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Publié le 21 janv. 2024 à 11:53Mis à jour le 21 janv. 2024 à 13:01
Comment avez-vous réagi aux propos de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, pour qui Israël a financé le Hamas pour affaiblir l’autorité palestinienne du Fatah ?
Il n’a pas eu l’occasion de répondre à des questions ou de développer ses affirmations. Je ne doute pas que le sujet sera le principal point du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE qui se tient ce lundi à Bruxelles. Beaucoup de mes homologues lui demanderont des clarifications.
Comment vous positionnez-vous par rapport à la solution à deux Etats ?
Je ne vois pas d’autre voie. Bien sûr, je ne peux pas me contenter dire « il faut que la solution à deux Etats soit mise en place, point final ». Si c’était aisé, le dossier aurait été réglé depuis longtemps . Mais je suis convaincu qu’une paix durable n’est possible qu’avec deux Etats. Les Palestiniens ont besoin d’un endroit qu’ils peuvent appeler leur patrie.
La situation au Moyen-Orient prend-elle du temps et de l’énergie qui ne sont plus consacrés à l’Ukraine ?
Nous devons être capables de garder notre attention sur ces deux conflits. En fait, nous devrions être capables de faire face à plus de fronts encore. La zone indo-pacifique, toujours très présente à mon esprit, est au bord de l’ébullition.
Pour vous, l’Europe doit changer de vocabulaire au sujet de l’Ukraine, en finir avec l’expression du « soutien aussi longtemps qu’il le faudra ». Quels sont les bons mots ?
Oui, je remets en question cette expression. La vraie question, c’est : quel est notre objectif ? Cela doit être la victoire. Et si nous sommes sérieux au sujet de la victoire, alors il faut engager toutes nos ressources pour l’assurer. Je constate que tout le monde dans l’UE semble s’accorder à dire que la Charte des Nations unies est enfreinte, que la Russie est l’agresseur et que l’Ukraine doit être soutenue. Faisons un petit pas de plus et engageons-nous en définissant la victoire comme notre objectif.
L’an dernier, des dirigeants évoquaient une forme de lassitude, chez certains des Vingt-Sept, sur le dossier ukrainien. S’est-elle aggravée ?
Je me réjouis de voir qu’au contraire, en ce mois de janvier, la conversation monte autour des conséquences de la défaite de l’Ukraine. C’est un excellent antidote à la fatigue. Car c’est tout noir ou tout blanc. Si l’Ukraine ne vainc pas, si Poutine gagne cette guerre, alors nous sommes tous menacés.
Cependant, les Ukrainiens constatent que la quasi-totalité des composants produits hors de Russie des armes russes proviennent de pays occidentaux. Les douze paquets de sanctions de l’Europe ne fonctionnent-ils pas ?
Visiblement, les Russes trouvent des moyens de se procurer les composants nécessaires à leur effort de guerre via des pays tiers. Certaines livraisons de produits européens sont faites par voie de terre. Pour rejoindre un pays comme le Kazakhstan, il n’y a quasiment pas d’autre choix que de traverser la Russie. Je ne suis pas convaincu que toutes ces livraisons atteignent leur destination.
Comment contrer ces contournements ?
Nous, en Lituanie, avons pris des mesures unilatérales et obligeons les entreprises exportatrices à s’engager à ce que leurs livraisons aillent bien vers des pays tiers. Mais c’est bien sûr insuffisant. Les Russes trouvent toujours de nouveaux chemins et l’UE doit faire plus . Ce lundi à Bruxelles, je soulèverai le sujet. On doit se poser la question de sanctions secondaires qui frapperaient les pays participant au contournement de nos mesures de restriction. Les Etats-Unis ont un instrument qui leur permet d’en prendre, pas l’Europe selon les experts juridiques. Mais je suis sûr que nous pouvons en parler.
Êtes-vous frustré par la lenteur des réflexions sur l’utilisation du produit des actifs russes immobilisés en Europe ?
Récemment, les choses se sont accélérées. Le sujet est à l’agenda à Washington et à Bruxelles. A Davos, on en parlait aussi beaucoup. Je suis beaucoup plus optimiste qu’il y a seulement deux mois. La Commission européenne, qui dispose d’un très compétent service juridique, peut proposer un mécanisme qui serait étudié par les Etats membres. Cela aurait beaucoup de sens d’avancer avec l’ensemble du G7.
Comment vos compatriotes jugent-ils la réponse de l’UE à la guerre ?
La première année, ils ont vu que l’Europe envoyait un message de dissuasion à Poutine en définissant de nouveaux mécanismes à Vingt-Sept malgré leurs différences de sensibilité. Poutine, qui ne s’attendait pas à une pareille résistance de l’Ukraine et des Européens, était frustré. C’était un message capital : si l’Europe peut aider l’Ukraine, alors elle serait aussi capable de défendre la Lituanie en cas d’attaque.
Aujourd’hui, Poutine affiche beaucoup plus de confiance car la Russie continue à produire, à mobiliser, et a pu stopper la contre-offensive de Kiev. Les Lituaniens constatent que les Européens auraient les moyens de davantage aider l’Ukraine et ne le font pas. Et donc n’ont pas dissuadé Poutine de pousser son offensive, voire d’envahir d’autres pays. C’est ce que vous entendez dans les rues de Vilnius.
Les Vingt-Sept se retrouvent toutefois le 1er février à Bruxelles pour valider une assistance financière à Kiev de 50 milliards d’euros ?
Certes, mais je ne serais pas surpris si Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, exigeait une nouvelle faveur pour son feu vert . Il a pris le processus de décision européen en otage. Bien sûr, nous avons la possibilité de nous engager à vingt-six, sans la Hongrie. Ce pourrait être le début d’une réflexion sur une Europe à deux vitesses. Je préférerais pour ma part faire partie d’une union basée sur les valeurs à vingt-six plutôt que d’une union transactionnelle à vingt-sept.
Dans quatre mois auront lieu les élections européennes. Les sondages annoncent une forte progression des partis eurosceptiques ou d’extrême droite. L’hémicycle est-il menacé d’instabilité ?
Je crois qu’il y a toujours une bonne chance de conserver au Parlement une majorité stable assurant un élan. Ce serait beaucoup plus ennuyeux si les voix eurosceptiques comme celle de Viktor Orban se multipliaient à la table du Conseil européen. Là, un seul vote est en mesure de modifier la dynamique.
Avez-vous déjà rencontré le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné ?
Non, mais je me réjouis de faire sa connaissance à Bruxelles ce lundi. Nous l’attendons avec impatience à Vilnius, alors que nous allons lancer cette année la « Saison de la Lituanie » en France. C’est un cycle d’événements culturels auxquels je souhaite donner une dimension politique, compte tenu du contexte. Nous avons proposé un certain nombre de débats avec des diplomates, historiens, responsables politiques. Je pense que c’est un bon moyen de mieux se connaître.
Dans quelle mesure la guerre en Ukraine a-t-elle donné plus de poids aux pays baltes dans l’UE ?
Il y a désormais un degré bien plus élevé de compréhension et de proximité entre les Etats membres. J’ai pu entendre des responsables d’Europe de l’Ouest dire « nous aurions dû écouter les Baltes ». Nous nous sentons aujourd’hui entendus. Et j’espère que cela se traduira par de hautes responsabilités européennes, car nous avons les compétences.
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