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« Cela arrive pendant la guerre » : cette réaction du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a outré José Andres, le fondateur de World Central Kitchen, une ONG humanitaire qui distribue de l’aide aux Palestiniens de Gaza. Sept membres de son organisation ont été tués lundi par des roquettes tirées à partir d’un drone israélien contre un convoi de véhicules. Cette attaque meurtrière a déclenché un déluge de condamnations dans le monde. En guise de réponse, le chef d’Etat-major, le général Herzi Halevi, a présenté ses excuses et évoqué une « erreur d’identification durant la nuit dans des conditions très complexes » tout en reconnaissant que « cela n’aurait pas dû se produire ».
Cette explication n’a pas vraiment convaincu. Des responsables militaires israéliens cités par des médias ont évoqué un manque de discipline d’officiers supérieurs, beaucoup plus qu’un manque de coordination entre l’armée et les différentes organisations d’aide humanitaire dans la bande de Gaza. « Des commandants fixent des règles d’engagement selon leurs propres règles de conduite et selon leurs interprétations personnelles », a ainsi déploré le quotidien Haaretz, en citant des officiers.
Cible « sensible »
Sur le papier, la chaîne de commandement est pourtant claire. Pour mener une opération contre une cible « sensible » notamment dans les secteurs où des ONG sont présentes, l’ordre doit être donné au plus haut échelon, ce qui apparemment n’a pas été le cas lundi.
Après près de six mois de guerre, l’état-major s’est d’ailleurs décidé à créer un centre de commandement chargé de la coordination avec les organisations humanitaires dans la bande de Gaza. Le chef d’état-major a également promis une enquête qui sera menée par un organisme « indépendant » à la suite de la mort de trois Britanniques, d’un Australien, d’un Polonais, d’un Américano-Canadien et d’un Palestinien, sans donner d’autres précisions.
Détail important : l’attaque israélienne de lundi a été menée contre trois véhicules de World Central Kitchen, l’un après l’autre, alors que le sigle de l’organisation était clairement visible. Les voitures circulaient sur la route côtière après une livraison par mer de 100 tonnes d’aide alimentaire. Pour Joe Biden, ce genre de « bavure » de la part de l’armée israélienne n’a rien d’exceptionnel. « Ce qui est le plus tragique, c’est qu’il ne s’agit pas du seul incident. Ce conflit a été un des pires en termes de nombre d’humanitaires tués », a déploré le président américain.
200 morts
Selon la Maison Blanche, quelque 200 volontaires ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre. José Andres, le fondateur de World Central Kitchen, par ailleurs célèbre restaurateur américano-espagnol, ne croit pas non plus à un hasard malheureux. « L’attaque contre notre convoi n’est pas un incident regrettable qui se serait produit dans le brouillard de la nuit. L’itinéraire emprunté par nos voitures était parfaitement connu de l’armée israélienne », a-t-il affirmé.
Indiscipline
Tsahal a déjà fait état ces derniers mois des « problèmes de discipline ». Quelques exemples : un général a été sanctionné le mois dernier pour avoir pris l’initiative de détruire l’université de Gaza sans feu vert de ses supérieurs. Un autre général a reçu un blâme pour être sorti de son devoir de réserve en critiquant la classe politique qui ne serait pas à « la hauteur des souffrances consenties par les combattants ». La procureure générale de l’armée a également annoncé l’ouverture d’enquêtes sur des soupçons de tirs injustifiés à l’encontre de civils palestiniens et contre des soldats, qui ont pris des photos ou des vidéos d’actes humiliants contre des habitants de Gaza.
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