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La scène est presque apocalyptique. À perte de vue, une marée de vêtements entassés les uns sur les autres. Ici et là, des foyers d’incinération. Des colonnes de fumée balayée par le vent, chargée en gaz toxiques… Cette décharge à ciel ouvert se trouve à Accra, la capitale du Ghana. Comme le reste de l’Afrique de l’Ouest, le pays est une terre d’exil pour les vêtements qui ne sont plus portés en Occident, afin de les recycler.
Cependant, depuis le début des années 2020, l’irruption de la fast fashion dans l’industrie textile a complètement bouleversé le rythme de production des vêtements. Alors qu’un Français achetait en moyenne 36 vêtements par an en 2013, il en consommerait désormais 48, selon l’institut Hot or Cool, loin de l’objectif de 5 fixé par les accords de Paris.
Au global, le secteur textile émet 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an, selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique. Cela représente 10 % des émissions mondiales, soit plus que les émissions des vols internationaux et du trafic maritime réunis.
« D’ici à 2050, si elle garde le même rythme de surproduction, on estime que l’industrie textile pourrait représenter 26 % des émissions en gaz à effet de serre mondiales », commente Pierre Condamine, chargé de campagne au sein de l’association des Amis de la Terre.
Cette production monstrueuse s’accompagne d’un gaspillage énorme. Chaque jour, 160 tonnes de vêtements sont débarquées sur les côtes ghanéennes, selon The Or Foundation, dont près de 40 % finissent dans la décharge à ciel ouvert de la capitale. Même en créant le plus grand marché de seconde main au monde, il est impossible de redistribuer la totalité des stocks.
Quand ils évitent les décharges, les vêtements sont jetés à la mer ou enfouis dans le sable des plages, relâchant dans l’environnement des microplastiques et des produits chimiques toxiques.
En Asie du Sud, 70 % des tissus synthétiques sont fabriqués à base de pétrole
Ce désastre écologique au Ghana n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans les usines de fabrication basées en Asie du Sud, 70 % des tissus synthétiques sont fabriqués à base de pétrole, toujours selon l’Ademe. Une matière première non renouvelable et qui, à chaque lavage, relâche des microfibres de plastique dans l’environnement.
Chaque année, 240 000 tonnes de microplastique sont déversées dans le monde, soit l’équivalent de 24 milliards de bouteilles en plastique, qui se retrouvent dans les cours d’eau, les océans et, in fine, dans notre assiette. Et c’est sans compter les produits chimiques utilisés lors de la teinture des vêtements qui, d’après l’Ademe, sont responsables de 20 % de la pollution des eaux dans le monde.
Face à la demande toujours grandissante et aux perspectives de profits, les entreprises textiles continuent de prioriser leur productivité à leur écoresponsabilité. « Tout comme le tissu social, l’environnement est devenu une simple variable d’ajustement », déplore Audrey Millet, historienne à l’université d’Oslo. Une course effrénée à l’habillement où la fin semble justifier tous les moyens.
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