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Publié le 27 déc. 2023 à 17:19Mis à jour le 27 déc. 2023 à 18:04
L’opposition serbe ne désarme pas. La coalition « Serbie contre la violence » a continué, mercredi, de réclamer la tenue d’un nouveau scrutin dans l’ensemble des 8.000 bureaux de vote du territoire, et non dans seulement une trentaine de bureaux, où le pouvoir reconnaît que le déroulement des législatives du 17 décembre a été problématique.
Alléguant des fraudes massives qui expliqueraient l’écart de vingt points entre le parti au pouvoir et l’opposition (46 % des voix contre 23,5 %), « Serbie contre la violence » va donc boycotter ce nouveau scrutin partiel prévu samedi. Elle compte continuer d’organiser des cortèges tous les jours dans Belgrade jusqu’à ce que le gouvernement cède.
Les cortèges demeurent modestes
Le problème est « qu’elle ne rassemble que quelques milliers de manifestants chaque jour, souligne Strahinja Subotic, chercheur au Centre européen de politique (CEP), à Belgrade, bien moins que ce à quoi on aurait pu s’attendre si la démocratie était en danger, peut-être le signe d’une fatigue des opposants ».
L’opposition est longtemps parvenue à monter des défilés rassemblant jusqu’à 60.000 personnes pour protester contre l’abondance des armes à feu après deux carnages sans précédent, dont un dans une école, en mai dernier. Protestations qui avaient poussé le président Aleksandar Vucic à dissoudre le Parlement.
Cette dissolution a toutefois tourné à l’avantage du pouvoir : le parti SNS (droite nationaliste) du chef de l’Etat a remporté les législatives et même obtenu, seul, la majorité absolue, avec 128 députés sur 250, majorité qui lui avait échappé lors du scrutin précédent, en avril dernier. L’opposition met ce succès sur le compte du recours à des Serbes de Bosnie, du Monténégro et de l’ancienne province devenue indépendante du Kosovo, qui auraient été acheminés à Belgrade pour y gonfler le score du SNS.
Grève de la faim
Effectivement, les observateurs internationaux, dont ceux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont fait état d’« irrégularités », d’« achat de voix » et de « bourrage d’urnes ». Berlin a qualifié les allégations rapportées d’inacceptables pour un pays espérant à terme rejoindre l’Union européenne. Ironie du sort, fait valoir Strahinja Subotic, un nouveau scrutin devra vraisemblablement être organisé pour désigner l’exécutif de la municipalité de Belgrade, car aucune majorité claire n’a pu s’y dégager.
Des manifestants de l’opposition ont tenté de pénétrer dimanche soir dans la mairie de Belgrade et brisé des vitres avant d’être repoussés par les policiers anti-émeutes. D’autres ont bloqué des artères de la capitale en demandant une révision des listes électorales. Des députés sont en grève de la faim depuis neuf jours.
Aleksandar Vucic a affirmé avoir des preuves que les manifestations et violences avaient été « fomentées à l’étranger ». Reprenant ainsi le son de cloche de son allié russe, puisque le Kremlin a accusé les pays occidentaux de chercher à déstabiliser la Serbie au prétexte qu’elle serait un pays slave et orthodoxe.
Un jeu d’équilibriste
La Serbie est le seul pays européen à ne pas avoir appliqué de sanctions contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine il y a presque deux ans, même si Vucic continue de prétendre que son pays veut rejoindre l’Union européenne et entretenir de bonnes relations avec les Etats-Unis.
Friand d’investissements étrangers censés servir de levier à son décollage économique, Belgrade lorgne aussi du côté de Pékin, ce qui a contribué à multiplier par quatre les investissements directs étrangers dans son pays depuis son arrivée au pouvoir en 2017, avec un flux annuel de 4 milliards de dollars désormais pour un pays de 10 millions d’habitants.
Afin de calmer le jeu vis-à-vis de l’Union européenne, le pouvoir a lâché du lest en annonçant, mercredi, qu’il allait autoriser « pour des raisons purement pratiques » les voitures munies de plaques d’immatriculation du Kosovo à entrer en Serbie. Belgrade ne reconnaît pas l’indépendance, en 2008, de ce qui était une province depuis mille ans mais peuplée à 90 % de musulmans, indépendance obtenue à la suite d’une intervention militaire de l’Otan en 1999.
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