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Publié le 20 sept. 2023 à 13:08Mis à jour le 20 sept. 2023 à 18:27
C’est l’un des sujets polémiques de cette rentrée à Bruxelles : mercredi, la Commission européenne a dévoilé les détails concernant le renouvellement d’autorisation du très controversé glyphosate sur le Vieux Continent. Après de longs mois d’études et de débats, l’Union Européenne propose de prolonger de dix ans le plus célèbre des herbicides, dont l’autorisation arrive à expiration en décembre.
Inventé par Monsanto (racheté en 2018 par l’allemand Bayer), il permet encore aujourd’hui à de nombreux agriculteurs d’éliminer les mauvaises herbes dans les cultures. Sa toxicité pour l’homme, les animaux et l’environnement suscite cependant moult inquiétudes, alimentées par de multiples études et rapports contradictoires sur sa dangerosité.
En 2015, le centre international de recherche sur le cancer l’avait ainsi classé comme « cancérogène probable pour l’homme ». A l’inverse, l’Agence européenne des produits chimiques a jugé l’an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de le classer dans cette catégorie.
Les Etats membres délivreront des autorisations
Glyphosate Renewal Group, qui regroupe Bayer, Syngenta et Nufarm, avait appelé à prolonger l’autorisation de l’herbicide pour quinze ans. L’exécutif bruxellois a choisi une durée plus courte, en raison d’études en cours sur le glyphosate. Et il a prévu que son autorisation puisse être revue à tout moment si de nouvelles évaluations le justifiaient.
Bruxelles s’est appuyé sur un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), rendu en juillet, selon lequel le glyphosate ne présente pas de « point de préoccupation majeure ». L’organisme européen avait toutefois souligné ne pas disposer de suffisamment de données pour mesurer l’impact dans certains domaines, comme l’ADN, le microbiote ou encore la biodiversité par exemple.
Plusieurs restrictions d’usage
La Commission a assorti sa proposition de plusieurs restrictions d’usages, comme la mise en place de « bandes tampons » de cinq à dix mètres et d’équipements réduisant fortement les « dérives de pulvérisation ». Des niveaux limites sont fixés pour certaines « impuretés » issues du glyphosate et son utilisation pour la dessiccation (épandage pour sécher une culture avant la récolte) est désormais interdite.
Bruxelles renvoie aussi largement la balle aux Etats membres qui délivreront eux-mêmes les autorisations à l’échelle nationale et fixeront les conditions d’utilisation concernant les co-formulants (autres composants présents dans les herbicides autorisés), l’exposition des consommateurs aux résidus dans les cultures rotationnelles, les eaux souterraines ou de surface, ou encore les petits mammifères. A chaque fois ils devront évaluer les effets indésirables et présenter des mesures de protection.
Les débats promettent d’être nourris entre Etats membres, alors qu’ils doivent se prononcer à une majorité qualifiée lors d’un vote le 13 octobre sur cette proposition. Ils procéderont à un premier examen ce vendredi.
Le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, a fait savoir la semaine dernière que la France ne s’opposerait pas à cette approbation, quand bien même l’Hexagone s’est engagé à éliminer progressivement l’utilisation de ce produit chimique sur son territoire. « Les Etats peuvent théoriquement interdire tous les produits contenant du glyphosate, mais ils devront alors avoir de solides justifications entrant dans le cadre des conditions mentionnées dans le texte », prévient cependant un haut fonctionnaire européen.
Fin 2020, le Luxembourg avait interdit le glyphosate, mais la justice l’avait contraint à lever cette interdiction, à la suite d’une action judiciaire intentée par Bayer. Outre-Atlantique, le groupe pharmaceutique a déjà versé près de 11 milliards de dollars de dommages et intérêts pour plus de 100.000 plaintes. Depuis 2018, la capitalisation boursière de Bayer qui avait fait le pari de marier son expertise dans la chimie et la pharmacie à celle de Monsanto dans les semences pour booster l’innovation dans le domaine de l’agriculture a perdu la moitié de sa valeur.
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