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Au cours des cinq dernières années, les syndicats ont renforcé la « démocratie participative » dans les entreprises et accru leur présence sur les réseaux sociaux en dépit d’une défiance persistante.
Plus de « démocratie participative » dans les entreprises, une présence renforcée sur les réseaux sociaux: cinq ans après le mouvement des « gilets jaunes » qu’ils avaient observé de loin, les syndicats ont développé des outils pour séduire davantage, en dépit d’une défiance persistante. C’est un anniversaire qui pourrait les gêner aux entournures, tant les syndicats avaient été dépassés par un mouvement social spontané qui a rassemblé dans les rues, sur les ronds-points et des barrages de toute la France, sur fond de revendications sociales qu’ils ont coutume de porter. « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ c’est un mouvement de colère et d’indignation, en partie légitime et compréhensible par le monde syndical », analyse Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT.
Recours aux groupes WhatsApp
Mais les syndicats n’ont que peu goûté les violences qui ont émaillé le mouvement, notamment les dégradations de locaux syndicaux. Et ont constaté que les « gilets jaunes » ont réussi à attirer des profils très éloignés du syndicalisme (artisans, autoentrepreneurs, salariés des petites entreprises…). « La capacité de mobilisation par les réseaux sociaux fait partie des éléments qu’on a analysés et sur lesquels on s’est renforcés », rapporte le responsable CFDT.
« Le mode d’organisation des mobilisations qu’on a beaucoup développé depuis, et qui a bien fonctionné, ce sont les groupes WhatsApp, plus informels moins organisés qu’avant », qui agglomèrent adhérents, militants mais aussi quidams, souligne-t-il, comparé aux communiqués envoyés « aux seuls militants répertoriés ». « WhatsApp permet des modes de mobilisation ouverts », insiste-t-il.
« On s’est rendu compte qu’une des forces des ‘gilets jaunes’ était de pouvoir échanger, de pouvoir refaire le monde, de créer du lien », analyse de son côté Cyril Chabanier, président de la CFTC. Cette dernière a ainsi développé une application avec les services du syndicat (informations juridiques, formation…), mais aussi des services personnels (location de maison, trouver un stage de 3e, géolocaliser des collègues à proximité….). Avec l’idée de « mettre le syndicalisme au service des gens », analyse Cyril Chabanier, qui évoque aussi le fait de « donner plus la parole aux salariés », faire « plus de place à la démocratie participative » dans l’entreprise.
Une confiance dans les syndicats en hausse bien qu’encore faible
Cinq ans après, un constat s’impose: « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ n’existe plus » parce qu’ils n’ont « jamais réussi à trouver de débouché politique », alors que les syndicats eux « ont gagné en crédibilité » après le mouvement des retraites, souligne Guy Groux, sociologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Depuis 2018, « il y a une montée de la confiance par rapport aux syndicats », relève-t-il. Même si elle « reste faible » à l’instar de celle envers les médias, réseaux sociaux ou partis politiques, relativise ce spécialiste des conflits sociaux.
Une défiance tempérée par David Gistau (CGT), secrétaire confédéral en charge de la vie syndicale, qui assure que des « gilets jaunes », qui ont vu « la nécessité de s’organiser collectivement », « ont fait le choix de rejoindre la CGT » depuis 2018. Toutes les organisations syndicales soulignent qu’à la faveur d’un mouvement social inédit contre la réforme des retraites, elles ont enregistré une hausse de leurs adhésions.
« S’il y a un rebond aussi important, c’est bien que le mouvement des retraites a permis de gagner en crédibilité et toucher des salariés qu’on ne touchait pas auparavant », juge David Gistau.
« Avec 14 journées de mobilisation soutenue, (le syndicalisme) que l’on disait mortel, mourant, moribond même, a montré qu’il avait encore de l’ardeur », relèvent Philippe Campinchi et Denis Maillard, dans une note publiée fin juin pour la Fondation Jean Jaurès. Mais pas de quoi parler de « revanche » de 2023 sur 2018, notent-ils, en mettant notamment en avant l’échec de l’intersyndicale au printemps sur les retraites. Et cinq ans après, un nouveau mouvement social « non encadré » serait-il possible ? L’enquête annuelle du Cevipof sur le dialogue social (2022) montre que 72% des salariés estiment que « pour défendre (ses) intérêts » le meilleur moyen est « de se coordonner avec des collègues qui ont des préoccupations analogues », en dehors des syndicats.
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