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La Banque centrale russe annonce relever son taux directeur à 12% en raison de la chute du rouble.
La Banque centrale russe (BCR) a relevé mardi son taux directeur de 8,5% à 12%, pour contrer la chute du rouble, au plus bas par rapport à l’euro et au dollar depuis mars 2022, et pour freiner l’inflation.
« Cette décision a été prise afin de limiter les risques pesant sur la stabilité des prix », a justifié la BCR dans un communiqué, à l’issue d’une réunion d’urgence de sa direction. Face à « la pression inflationniste (qui) continue d’augmenter » (4,4% au 7 août sur un an), la BCR a ainsi dit considérer nécessaire le relèvement de son taux directeur de 3,5 points de base afin de viser « un retour de l’inflation à 4% en 2024 et sa stabilisation proche de 4% dans le futur ».
Elle a également affirmé se réserver le droit de prendre « de nouvelles décisions » dans les prochaines semaines « en tenant compte de la dynamique de l’inflation réelle » et de « la réaction des marchés financiers ». Les dirigeants de la BCR, qui se refusaient jusqu’à ces derniers jours à toute intervention, se sont ainsi résolus à une hausse du taux directeur, la deuxième en moins d’un mois, après l’avoir relevé de 7,5% à 8,5% le 21 juillet dernier.
« Dans l’intérêt » de la Russie
Cette décision intervient au lendemain de critiques venues directement du Kremlin. Lundi, Maxime Orechkine, le conseiller économique de Vladimir Poutine, avait fustigé « la politique monétaire souple » de la BCR dans une tribune publiée par l’agence de presse d’Etat TASS. Avant de rappeler, comme un avertissement: « Un rouble fort est dans l’intérêt de l’économie russe ».
Depuis plusieurs semaines, la chute libre du rouble s’est inexorablement accompagnée d’un retour de l’inflation, qui s’ajoute au coût croissant du conflit ukrainien, faisant craindre à de nombreux Russes pour leur niveau de vie, déjà entamé par une importante hausse des prix l’an passé, liée à l’impact des sanctions en réponse à l’assaut en Ukraine.
Une des causes principales de la chute de la monnaie nationale est l’état du commerce extérieur. La Russie souffre notamment de la baisse considérable des revenus liés à la vente de ses hydrocarbures, sous l’effet des sanctions et de la détermination des Européens de sortir de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. Selon les chiffres de l’agence Bloomberg, le rouble s’est affaibli depuis le début de l’année de plus de 25% par rapport au dollar et à l’euro.
À la Bourse de Moscou, rassurée par l’annonce de la BCR, il fallait débourser 97,2 roubles pour obtenir un dollar et 106,1 roubles pour un euro à 10h51 locales, après que les seuils de 100 et 110 ont été dépassés respectivement lundi.
Renflouer les caisses de l’État
Pour faire face à la situation qui se dégradait rapidement, la BCR avait déjà annoncé la semaine dernière la suspension jusqu’à la fin de l’année de ses achats de devises étrangères sur le marché national des changes, une mesure toutefois jugée insuffisante par plusieurs observateurs.
L’affaiblissement du rouble permet toutefois à l’Etat russe de renflouer ses caisses, car pour chaque dollar ou euro acquis actuellement, le gouvernement dispose de facto de plus de roubles pour couvrir ses dépenses, en forte hausse du fait du conflit en Ukraine. Poussée à trouver des alternatives au marché financier mondial duquel ses banques ont été largement bannies depuis plus d’un an, la Russie lance par ailleurs mardi un rouble numérique, un moyen, veut-t-elle croire, pour limiter à terme l’impact des restrictions internationales.
S’il ne s’agit à ce stade que d’une phase d’essai, cette monnaie dématérialisée, qui s’appuie sur la technologie du blockchain (qui permet des transactions directes sur un registre décentralisé) et qui sera émise directement par la banque centrale, devrait être étendue à tous les Russes volontaires à partir de 2025.
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