d’un côté, et le Hamas, de l’autre, de torpiller le moindre espoir de paix. Ce sabotage s’est notamment traduit par l’assassinat d’Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995. Benyamin Netanyahou, au pouvoir depuis 2009, n’a fait ensuite que gérer le conflit sans vouloir le régler.
Ces accords peuvent-ils malgré tout servir de bases pour de futures négociations ?
C’est possible, l’Autorité palestinienne continue d’exister, mais il faut que les Américains et l’ONU s’en mêlent vraiment. Il faudra bien qu’un projet politique émerge après la présente guerre et le bain de sang , et remplir le vide lorsque le Hamas sera éradiqué. Certains espèrent que Mahmoud Abbas, à la tête de l’Autorité palestinienne, prenne le contrôle de la bande de Gaza, mais je ne suis pas sûr qu’il puisse y arriver s’il est perçu comme une force supplétive d’Israël.
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