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Depuis près de deux semaines, l’industrie automobile américaine connaît une grève historique. BFM Business a échangé avec un représentant de l’UAW, le syndicat des ouvriers de l’automobile. Il dénonce les rémunérations astronomiques des PDG et pointe notamment du doigt les pratiques de Stellantis.
C’est une grève historique qui secoue l’industrie automobile américaine. Depuis près de deux semaines, les salariés du « Big Three » (General Motors, Ford et Stellantis) ont cessé le travail. Le puissant syndicat des ouvriers de l’automobile (UAW) réclame depuis des mois des augmentations de salaire, sur fond de profits record des constructeurs. BFM Business s’est entretenu avec Tony Totty, président de la section locale de l’UAW à Toledon, dans l’Ohio, et ouvrier dans une usine de transmissions de General Motors.
Bien qu’il ne travaille pas pour Stellantis, le représentant syndical a eu l’occasion d’échanger avec ses collègues du groupe dirigé par Carlos Tavares. Et pour lui, il n’y a aucun doute, Stellantis « ce sont les plus coupables ici, à Toledo, ce sont les pires ».
« Chez Stellantis, il y a des employés qui sont là pour certains depuis 7 ans mais qui ont toujours un statut d’intérimaire. C’est-à-dire qu’ils ont un salaire plus faible, parfois deux fois plus faible que celui de leurs collègues sur la ligne de production, rien pour leur régime de retraite, ils n’ont pas d’intéressement et peuvent être virés à n’importe quel moment. Ce n’est pas normal. »
« Je sais que nous allons gagner »
Le syndicaliste s’énerve au moment d’évoquer les profits des entreprises. « Stellantis a gagné 12 milliards de dollars rien que sur les six premiers mois de l’année. Nous demandons juste notre part. Mais ils ne veulent pas faire ce qui est juste. C’est pour cela que nous sommes en grève et nous le resterons aussi longtemps qu’il le faudra », assure-t-il.
« Je sais que nous allons gagner », martèle Tony Totty.
« Vous les Français, vous êtes bien placé pour savoir que les syndicats peuvent mettre un pays à l’arrêt. Seuls 11% des ouvriers américains sont syndiqués. Mais les patrons vont découvrir que nous avons la volonté de gagner. Nous n’arrêterons pas avant d’obtenir un accord équitable », avance le syndicaliste de General Motors qui « voit la grève être prolongée » après l’échéance de vendredi.
Pour autant, des discussions ont bien lieu. Tony Totty a ainsi pu échanger avec Mary Barra, la PDG de General Motors, lors de sa venue dans son usine: « Nous avons eu une discussion franche à propos des véhicules électriques et des changements nécessaires dans nos usines pour réaliser la transition vers l’électrique ».
« Si les constructeurs doivent dépenser des milliers de milliards de dollars pour transformer leur production vers l’électrique, il y a intérêt à ce que ces véhicules soient fabriqués aux États-Unis, pas au Mexique ni en Chine. »
« Dégoûté » par les rémunérations des PDG
Tony Totty dénonce également les rémunérations des patrons du Big Three. « La pire c’est Mary Barra. Elle a gagné 29 millions de dollars l’an dernier, c’est 362 fois le salaire annuel d’un ouvrier moyen et 900 plus que celui d’un intérimaire. Mais Carlos Tavares n’est pas loin avec environ 22 millions de dollars », critique-t-il.
« Aux États-Unis, ces PDG siègent dans les conseils d’administration les uns des autres. Et ils s’octroient des augmentations. Ces PDG américains, et Carlos Tavares, c’est dégoûtant ce qu’ils font », s’indigne le syndicaliste. « Chez les constructeurs asiatiques, les patrons ne gagnent pas plus de 3 millions par an. Parce qu’il y a des règles, des limites d’écart avec les salaires des travailleurs. »
Pour Tony Totty, les dirigeants des constructeurs privilégient leur propre rémunération ainsi que celle des actionnaires, au détriment des salaires des ouvriers.
« Nous méritons pareille considération. Nous faisons le vrai boulot. Six semaines après le début du Covid, nous étions de retour à l’usine parce que vous ne pouvez pas fabriquer une transmission ou une Jeep en télétravail. Pendant ce temps-là, les cadres travaillaient toujours depuis chez eux. »
Joe Biden au soutien des grévistes, Trump froidement accueilli
Mardi, les grévistes ont reçu le soutien historique du président des États-Unis. Jamais un locataire de la Maison Blanche en exercice ne s’était rendu sur un piquet de grève. Une première en forme de légitimation des revendications des ouvriers.
« Vous avez sauvé cette industrie en 2008. Vous avez fait énormément de sacrifices quand ces entreprises allaient mal. Maintenant elles vont extrêmement bien. (…) Vous méritez une hausse de salaire importante et d’autres bénéfices », a notamment déclaré Joe Biden.
Une déclaration éminemment politique, à un an de l’élection présidentielle américaine. En 2020, Joe Biden l’avait emporté sur Donald Trump, notamment en s’imposant dans le Michigan grâce au soutien de l’UAW.
Tony Totty a apprécié la visite du président. « J’avais rencontré Joe Biden pendant sa campagne en 2020 et je lui avais demandé de ne pas abandonner les travailleurs. Il m’avait promis que ce ne serait pas le cas. Et récemment mon usine a reçu un investissement de 760 millions de dollars pour fabriquer des moteurs électriques », raconte-t-il. Il demande désormais au président d’inclure la fabrication des batteries électriques dans le spectre des subventions de l’Inflation Reduction Act.
Après Joe Biden Donald Trump, de nouveau candidat à la Maison Blanche devait, lui, rencontré les grévistes mercredi. Avec un accueil qui devrait être plus mitigé. « Donald Trump n’a pas été présent pour l’industrie automobile. En 2019, il avait dit à des travailleurs d’une usine voisine menacée: ‘ne vendez pas votre maison’, sous-entendu l’usine ne va pas fermer. Résultat, General Motors a fermé le site. Il n’a pas sauvé ces emplois », se rappelle, amer, Tony Totty.
« Ici, on soutient ceux qui nous soutiennent. Et je n’ai pas vu beaucoup de soutien de la part de Donald Trump. Il veut juste nous utiliser pour sa campagne alors que nous nous battons pour notre vie. »
Et le syndicaliste de conclure sur un dernier tacle: « Il est venu alors que se tenait au même moment un débat avec les autres candidats républicains, en Californie. C’est là-bas qu’il aurait dû être mais il a probablement peur de se confronter à ses adversaires, vu son bilan. »
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