[ad_1]
Deux salles, deux ambiances. A la table du Conseil européen à Bruxelles, Giorgia Meloni affirme d’une voix feutrée sa satisfaction pour la prise en considération des positions italiennes. A la tribune de l’Assemblée nationale à Rome, elle vitupère contre les choix des institutions européennes.
Du versement de la troisième tranche de 20 milliards d’euros du plan de relance à la ratification du mécanisme de sauvetage de la zone euro (MES) en passant par la hausse des taux de la BCE, les tensions avec Bruxelles n’ont jamais été aussi vives depuis son accession au pouvoir en octobre dernier.
L’austérité imposée par le Nord
Le Mécanisme européen de stabilité a été créé en 2012 après la crise de la dette, pour aider les pays à emprunter sur les marchés en cas de difficultés financières. En contrepartie, ils doivent mettre en oeuvre des réformes pour assainir leurs finances publiques. Seule l’Italie, dont la dette s’élève à plus de 144 % du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce, ne l’a pas ratifié.
Les partis souverainistes et populistes transalpins l’ont toujours dénoncé comme un instrument de l’austérité imposée par le Nord aux pays du Sud. A commencer par celui de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, et la Ligue de son allié Matteo Salvini.
Monnaie d’échange
« Tant que je compte pour quelque chose, je peux signer avec du sang le fait que l’Italie ne fera pas appel au MES », a promis la présidente du Conseil, estimant qu’il était « contraire à l’intérêt national ». Malgré l’injonction envoyée aussi bien par la banque centrale italienne que par le cabinet du ministre de l’Economie pour qu’elle donne au plus vite son feu vert, Giorgia Meloni résiste.
Elle en fait une question de principe et envisagerait de repousser la ratification après les élections européennes en 2024. Son gouvernement tente d’utiliser le MES comme une monnaie d’échange dans le cadre des négociations qui s’ouvrent avec Bruxelles au sujet de la réforme du Pacte de stabilité, de l’achèvement de l’union bancaire mais aussi de la nomination du remplaçant de Fabio Panetta, qui quitte le directoire de la BCE pour devenir le prochain gouverneur de Bankitalia.
Un risque d’isolement
La patience des partenaires européens commence à atteindre ses limites. « Je peux comprendre le point de vue du gouvernement italien lorsqu’il dit ne pas vouloir se servir du MES à l’avenir, a commenté Paschal Donohoe, le président de l’Eurogroupe . Mais sa ratification consentira à son entrée en vigueur le 1er janvier prochain pour qu’il soit mis à la disposition des autres pays qui, en revanche, pourraient décider d’y recourir. »
L’Irlandais, proche de Christine Lagarde, a également sèchement répondu aux critiques de Giorgia Meloni estimant que la hausse des taux de la BCE était une « recette simpliste qui n’apparaît pas pour beaucoup comme la bonne voie à suivre. » « Si on n’augmente pas les taux, c’est la pauvreté qui augmente », rétorque Paschal Donohoe.
La présidente du Conseil italien s’en est pris également à son compatriote le commissaire européen à l’Economie . « Il nous demande d’accélérer la mise en oeuvre de notre plan de relance, mais je m’étonne qu’il n’ait pas été plus vigilant avec le précédent gouvernement », a-t-elle lâché avec véhémence au perchoir de l’Assemblée nationale. Paolo Gentiloni n’attend pas des excuses, mais toujours des clarifications sur certains des 55 objectifs que l’Italie devait atteindre au second semestre 2022 pour débloquer la troisième tranche de 20 milliards d’euros.
[ad_2]
Source link